Les Molex répondent à Estrosi qui les a mis en cause (lettre ouverte)

lundi 2 janvier 2012.
 

Lors du débat (sur BFM TV) que vous avez animé le dimanche 18 décembre 2011, mettant en présence Jean-Luc Mélenchon et M. Estrosi, l’affaire Molex a été évoquée et nous avons été stupéfaits d’entendre M. Estrosi réécrire l’histoire, mettant en cause les salariés et les organisations syndicales locales qui se seraient, selon lui, jetées sur les indemnités de licenciement extralégales, à un moment où, toujours d’après lui, il eût été possible d’arracher d’avantage de choses à Molex. Et de mettre en cause plus précisément la CGT, au travers du secrétaire du CE, en lui reprochant d’être aujourd’hui conseiller régional, jetant ainsi un doute sur son intégrité et sa loyauté dans la lutte pour leur emploi menée par les salariés, et oubliant la condamnation à six mois de prison de deux dirigeants de Molex pour un délit d’entrave aux prérogatives du CE.

M. Estrosi a, par ailleurs, montré sa totale ignorance sur la situation de l’entité VMI (Villemur Industrie) restée en activité sur le site, en avançant des chiffres tirés d’on ne sait quel chapeau, mais qui laissent perplexe quand, en plus, il prétend connaître le dossier par cœur, selon ses propres paroles. Ce qui nous fait douter de son sérieux à traiter le dossier.

Face à ces propos fallacieux concernant VMI et aux accusations scandaleuses portées à l’encontre des représentants du personnel, notamment CGT, qui sont pour nous une insulte adressée à tous les salariés qui se sont battus pour sauvegarder non seulement leur travail, mais aussi l’avenir d’un bassin d’emploi déjà durement touché par le chômage, la CGT souhaite apporter les rectifications suivantes.

Concernant VMI, ce ne sont pas 65 salariés qui y sont employés aujourd’hui, mais seulement 51, dont 46 anciens ouvriers de Molex, nous rappelons que M. Estrosi en avait promis 200 à la fin de l’année 2011 (…).

Le site de Villemur au moment de l’annonce comptait non pas 170 salariés mais 316. 140 d’entre eux n’ont toujours pas retrouvé de travail et ils ont donc la « chance » de pouvoir bénéficier des mesures restrictives du chômage mises en place par le gouvernement actuel. Quant aux autres, ils ont pour la plupart subi plus de 30% de perte de salaire ainsi qu’une désorganisation totale de leur vie sociale.

En ce qui concerne la fermeture du site, durant tout le temps des négociations (…) les organisations syndicales ont été soigneusement écartées des discussions. Dans ce même temps, le médiateur était nommé et mettait tout en œuvre, sur ordre du gouvernement, pour entraîner les salariés et leurs représentants vers la porte de sortie et leur faire accepter le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Chose que nous n’avons jamais acceptée  : le meilleur PSE pour nous étant de garder notre emploi.

Lorsque nous nous sommes retrouvés « autour de la table », comme le dit M. Estrosi, nous n’avons pas le souvenir d’avoir entendu une seule organisation syndicale dire préférer les indemnités à la proposition faite ce jour-là. Nous nous souvenons en revanche avoir été mis devant le fait accompli d’une reprise d’activité par un fonds de pension américain (HIG) concernant une quinzaine de personnes au sein d’une société nouvellement créée, VMI. Proposition rejetée en bloc mais que M. Estrosi a accompagnée du chantage  : « C’est ça ou rien  ! » Ce chantage est inscrit en toutes lettres dans le protocole d’accord général du 14 septembre 2009, paraphé par Mme Lagarde et M. Estrosi. Nous sommes étonnés que ce dernier n’en ait pas fait mention lors du débat. M.Estrosi a déclaré qu’il souhaitait que le liquidateur judiciaire intente des poursuites juridiques à l’encontre du groupe Molex  : les salariés injustement privés de leur emploi attendent toujours du concret et pas du cinéma.

Il n’en reste pas moins que les « délégués » incriminés par M. Estrosi n’ont toujours pas perçu la totalité de leur indemnité de licenciement. Et s’il reste aujourd’hui une activité sur le site de Villemur, c’est bien grâce à la détermination des ouvriers et des délégués.

Si les salariés ont demandé, par vote, au CE de rendre l’avis tant attendu par la direction et le gouvernement, c’est usés physiquement et psychologiquement par de longs mois de lutte, par les pressions et les provocations constantes exercées par la direction, notamment en ne respectant aucune décision de justice, par la désagréable impression d’être baladés par M. Estrosi et le médiateur qui nous ont semblé être à la botte de la direction américaine –pour preuve, l’épisode des gardes du corps et des avocats de Molex faisant la loi dans l’enceinte de la préfecture de la Haute-Garonne en imposant leurs exigences, notamment l’éviction du cabinet Syndex, conseil économique du CE, de la salle de réunion.

Quant à l’accusation diffamatoire portée envers un délégué CGT, secrétaire du CE, aujourd’hui conseiller régional de Midi-Pyrénées dans le groupe de Martin Malvy (PS), accusé d’avoir exploité les salariés « parce qu’il était un homme politique engagé » (selon M. Estrosi), alors qu’il n’a jamais été connu dans et hors entreprise pour avoir un engagement politique, elle est parfaitement scandaleuse et indigne d’un ancien ministre de la République.

Elle est malheureusement le reflet de ces hommes politiques qui, à court d’argument, n’ont d’autre ressource que de s’en prendre à l’individu.


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