Agression policière contre un militant du NPA

jeudi 12 janvier 2012.
 

Notre camarade Denis Godard a été la victime dans la nuit du 5 au 6 janvier d’une agression policière extrêmement violente, qui pourrait avoir des conséquences graves sur sa santé : en compagnie de deux camarades d"Act Up, il était interpellé par la BAC et emmené au commissariat du 3ème arrondissement de Paris pour des motifs futiles, et sans qu’il n’ait à aucun moment résisté à son interpellation.

Prenant prétexte que notre camarade sifflait "l’Internationale" un policier l’a frappé au visage entraînant une fracture du plancher de l’oeil et une ITT de 12 jours selon les urgences médico judiciaires.

Cette affaire est grave.

Si elle débute par un banal contrôle, les coups portés ensuite au commissariat, à froid et pour un prétexte anodin témoignent du climat de totale impunité dans lequel baignent les policiers.

Combien de jeunes, Arabes, Noirs, précaires, de sans-papiers vivent cette violence "ordinaire" dans les commissariats sans moyen de témoigner ? Ces derniers jours la manifestation pour Hakim à Grasse, pour Wissam à Clermont-Ferrand, et le non-lieu requis pour le gendarme qui avait tué un jeune Gitan en juillet 2010 démontrent que l’impunité est le résultat d’une politique d’Etat injuste, liberticide, raciste et finalement criminelle.

Le NPA appelle à une mobilisation d’ensemble contre les violences policières, la fin de l’impunité pour la police et la condamnation immédiate des policiers coupables.

Le 9 janvier 2012

1) Impunité de la police française : rapport d’Amnesty International

Le dernier rapport d’Amnesty International sur les violences policières montre comment les familles de cinq individus morts dans les mains des forces de l’ordre vivent l’impunité de la police.

« Que se serait-il passé si deux vieux de soixante-neuf ans avaient tué une femme flic de moins de trente ans ? En moins de deux ans, l’enquête aurait été menée, les coupables mis en examen, et le procès achevé », lâche, amer, l’avocat de la famille d’Ali Ziri, lors de la présentation hier du rapport d’Amnesty International sur les violences policières en France. Mais aucun policier n’a été à ce jour mis en examen pour la mort de cet Algérien de soixante-neuf ans, étouffé dans un véhicule de police et laissé dans son vomi pendant près d’une heure.

«  Sans justice, notre vie est en suspens  »

Une même impunité a protégé les forces de l’ordre mis en cause dans l’affaire de Mohamed Boukrourou, décédé lors d’une interpellation en 2009 dans le Doubs. Nul renvoi d’uniformes devant la justice concernant le décès de Lamine Dieng, malgré un avis de la commission nationale de la déontologie et de la sécurité évoquant « une contention inadéquate ». Sans l’avis de la CNDS, les policiers de la Bac qui ne se sont pas préoccupés d’Hakim Ajimi resteraient avec le bénéfice d’un non-lieu. Quant au policier qui avait étouffé en 2004 Abou Bakari Tandia, à force de contentions répétées, comme l’affirme un rapport de l’Institut médico-légal, il continuait, en octobre 2011, d’exercer ses fonctions.

C’est le troisième rapport dans lequel Amnesty International réclame des enquêtes exhaustives, impartiales et indépendantes, dans les affaires mettant en cause des agents de la force publique, et non une investigation menée par un service placé sous la hiérarchie directe du premier flic de France. « Depuis ces rapports, cela n’a pas beaucoup évolué, regrette Geneviève Garrigos, présidente d’Amnesty International France. C’est pourquoi il est important de montrer les dégâts que ces injustices peuvent aussi créer sur les familles et sur l’ensemble de la société. »

Des effets dévastateurs

La mort d’Ali Ziri a eu des effets dévastateurs dans une ville de banlieue comme Argenteuil, raconte Mohamed Nemri, membre de l’Association des travailleurs maghrébins de France : « Dans nos collectifs, nous n’avons cessé de prôner le respect des institutions, de dire aux jeunes qu’il existait une large part de policiers faisant bien leur travail. Deux ans et demi après la mort de deux retraités sans problème avec la justice, qu’est ce que vous voulez leur dire  ? »

Abdelkader Boukrourou, frère du Mohamed décédé, était au départ plutôt serein. « Mais plus le temps passe, plus nous sommes révoltés. » Sa sœur Samira renchérit  : « C’est comme si notre vie était en suspens. Il n’est pas normal, aujourd’hui, en France, que l’on se batte pour qu’il y ait justice à propos d’un homme mort dans un fourgon de police. » Ils ont l’impression que leur frère est sali à tout jamais, « parce que les gens se disent qu’il n’y a pas de fumée sans feu ».

Un sentiment d’abandon

Un alertant sur le sentiment d’abandon de ces familles, Amnesty espère peser sur le défenseur des droits pour qu’il mène le même travail d’enquête que la CNDS, aujourd’hui disparue. L’association espère aussi faire pression sur le ministère de l’Intérieur, plus que jamais sourd à la demande d’améliorer la formation des policiers aux formes d’interpellations non dangereuses. Elle exige aussi la publication de statistiques sur le nombre de plaintes enregistrées pour allégations de mort en détention.

Pierre Duquesne, L’Humanité


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