France Comment l’aristocratie financière utilise la dette pour ponctionner et contrôler l’Etat ? (texte de Karl Marx)

jeudi 5 janvier 2012.
 

« Après la révolution de juillet 1830, (…) Laffitte laissa échapper ce mot  : “Désormais, ce sera le règne des banquiers.” (…) Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais seulement une fraction de celle-ci (…) : l’aristocratie financière. » (Cela ne date donc pas d’hier…)

« Par ses embarras financiers, la monarchie de Juillet fut dès lors dépendante de la grande bourgeoisie, et cette dépendance fut la source inépuisable d’une gêne financière croissante. » (La crise de la dette avant l’heure.)

« Il était impossible de subordonner la gestion de l’État à l’intérêt de la production nationale sans équilibrer le budget (…) Et comment établir cet équilibre (…) sans rejeter une partie considérable du fardeau fiscal sur les épaules de la grande bourgeoise elle-même  ? » (Le bouclier fiscal, déjà  ?)

« Bien mieux, l’endettement de l’État était d’un intérêt direct pour la fraction de la bourgeoisie qui régnait (…). En fait, le déficit de l’État était l’objet même de sa spéculation et la source principale de son enrichissement. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt (…), une nouvelle occasion d’escroquer l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de négocier avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables. » (C’était avant les agences de notation et le triple A.)

« Le déficit de l’État étant d’un intérêt immédiat pour la fraction de la bourgeoisie au pouvoir, on comprend dès lors que les dépenses publiques extraordinaires dans les dernières années du gouvernement de Louis-Philippe aient largement dépassé du double celles sous Napoléon (…). » (C’était combien, déjà, le prix de la suite de Nicolas Sarkozy lors du G20 à Cannes  ?) « Les sommes énormes qui passaient ainsi entre les mains de l’État facilitaient en outre des contrats de livraison frauduleux, la corruption, la concussion, des filouteries de toutes sortes. » (Affaire Takieddine, affaire Bettencourt…)

« Et les fractions de la bourgeoisie française exclues du pouvoir de crier “Corruption  !” (…) La bourgeoisie industrielle voyait ses intérêts menacés, la petite bourgeoisie était moralement indignée (Eh oui, on s’indignait déjà à l’époque…), l’imagination populaire scandalisée, Paris inondé de pamphlets (…) où l’on dénonçait et stigmatisait de façon plus ou moins spirituelle le règne de l’aristocratie financière. »

On sait ce qui s’ensuivit. De mauvaises récoltes et une crise économique aggravée conduisirent à une explosion du nombre de chômeurs et de pauvres, et ce fut alors, à nouveau… la révolution, celle de 1848.


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