Samedi 13 janvier à Firmi (Aveyron) : Bernard Defaix président de la Convergence nationale pour les Services Publics sera présent

mercredi 10 janvier 2007.
 

Le collectif creusois pour la défense des services publics dont Bernard Defaix est l’animateur avait lancé "l’appel de Guéret" au soir de la manifestation du 13 novembre 2004. De cette manifestation est issue une fédération nationale qui a organisé débats, manifestations et soutien à des luttes depuis deux ans.

Ci-dessous l’excellente intervention de Bernard Defaix à la fin de la manifestation nationale pour les services publics à Paris.

Cher(e)s Ami(e)s cher(e)s Camarades,

Nous sommes venus manifester Tous Ensemble à Paris pour une grande cause pas seulement française mais européenne et mondiale : celle des Services Publics.

Il doit être clair que l’action que nous avons voulu initier en Creuse en Octobre 2004 n’est pas seulement un combat des secteurs publics, c’est plus largement un combat affirmant un choix de société, à l’opposé de celui qui se propose de livrer aux intérêts privés la totalité des activités humaines et d’assujettir celles-ci aux critères de la rentabilité financière.

Nous voulons des Services Publics de qualité partout et pour tous parce qu’ils sont d’une nécessité absolue au regard de la satisfaction des besoins essentiels des populations et de l’exercice de leurs droits fondamentaux.

Le premier de nos buts c’est de convaincre que la question des Services Publics est une question qui concerne la totalité des citoyennes et citoyens, travailleuses et travailleurs dans le Privé comme dans le Public et que nous sommes là en plein cœur de l’exigence du droit à la dignité et au respect de la personne.

Ce droit à la dignité, c’est-à-dire concrètement le pouvoir d’accéder à des services essentiels, est une exigence des habitants des banlieues comme du monde rural, tout simplement parce qu’ils n’acceptent pas d’être traités en citoyennes et citoyens de seconde zone ou de 3e et 4e génération.

Nous voulons des Services Publics de qualité parce que nous ne voulons pas d’une société où la satisfaction des besoins passe d’abord par la question de savoir à quelle hauteur vont se situer les dividendes des actionnaires. Pouvoir s’éduquer et se former ne doit pas être une question de fric. Pouvoir se soigner ne doit pas être une question de fric, pas plus que se loger décemment et accéder à l’eau, à l’énergie et à bien d’autres besoins essentiels.

Lorsque les populations ont le sentiment d’être niées dans leurs droits, lorsque le sentiment de l’humiliation et de la frustration l’emporte, alors la violence éclate. Qu’un retour au calme s’impose, c’est clair, que les destructions des biens comme les agressions sur les personnes cessent, c’est une obligation, mais que cessent aussi les provocations racistes, les gesticulations policières et politiques qui bafouent les droits élémentaires et le respect de la dignité humaine. Les arguments xénophobes, génétiques, pseudo culturels, ça suffit ! Il faut une politique sociale dans laquelle l’emploi et le développement des Services Publics de proximité soient des impératifs majeurs.

La mise en œuvre, à l’échelle mondiale, de politiques qui visent à livrer l’ensemble des activités humaines à des intérêts privés aboutit partout au développement des inégalités, à des abandons progressifs de populations, qu’elles soient urbaines ou rurales. Quels que soient les pays où elles s’appliquent, les conséquences en matière d’emploi, de solidarité, de justice sociale, d’environnement en sont désastreuses.

Notre message est bien celui-là, avec ses deux aspects complémentaires :

1) On ne luttera pas efficacement contre de telles orientations si on ne place pas au cœur des luttes revendicatives, à côté de l’emploi et des salaires, la nécessité de reconquérir les grands services publics, de les élargir à des secteurs tels que l’eau, le logement, de les mettre en mesure de mieux répondre à des besoins nouveaux, de les démocratiser.

2) Les Services Publics ce n’est pas seulement l’affaire des fonctionnaires et les défendre c’est défendre le bien commun, au nom de l’intérêt général et des valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité.

