Grèce : 160.000 manifestants contre le plan de rigueur ce 12 février

jeudi 23 février 2012.
 

La loi d’austérité prévoyant 3,3 milliards "d’économies", essentiellement en baisse des salaires et retraites, a été votée cette nuit par le Parlement grec. Selon différentes sources, il y aurait au moins 50 blessés à Athènes parmi les manifestants et près de vingt immeubles en feu.

Lien vers des articles très récents mis en ligne sur notre site :

Crise humanitaire sans précèdent en Grèce

"Memorandum 2" pour la Grèce : Un accord scandaleux de destruction sociale (Parti de la Gauche européenne)

0) Solidarité avec le peuple grec

A l’initiative du Parti de Gauche, un appel à un rassemblement de solidarité avec le peuple grec a été adressé dans l’urgence à toutes les forces de gauche dans la nuit. Rendez-vous ce soir, lundi 13 février à 18h30, métro Kléber, à proximité de l’ambassade grecque et du bureau du FMI à Paris, Place d’Uruguay (angle avenue d’Iena et rue Auguste Vaquerie – Paris 16).

SOLIDARITE AVEC LE PEUPLE GREC

Dimanche le peuple grec a dit non à la soumission de la majorité de ses députés au diktat des marchés. Il dit non à un plan d’austérité imposé par le FMI et l’union européenne qui finirait de l’étrangler. Il crie "résistance" en son nom mais aussi en celui de tous les peuples européens

qui sont victime du système financier. Il lutte pour nous tous. Nous appelons toutes les forces de gauche et plus largement tous les progressistes à lui apporter leur solidarité lundi à 18h30 à proximité de l’ambassade grecque et du bureau du FMI à Paris, Place d’Uruguay (angle avenue d’Iena et rue Auguste Vaquerie – Paris 16)

Premiers signataires à 9h30 (cette liste sera réactualisée) :

- Alternatifs

- Front de Gauche - Parti de Gauche, PCF, Convergences & Alternative, FASE, Gauche Unitaire, République & Socialisme, PCOF

- M’PEP

- MRC

- NPA

- ATTAC

1) Quelques mesures du 7ème plan colonial de rigueur imposé par le FMI, le grand capital, Merkel et Sarkozy

1) suppression des conventions collectives, tout le monde à la même enseigne, élargissement de la dérégulation, emploi à temps partiel, conditions d’embauche spéciales pour les - de 25 ans (voir + bas)

2) baisse de 22% du salaire minimum (le portant à 600 euros bruts ; soit env. 480 nets) cela influe sur TOUTES les primes (enfants, mariage, diplômes...) qui s’ajoutent éventuellement au salaire de base et sont calculées à partir du salaire min.

3) 10% de baisse en plus pour les - de 25 ans (donc salaire de base à 527 euros bruts pour eux, moins de 400 euros net, à condition bien sûr de travailler à plein temps).

4) gel du salaire minimum pour 3 ans (jusqu’en 2015)

5) gel des primes à l’ancienneté tant que le chômage ne sera pas à moins de 10% (les calendes grecques, quoi)

6) baisse de 2% des cotisations sociales en 2012, et de 13% en 2013

7) baisse des grilles des salaires dans la fonction publique (et bien sûr ce n’est pas la première)

8) baisse de 15% des retraites complémentaires (pour toutes les retraites complémentaires, quel que soit le montant total perçu par les retraités)

9) la question des retraites principales reste ouverte

10) baisse de 15% des retraites principales à DEI (équivalent d’EDF), OTE (le téléphone) et dans les banques nationalisées ou semi

11) suppression directe de 15.000 postes dans la fonction publique, et de 150.000 (par non reconduction de postes après retraites, etc...) d’ici 2015.

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2) Merkel Sarkozy Barroso devraient mourir de honte !

Athènes brûle. Pour la première fois est apparue au cœur de l’Europe, dans les villes et les campagnes grecques, l’ancestrale malédiction de l’humanité  : la famine. Tous les mornes dignitaires de l’Europe, de Bruxelles à Strasbourg, tous les banquiers et les financiers, tous les chefs, sous-chefs et chefaillons des institutions monétaires de toutes sortes, tous les maréchaux des États, des Parlements, des cénacles officiels, tous les patrons, géants, moyens ou autres, tous les leaders politiques, de quelque couleur qu’ils soient, tous, qui ont mis la main à la pâte du désastre grec, devraient en mourir de honte.

