Jean-Luc Mélenchon, le candidat rouge... et vert !

vendredi 9 mars 2012.
 

Samedi 28 janvier, Jean-Luc Mélenchon était invité au congrès de France Nature Environnement pour une intervention en tant que candidat à l’élection présidentielle. Rarement présenté comme tel, Jean-Luc Mélenchon défend pourtant un projet écologiste sans précédent à gauche.

S’il appartient à une tradition politique qui a mis du temps à s’emparer de l’écologie, le candidat du Front de Gauche ne fut pas le dernier, de loin, à s’y intéresser. En 1992, au congrès de Bordeaux du Parti Socialiste, il signe le seul texte traitant d’un sujet alors peu abordé, le développement durable. Ministre délégué à l’enseignement professionnel de 2000 à 2002, il introduit dans les diplômes professionnels la nécessité de prendre en compte les hautes valeurs environnementales et écologiques.

Sa curiosité intellectuelle combinée à ses analyses marxistes lui permettent de mieux appréhender les questions de l’environnement et de la nature, sans tomber dans le flou idéologique qu’inspire la nouvelle mode écolo des années 2000. Le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, l’épuisement rapide des ressources naturelles ne sont pas des catastrophes d’origine naturelle, mais le résultat des logiques capitalistes du profit maximal à court terme. Alors que certains courants de l’écologie en France remettent en cause le progrès scientifique et se laissent aller à des dérives aux accents parfois millénaristes, Jean-Luc Mélenchon inscrit l’écologie au cœur de son combat pour le socialisme et la République.

Le Parti de Gauche qu’il co-fonde en février 2009 donne la part belle à l’écologie. Passée par le mouvement Utopia, Corinne Morel-Darleux est élue secrétaire national à l’écologie. En juin de la même, la députée de Paris Martine Billard et plusieurs centaines de militants écologistes quittent les Verts pour rejoindre le PG. Sur les drapeaux partisans, le vert rencontre le rouge. Gaz de schiste, défense d’une gestion publique de l’eau aux côtés de feu Danielle Mitterrand, mobilisations contre l’aéroport de Notre-Dames-des-Landes, scénario Négawatt ; au parlement comme dans la rue, le PG participe aux luttes de l’écologie politique.

Moratoire sur toutes les politiques de déréglementation de l’énergie, abrogation de la loi NOME, gestion publique de l’eau et de l’assainissement, création d’un pôle 100% public de l’énergie, développement du transport ferroviaire et fluvial, lancement d’un réseau de géothermie profonde... La planification écologique est l’un des principaux chapitres du programme présidentiel du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon. "Nous proposons la planification écologique comme moyen de redéfinir nos modes de production, de consommation et d’échange en fonction de l’intérêt general de l’humanité et de l’impact de l’activité économique sur l’écosystème". On est bien loin du "capitalisme vert" du Grenelle de l’environnement prôné par Nicolas Sarkozy et Daniel Cohn-Bendit.

Au coeur de cette planification écologique, la question du nucléaire est posée. Jean-Luc Mélenchon s’est prononcé publiquement pour en sortir. Au sein du Front de Gauche, les avis sont partagés. Les communistes sont majoritairement pour le maintien d’un nucléaire sécurisé et public. La proposition retenue par le Front de Gauche est l’organisation d’un référendum national : l’occasion de pouvoir enfin débattre en France du nucléaire. Car on connaît la puissance du lobbying d’EDF et d’Areva, il s’est manifesté récemment lors des négociations entre le PS et Europe Ecologie. Pouvoir lancer un grand débat public serait une première victoire pour les partisans d’une sortie du nucléaire. Avec le Front de Gauche, ce sont les français qui trancheront.

De nombreux déçus d’Europe Ecologie ne se sont pas d’ailleurs pas trompés, en rejoignant les rangs du Front de Gauche. La comédienne Anémone, historiquement engagée dans la lutte pour l’écologie a récemment apporté son soutien à Jean-Luc Mélenchon. Sur le Net, on remarque dans ses discours la place importante prise par l’écologie tandis que certains commentateurs parlent d’une "mélenchonisation" de la campagne d’Eva Joly. Ces derniers mois, il intervient à plusieurs reprises dans des réunions publiques comme en novembre dernier au salon Marjolaine sur le scénario Négawatt ou en décembre à l’ENS Ulm sur les risques de la crise environnementale.

Dans la préface de l’ouvrage de Corinne Morel Darleux L’écologie, un combat pour l’émancipation, Jean-Luc Mélenchon présentait ainsi sa démarche : "il n’y aura pas d’issue à la crise écologique actuelle sans rupture avec le capitalisme (...) La catastrophe écologique précipitée par le capitalisme met en effet à l’ordre du jour la défense d’un intérêt général humain qui a rarement été autant tangible dans l’histoire. Porté à plein régime, le combat écologique est un puissant outil de contestation de l’ordre établi et d’invention d’une autre société. En ce sens il est aussi une invitation à réinventer la gauche."

Paul Degruelle


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