Hollande : De l’eau tiède à la douche froide

vendredi 10 février 2012.
 

Ma semaine a été d’autant plus dense qu’en plus de mon programme de travail, je devais avoir un œil sur le déroulement de l’entrée en campagne de François Hollande. Quelques-uns de mes amis s’inquiétaient de la « concurrence à gauche » que pourrait créer la musique du discours du « prochain président ». Pas moi. Toute musique de gauche nous désenclave, vulgarise notre vocabulaire et donc élargit notre espace. La bataille en cours n’est pas un congrès du PS avec ses jeux de rôles. « L’opinion » n’a cure des étiquettes. Et les ruses de couloirs ne lui sont pas perceptibles. Elle se construit sur la perception du caractère et sur les propositions concrètes. Une campagne de cette nature pousse tout le monde au bout de sa logique. Hollande y viendra comme les autres. C’est affaire de délais. Sitôt que Hollande a fait des moulinets contre « la finance », il a lui-même organisé le terrain de la comparaison entre les programmes de lutte contre elle. Le reste est à l’avenant.

La laïcité par exemple ! Les grandes envolées ont déjà produit une demande telle qu’il a dû aussitôt rabattre. Ce n’est pas l’article II de la loi de 1905 qui sera introduit dans la Constitution. Donc pas celui qui constitutionnaliserait vraiment l’idée que contient cet article, la République « ne reconnaît ni ne finance aucun culte ». Au contraire. Il s’agit de l’article I qui ne dit rien de plus que ce que dit déjà la Constitution. Mais on y ajouterait la reconnaissance du régime d’exception qu’est le concordat d’Alsace-Moselle ! Voter Hollande c’est voter pour le concordat. Il fallait l’imaginer ! Cela va se savoir bientôt. Notamment parce que je viens de le dire ici sur ce blog. En agissant comme il l’a fait, Hollande crée un problème comparable à ce que produirait pour un croyant la décision de mettre dans le Constitution la formule « Dieu n’existe pas ». Il ne peut pas ne pas le savoir, si faible que soit sa culture laïque. C’est donc volontairement qu’il nous met au pied du mur : non seulement nous devons voter pour lui sans discussion du programme mais de plus nous devons nous renier.

Cet exemple n’est pas isolé du tout. La musique du Bourget est un leurre. Elle ne pouvait nous inquiéter. Le fond est obligé de remonter à la surface. Comme nous, nous savons ce qu’il en est quant à ce fond, la suite nous était connue. Dès le jeudi, à son émission sur France 2, il en a rabattu sur tous les plans. Cette marche arrière aurait pu faire un coup de douche froide qui abassourdisse toute la gauche et nous ramène dans les miasmes de la reculade et du vote utile. Grâce soit rendue à Alain Juppé, mauvais comme un cochon. En le pliant en quatre, Hollande a pu masquer tout le côté désespérant de ce qu’il disait par ailleurs. Résumé : nous progressons quand la gauche progresse dans son ensemble. La question du leadership ne peut venir que si, pendant que nous avançons, Hollande ne recule pas au point de nous voir resservir le mortifère vote utile. Patience donc, et travail de terrain pour gagner de l’influence et faire reculer celle du meilleur carburant du vote utile : la dame Le Pen !


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