Irak : huit ans de guerre de trop (par Gauche Unitaire)

dimanche 1er janvier 2012.
 

Au 31 décembre 2011, les troupes américaines – à l’exception de quelques dizaines d’instructeurs – auront quitté l’Irak. C’est la fin de huit ans d’une guerre qui a ravagé le pays, fait des centaines de milliers de morts civils, de blessés, d’amputés. Plus de 4000 soldats américains sont morts pendant ce conflit et des dizaines de milliers souffriront des blessures physiques et psychiques. C’est aussi la fin d’un conflit qui aura profondément marqué toute la décennie qui s’est écoulée et qui symbolise les risques et les inconnus d’un système international aujourd’hui en pleine dérive.

De ce point de vue l’année 2011 aura été à plusieurs reprises révélatrice de l’affaiblissement de la puissance américaine – encore hégémonique aujourd’hui – mais dont l’influence est remise en cause. En Irak d’abord où la volonté du président Obama de maintenir plusieurs dizaines de milliers de soldats de façon permanente aura été refusé par le gouvernement irakien. Ce dernier refusant à juste titre l’immunité que réclamait l’armée américaine, qui aurait permis à celle-ci de ne jamais être traduite devant des tribunaux irakiens, quels que soient les actes commis. En Afghanistan ensuite, où le calendrier de retrait des troupes US a été avancé à l’année 2014, sous la pression de l’opposition croissante du peuple américain.

L’influence impériale des Etats Unis a également été frappée de plein fouet par l’essor des révolutions arabes qui ont balayé des tyrans, comme Ben Ali en Tunisie et surtout Moubarak en Égypte, qui constituaient des alliés stratégiques pour maintenir l’influence américaine dans le monde arabe. Mais malgré les échecs cinglants et meurtriers des interventions militaires en Irak ou en Afghanistan, force est de constater que le bilan de ces aventures guerrières est loin d’avoir été tiré. Ainsi, les puissances occidentales avec la France, l’Angleterre et les Etats Unis en tête n’ont pas hésité, pour réaffirmer leur domination dans la région, à se lancer au printemps dernier dans une aventure militaire contre le régime dictatorial de Kadhafi qu’ils avaient eux-mêmes réhabilité.

Et malgré le désastre économique dans lequel les Etats unis sont plongés depuis 2008, leurs prétentions impériales n’ont pas disparu. Au contraire, le président Obama a depuis le début de l’année 2010 opéré un recentrage stratégique vers l’Asie, pour réaffirmer la domination américaine face à l’influence montante de la Chine. Le gouvernement américain prétend ainsi s’immiscer dans les contentieux territoriaux qui opposent plusieurs Etats dont le Viet Nam, les Philippines et la Chine sur la possession d’ilots en Mer de Chine. Plus des deux tiers des Marines américains sont aujourd’hui stationnés en Asie, notamment au Japon et en Corée du Sud. Comme si cela ne suffisait pas, le 16 novembre 2011, Hillary Clinton a annoncé la mise en place d’une nouvelle base militaire au nord de l’Australie pour renforcer la présence américaine et ses capacités d’action dans cette région. Ce qui peut entraîner une surenchère et accélérer la militarisation de la région.

Plus que jamais, le combat pour la paix constitue un enjeu décisif des prochaines années.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message