Plus tard, les historiens en resteront babas  : les enquêtes sur place des grands quotidiens, dont le nôtre (« Les Grecs passés à l’essoreuse »), Libération (« On n’avait pas vu ça en Grèce depuis l’Occupation »), et même le très sarkozyste Figaro (« Grèce  : la descente aux enfers »), ont révélé à leurs lecteurs l’ampleur du gouffre dans lequel est poussé le peuple grec. La litanie de ce malheur est contenue tout entière dans ces quelques phrases d’un observateur athénien  : « Tout s’écroule. Nous vivons sous une dictature économique. La Grèce est le laboratoire où l’on teste la résistance des peuples. Après nous ce sera le tour des autres pays d’Europe. » Le pronostic ne nous échappe pas…

Une majorité de députés grecs ont voté dimanche soir la nouvelle phase de la punition du peuple  : le retour à une sorte d’âge de pierre moderne. L’Allemagne est à la tête de la cohorte de punisseurs  : on a même entendu le ministre allemand des Finances, le « Gauleiter » Wolfgang Schäuble, annoncer que « les promesses de la Grèce ne nous suffisent plus ». Mme Merkel supervise le travail, flanquée de Mme Lagarde du Fonds monétaire international, de l’ineffable M. Barroso, chef de la Commission européenne, et du patron de la Banque centrale européenne. Des noms, me suggèrent mes voix intérieures. En voilà, il y en aura d’autres  ! Après tout, nous n’avons plus à prendre de gants quand toute une indignité est en marche contre un peuple frère… Dans le centre d’Athènes, des manifestants ont effacé le mot « Grèce » de la façade d’un bâtiment bancaire, pour le remplacer par « Berlin »…

Le peuple grec a été pris en tenaille entre la tête de l’État pourrie jusqu’à l’os depuis des décennies par des dirigeants cyniques et le capital, qui a pris en partie la poudre d’escampette (200 milliards des gros possédants grecs ont filé dans les « paradis », proches de nos frontières françaises…). Au cours du mois de janvier, la Banque centrale européenne a mis 500 milliards (oui, 500…) à la disposition des banques… À quel taux  ? À 2 %  ? Non, vous n’y êtes pas. À 1%. Tout est dit. Et rien pour la Grèce.

À Paris le premier ministre, présent dans les colonnes du Monde, regarde ailleurs  : la Grèce, connais pas. Le président de la République s’en lave les mains, comme Pilate  : il court après Merkel. Quant à François Hollande, votera-t-il avec ses amis à l’Assemblée dans quelques jours, le funeste MSE ou mécanisme européen de stabilité  ?

« La Grèce, pour nous autres de France, depuis cent cinquante ans, nous fait battre le cœur », écrivait Aragon. Il bat toujours.

3) Témoignage d’une Française vivant en Grèce depuis 20 ans

Les enfants font cours dans des écoles sans chauffage.

Pour faire des examens à l’hôpital, il faut avancer les frais (et être remboursé à 70%, si la caisse de Sécu existe encore à la date du remboursement...)

Comme impôt ... on nous fait une ponction à la source sur nos salaires.

Mon dernier salaire (janvier, sans la ponction automatique d’environ 30euros pour impôts, et avant les baisses annoncées aujourd’hui) était de 758 euros. Byzance, quoi.

Mon loyer est de 320 euros, le fuel est à 1,06 euros le litre, l’essence à 1.69 (dans le meilleur des cas), le pain à 1.60 le kg, les patates à 0.8, le lait à 1.2 ...

Dans les médias, on subit une offensive de propagande incroyable (« c’est dur, mais il faut ça pour se sauver », « c’est l’occasion de mettre de l’ordre avec tous ces tricheurs » etc...), et ceux, pas nombreux et seulement dans les médias alternatifs, boycottés et censurés systématiquement, qui affirment qu’il faut dire non, refuser ce prêt et tout ce qui va avec, et retourner à la drachme qui nous permettrait enfin de nous remettre debout (parce que tant qu’on est ficelés par la monnaie commune, on ne peut rien faire, sinon être plongés encore un peu plus dans la récession), sont accusés de folie, communisme, enfin bref de tous les maux de l’humanité.