En ce sens l’activité de la Fédération est éminemment politique et citoyenne et en même temps résolument non partisane. Inlassablement elle œuvre et œuvrera pour la construction et le développement de dynamiques unitaires avec pour seul critère d’appartenance la cohérence des paroles et des actes en faveur des Services Publics et de leur maîtrise publique. Il nous faut absolument ces dynamiques unitaires si nous ne voulons pas perdre un à un nos services publics ! Rester dans son « pré carré » c’est cultiver l’impuissance. Mais accompagner les directions des Établissements et Entreprises Publics dans leur stratégie actuelle de privatisation rampante, de mise en concurrence, de précarisation des salarié(e)s, de croissance des profits par davantage d’exploitation, avec l’idée qu’on peut sauver quelques miettes, c’est aussi une impasse. Nous attachons une importance extrême au dialogue avec les élu(e)s comme avec les forces syndicales et la fausse décentralisation que le gouvernement Raffarin a mise en place est un des instruments majeurs de la libéralisation sauvage de la société française à laquelle le pouvoir entend procéder.

Nous avons choisi la date du 19 Novembre pour cette manifestation parce que les 22, 23 et 24 Novembre se tient le Congrès de l’Association des Maires de France et qu’il y a juste un peu plus d’un an, 263 élus de Creuse déposaient symboliquement devant le Préfet leur démission. Ils n’avaient d’ailleurs pas le monopole de la protestation vis-à-vis du mépris dont peuvent parfois faire preuve les Directions des Services de l’État vis-à-vis des Élus locaux. Aujourd’hui le gouvernement courtise ces élus et le mouvement qui se développe sur les Services Publics l’amène d’une part à leur donner de plus en plus de responsabilités, de compétences et à leur faire accepter le principe du désengagement de l’État par des aides à la mise en place de « produits de substitution » dont à court terme les contribuables assumeront le coût au travers des impôts locaux. Nous avons la conviction absolue que là encore, c’est grâce à des dynamiques unitaires Élus, population, salariés qu’on évitera que les élus se trouvent enfermés dans le rôle de défenseurs du « mieux que rien » et du « moins pire » et ne soient pas en recul dans les exigences de qualité pour les Services Publics.

Nous allons grandir, c’est une évidence ! grandir dans notre lutte contre la casse programmée des Services, grandir dans notre action pour mieux définir les Services Publics que nous voulons y compris à l’échelle européenne, grandir parce que le 19 Novembre n’était pour nous qu’une étape, la première sortie publique de la Fédération et que l’exigence de Convergences dont nous sommes porteurs est de mieux en mieux entendue. A nous d’en défendre, avec vigilance et détermination la logique. Cette logique faite d’indépendance, d’écoute de tous et de respect de l’engagement de chacun nous impose d’ailleurs de ne pas définir seuls les perspectives de notre action. D’autant que l’urgence sociale dans laquelle nous nous trouvons impose l’existence de dynamiques unitaires d’envergure dans lesquelles nous entendons bien voir inscrits les Services Publics mais dont la mise en œuvre nous dépasse largement.

Rappelons cependant que nous avons initié une démarche d’intérêt général et de citoyenneté dont la validité devrait être mieux marquée dans le mouvement social et les actions revendicatives.

Dans les jours à venir, nous avons toutes et tous à assumer deux tâches essentielles et inséparables, d’une part participer à toutes les batailles qui se mènent pour garder un caractère 100% public à EDF, à l’Education Nationale, à la SNCF et à bien d’autres services dont le caractère public a clairement reculé comme dans la Santé, et aussi pour les élargir à d’autres domaines comme l’eau et le logement ; d’autre part montrer que c’est partout la même logique que nous affrontons ! Une logique que les stars et les prestidigitateurs au pouvoir qui s’agitent quotidiennement sur la scène politico-médiatique sont chargés d’habiller superbement ! Une logique qui brime les besoins populaires, ne cesse de mettre en concurrence, de précariser et d’appauvrir la majorité des gens, prône dans les faits l’égoïsme, le cynisme avec au bout du compte un accroissement des inégalités, une atmosphère d’inquiétude et d’insécurité sociale propice à l’autoritarisme et à la démagogie sur l’ordre.

Si la revendication sociale se pose de plus en plus aujourd’hui en terme de choix de société, de bien public et de droits démocratiques pour maîtriser les dynamiques économiques territoriales c’est bien parce que sur le terrain tous les jours on mesure que laisser l’organisation des choses aux seuls intérêts privés et à la sacro-sainte rentabilité financière, dans la durée ça ne marche pas !

Le combat continue pour, avec les Convergences, résister à la casse des Services Publics, les reconquérir et les démocratiser.

A toutes et à tous bon courage et à bientôt !

Bernard Defaix


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