Marine Le Pen Un projet semi-dément ou totalement dingue ?

dimanche 26 février 2012.
 

La gauche officielle est trop souvent intimidée quand Mme Le Pen aboie. Elle craint d’indisposer. Car si depuis peu, plusieurs journalistes en vue comme Lapix ou Cohen ne se laissent pas promener et interrogent clairement et nettement sur les contenus, ils sont encore hélas l’exception de la résistance intellectuelle raisonnée. La bonne presse m’a déjà demandé si je ne « regrettais pas » d’avoir traité madame Le Pen de semi-démente. Ces gens raisonnables qui lui tendent les micros et lui accordent des « unes » à répétition voudrait bien me voir m’excuser auprès de l’extrême-droite. Cela les amuserait tant pour dégoiser dans leurs dîners en ville. Comme d’habitude l’exercice est programmé. Plutôt que de retranscrire mon argumentaire contre Le Pen présenté pendant vingt minutes de meeting, les très intelligents ont juste relevé un mot repris en boucle ensuite par tous les moutons du troupeau médiatique. La deuxième couche de perversité vient ensuite. Ils regrettent que j’en « reste aux insultes » et prennent des pauses intelligentes pour le dénoncer. En fait ils agissent en flancs-gardes de Le Pen. D’après moi, ce comportement s’explique bien sûr d’abord par la paresse et le goût des petites phrases qui évitent d’avoir à travailler. Mais il est impossible de ne pas se demander si ceux qui font cela n’ont pas une accointance avec la Le Pen. Laquelle ? Evidemment la volonté de la complaisance pour ses discours contre les arabes. Ainsi dans le portrait de madame Le Pen présenté dans « Télérama », sous la plume quasi amoureuse de madame Angot, on peut lire qu’on la croyait antisémite et on lui fait répondre qu’elle est seulement « anti-arabe ». Rien de grave donc ? Les parfumés n’ont aucune conscience. Ce sont les muscadins et les merveilleuses de notre temps. Les sociaux-démocrates ne valent pas mieux. Ils n’osent plus parler d’immigration. Il est vrai que toute la bien-pensance aime mieux regarder ailleurs quand il en est question. Surtout depuis que des gens dorment dehors en bas de chez Marie Jacinthe et Jean Patou : ça fait mauvais genre à la revente ! Mais est-ce que ça ne prouve pas qu’on n’est plus « en état d’accueillir toute la misère du monde ».

Pour ma part j’assume publiquement et très tranquillement mon dégoût de principe contre la xénophobie. J’assume la dénonciation de l’absurdité du discours de haine contre l’immigration. Et même mieux : je voudrais bien « faire France de tout bois » comme je l’ai déjà proclamé à plusieurs reprises. C’est-à-dire que je suis un ardent partisan de la naturalisation des étrangers qui vivent en France et surtout de leurs enfants nés et éduqués sur notre sol. Je m’oppose donc frontalement à l’idée que l’immigration soit un problème en France. Je le fais avec des arguments rationnels. Et j’affirme que Madame Le Pen raconte n’importe quoi sur ce sujet. Je vous propose quelques arguments. Faisons le point.

Madame Le Pen parle d’« immigration massive et incontrôlée » qui « déstabilise massivement notre système de protection sociale ». Elle ment : l’immigration c’est 5 % de la population en France. Elle dit que les immigrés coûtent 70 milliards par an à la France. Elle ment. Les chiffres sont clairs : les immigrés reçoivent chaque année pour 48 milliards de prestations mais ils reversent pour 60 milliards de cotisations et impôts. Ils donnent donc 12 milliards de plus par an qu’ils ne reçoivent ! Si l’on régularisait les sans-papiers, le déficit de la Sécu reculerait. 100 000 travailleurs sans-papiers régularisés, c’est 280 millions d’euros de cotisations pour la Sécurité sociale !

La candidate de l’extrême-droite demande « l’expulsion immédiate » de ceux qu’elle appelle "les clandestins". Elle en compte 400 000. Sans dire d’où elle sort ce chiffre à propos d’une population par définition inconnue. Quoiqu’il en soit, elle ment. Pour expulser 400 000 personnes, il faudrait d’abord un délai d’exécution qui rend impossible sa commande d’expulser « tous les clandestins tout de suite ». Il faudrait 15 ans si l’on en reste au niveau actuel d’expulsions de 25 000 expulsions déjà réalisées par une méthode spécialement violente et inquisitoriale. Pour l’humour noir, notons que cela revient à remplir 3 000 Airbus A320. Ils n’existent pas. Il faudra donc faire des navettes. Et supposer que tous ces gens iraient bien tous au même endroit. Le coût aussi représente une somme extravagante. Aujourd’hui il en coûte 25 000 euros par personne expulsée pour surveiller, traquer, arrêter, retenir et expulser. Donc « l’expulsion immédiate de tous les clandestins » coûterait 10 milliards d’euros de dépenses. C’est aujourd’hui le montant total du budget annuel de la police nationale ! Un projet semi-dément ou totalement dingue ?


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