Le gouvernement NON ELU et placé là au mépris de la constitution, signe un arrêt condamnant la Grèce pour les 50 prochaines années (ce n’est pas une exagération). C’est systématique, organisé, délibéré, et ça fonctionne.

Les Allemands, après avoir retiré leur demande de placer un proconsul en Grèce (ça a provoqué un tollé, même chez les Allemands ! ), insistent pour que soit créé un compte spécial, destiné au service de la dette, et géré... par eux (les créanciers). On ne précise nulle part qu’ils veulent, c’est un fait, que ce compte soit alimenté non seulement par le prêt à venir, mais aussi par les recettes de l’Etat, si besoin est.

Ca a un nom : colonisation.

4) Grèce : grève générale de 48 heures contre la nouvelle cure de rigueur

Les deux grandes centrales syndicales grecques, Adedy pour le public et GSEE pour le privé, et le syndicat communiste Pame, ont appelé jeudi à une grève générale vendredi et samedi contre les nouvelles mesures de rigueur réclamées par l’UE et le FMI en échange d’un nouveau prêt.

Ils ont aussi appelé à des manifestations vendredi et samedi en fin de matinée et dimanche en fin d’après-midi contre ce nouveau train d’austérité et de dérèglementation, censé selon les plans gouvernementaux être soumis dimanche soir au vote du parlement. Les mesures qui se profilent après avoir reçu dans la nuit un accord de principe des trois partis de la coalition gouvernementale "vont être le tombeau de la société grecque", a dénoncé un communiqué de la GSEE et de l’Adedy. "Le gouvernement n’a pas de légitimité pour les imposer", a ajouté le texte.

"Chronique d’une mort annoncée"

GSEE et Adedy entendent masser trois jours de suite les protestataires sur la place centrale Syntagma, à Athènes, épicentre depuis deux ans de la contestation contre la rigueur, souvent émaillée d’affrontements entre policiers et manifestants. Appelant au "soulèvement", le front syndical communiste Pame doit lui mobiliser dès jeudi soir ses militants sur le champ de mars à Athènes, avant des défilés aussi prévus le week-end, mais à l’écart des autres syndicats. Mardi, plus de 20.000 personnes ont manifesté à Athènes et Salonique à l’occasion de la première grève générale de l’année en Grèce contre la nouvelle potion de rigueur qui se profile pour le pays. "Les réformes douloureuses qui créent de la misère pour les jeunes, les chômeurs et les retraités ne nous laissent pas beaucoup de marge. Nous ne les accepterons pas. Nous allons vers un soulèvement social", a dit à Reuters le secrétaire général d’Adedy, Ilias Iliopoulous. Ces nouvelles mesures "sont la chronique d’une mort annoncée (...), l’objectif est de mettre à bas tout le droit du travail et de baisser les salaires de 20 à 30% en plus des coupes déjà opérées", a déclaré le président de la GSEE.

Accord gouvernemental à l’arrachée sur l’austérité

Un accord général sur le contenu du "nouveau programme" de rigueur demandé à la Grèce par l’UE et le FMI a été conclu jeudi en vue de la réunion dans la soirée de l’Eurogroupe consacrée au plan de renflouement du pays surendetté, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre grec. "Les dirigeants politiques se sont entendus sur les résultats des négociations" menées par Lucas Papadémos avec la troïka représentant les créanciers UE et FMI du pays, a ajouté ce communiqué, rappelant que la voie était ainsi ouverte au déblocage de prêts de 130 milliards d’euros promis au pays fin octobre par la zone euro. Sans cette nouvelle aide d’au moins 130 milliards d’euros, la Grèce s’expose à un défaut de paiement le 20 mars, à l’expiration de 14,5 milliards d’obligations.

Dans le même temps, l’Autorité des statistiques grecques (ASE) a annoncé que le cap du million de chômeurs, pour 11 millions d’habitants, avait été dépassé en novembre, portant le chômage au niveau record de 20,9%, jamais atteint depuis l’entrée du pays dans la zone euro en 2000. Près d’un jeune sur deux de 15 à 24 ans est sans emploi (48%), partageant avec les femmes, frappées à 24,5%, le statut de principales victimes du chômage.

5) DE PARIS À ATHÈNES, LUTTER ENSEMBLE CONTRE L’AUSTÉRITÉ !

La troïka, avec l’appui du gouvernement grec d’union nationale, exige un nouveau plan d’austérité au peuple grec. Réduction brutale des salaires et des pensions (-22%), suppressions d’emplois dans la fonction publique, dé-tricotage du code du travail... Les travailleurs grecs n’en finissent plus de payer la crise ! Privatisations des services publics, détérioration du système de santé, casse du service public d’éducation : c’est l’immense majorité de la population qui fait les frais d’une politique qu’ils n’ont pas choisi, imposée par les marchés financiers, les banques et le patronat sous la houlette de Merkel et Sarkozy.

Nous avons conscience que la situation de la Grèce n’est pas de la responsabilité du peuple grec comme on voudrait nous le faire croire. L’austérité sert à sauver les banques, notamment françaises et allemandes, qui spéculent depuis des années sur la dette grecque. Elle sert également à montrer au reste des peuples européens ce qui les attend : une baisse drastique du niveau de vie, une diminution sans précédent des salaires ! Les dernières annonces de Sarkozy confirment que l’austérité va s’étendre à tous les peuples européens !

Pourtant le peuple grec n’a pas dit son dernier mot. La grève générale se construit et s’étend. Plusieurs ministères sont occupés, des travailleurs occupent leur entreprise, des étudiants leur lieu d’études... Dimanche, jour du vote au parlement grec du nouveau plan d’austérité, les jeunes, les travailleurs, les chômeurs, les retraités, se sont donnés rendez-vous pour assiéger le parlement, pour empêcher le vote illégitime. Ils nous montrent la voix : il n’y a pas de fatalité face à l’austérité et ce sont bien les luttes qui seront déterminantes dans le dénouement de la crise.

Nous sommes solidaires du peuple grec en lutte. Nous pensons que c’est bien à l’échelle de toute l’Europe que les peuples doivent se lever contre les plans d’austérité. De Paris à Athènes, il est temps de retrouver le chemin de la mobilisation.

6) La longue nuit du 12 au 13 février 2012

Des arrestations préventives ont eu lieu le matin du 12 février à Athènes.

A 17h (heure de Paris), des milliers de manifestants étaient aux abords du parlement et la foule est de plus en plus grande. La police utilise massivement du gaz pour repousser les manifestants. Mikis Theodorakis, présent sur place, a du être évacué suite à l’utilisation massive de gaz par la police.

Affrontements de grande ampleur avec la police, alors que la police annonçait à 17h déjà 25 000 personnes devant le parlement

17h30 : déjà plusieurs blessés... un nouveau blessé s’écroule... aucune attention des policiers présents. Il a été aidé par d’autres manifestants.

18h : la police a réussi à repousser les manifestants hors de la place du parlement, mais la foule est très importante dans les rues voisines ; les affrontements se poursuivent

18h30 : selon la police, au moins 10 000 manifestants à Salonique, et 60 000 à Athènes !

19h30 : A Athènes, malgré la répression policière, la foule reste, déterminée ; un bâtiment entier (Starbucks de Plateiaest) est en feu

20h : de nouveau des gaz lacrymogènes en masse place Syntagma, où les manifestants étaient revenus

20h50 : la police demande du ravitaillement en gaz ; des journalistes indiquent que des policiers attaquent des cortèges pacifiques ; au moins 10 bâtiments (banques, magasins) ; 24 blessés recensés ; un poste de police près d’Acropolis a été attaqué.

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LA POLICE ANNONCE 80 000 PERSONNES A ATHENES ET 20 000 A SALONIQUE

160000 à Athènes selon les décomptes des médias repris par BFM TV ce lundi 13 février 2012.

22h : la police attaque la faculté de droit (refuge de manifestants) ; la mairie d’Athènes a été occupée quelques minutes avant que la police intervienne et arrête les occupants ; des émeutes ont lieu également à Salonique et Patras

22h30 : une armurerie a été dévalisée à Athènes ; les journalistes présents au parlement ne sont pas autorisées à le quitter, pour des questions de sécurité ; des dizaines d’hospitalisation de manifestants sont signalées (le gouvernement en annonce 54) ; les grands médias grecs censurent les évènements


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