Fillon a raison. Il faut un référendum sur le « Mécanisme européen de stabilité financière »

mardi 21 février 2012.
 

1) Communiqué de Jean-Luc Mélenchon du 14 février 2012

Ce communiqué-ci est un événement.

Pour une fois, je suis d’accord avec François Fillon : il faut un référendum à propos des traités européens et notamment de la règle d’or.

Non seulement, il n’y a rien de choquant à cela, comme le dit le Premier Ministre mais le contraire le serait.

Je forme le souhait qu’il en convainque Messieurs Sarkozy et Hollande. Je veux bien l’y aider.

2) L’échec du traité libéral est à portée de main. Au boulot !

Voici une consigne, en quelque sorte. Il va falloir suivre attentivement l’actualité parlementaire. Vous avez bien compris que le 21 février passait à l’Assemblée Nationale la ratification du traité nommé « Mécanisme européen de stabilité financière ». J’ai expliqué ici même et en meeting le contenu de ce premier traité. On peut faire une séance de rattrapage de son information en consultant mon blog de parlementaire européen. Il faut savoir que la droite le votera. Mais peut-être y aura-t-il de nouveau une grève perlée des élus de droite que ce nouvel avatar de la merkelomania révulse. Les nôtres seront donc tous là sur le pont. Reste le cas des socialistes. Ceux-là ont refusé de nous aider quand nous avons demandé un vote solennel avec un scrutin public. C’est donc au hasard de l’horaire de la séance qu’aura lieu le vote. Il aura lieu à main levée. Bonne occasion pour tous les pleutres de prétexter leur absence afin de ne pas se prononcer et, pour vivre heureux, de vivre bien cachés. Mes lecteurs auront donc à cœur d’interpeller leurs parlementaires. Surtout ceux qui ont voté « Non » en 2005 et ceux des cent-quinze socialistes qui ont voté comme moi contre le Traité de Lisbonne à Versailles en 2007. Ne les lâchez pas. Le soir du vote suivez le sur LCP et harcelez ceux qui doivent l’être. Après le vote demandez des comptes. Il faut tout faire pour que cette histoire ne soit pas enterrée dans l’indifférence. Ne pas perdre de temps à gémir contre cette nouvelle tentative de coup fourré : lutter pied à pied. Nous allons retourner la tendance.

Si nous menons bien cette mobilisation nous allons en effet bien avancer. Quels sont nos objectifs ? D’abord et avant tout élever le niveau de conscience et de politisation des citoyens en général. Politiser, cela veut dire pousser à prendre partie. J’ai presque envie de dire qu’il est important pour nous que les partisans du « Oui » aussi sortent du bois. Nous avons besoin du débat et de la contradiction des points de vue pour construire une conscience civique large. Notre but doit être d’enfoncer la droite en l’obligeant à assumer sa responsabilité devant le très grand nombre des citoyens. Et surtout de la majorité qui a voté « Non » au référendum de 2005 et à qui le coup tordu de l’adoption du Traité de Lisbonne est resté en travers de la gorge. En minorisant le point de vue du « Oui » au Traité de Lisbonne nous ancrons notre raisonnement comme une sorte d’évidence pour le pays tout entier. C’est une base solide non seulement pour le prochain vote aux élections présidentielle et législatives. Il me semble en particulier que nos candidats aux élections législatives doivent clairement et fortement s’identifier sur cette lutte si hautement politique. Surtout en face des sortants et candidats socialistes et Verts. Car ceux-là vont nécessairement eux aussi être mis en demeure de se positionner. S’il leur est impossible de le faire en cachette ou à la sauvette, la ligne du « Oui » de François Hollande ne tiendra pas. En poussant une majorité de socialistes à voter « Non », nous élargissons l’espace de l’audience de nos idées. Elles ne sont pas notre propriété. Notre intérêt à long terme est de créer de nouvelles hégémonies d’idées. Comment agirions-nous s’il devait y avoir un gouvernement de Front de Gauche dans trois mois ? Nous aurions besoin de cette préparation politique et psychologique pour mettre en œuvre notre ligne européenne en étant compris du très grand nombre pour recevoir son appui mobilisé. Dès lors notre tâche à cet instant est fixée. Nous devons parvenir à ringardiser le « Oui », à le rendre honteux, fuyant. Et s’il est encore majoritaire que ce soit d’une façon qui semble aux yeux de tous comme usurpée ou illégitime. De cette façon nos préparons le round suivant. Celui qui arrivera avec le nouveau traité, celui qui devrait être signé en mars et que le prochain gouvernement devra nécessairement soumettre à ratification.

Quel lien existe-t-il entre le vote du Mécanisme européen de stabilité financière et le nouveau traité ? François Hollande a affirmé que les deux questions étaient séparées. « Déconnectées » a-t-il dit. C’est faux ! Il se trompe. Dans le « Mécanisme européen de stabilité financière » qui sera mis au vote le 21 février, il est précisé dès les considérants que « le présent traité et le TSCG (traité « sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire ») sont complémentaires dans la promotion de la responsabilité budgétaire et de la solidarité au sein de l’Union économique et monétaire ». Est ainsi gravé dans le marbre que l’octroi d’une assistance financière de la part du Mécanisme européen de stabilité est conditionné par la ratification du TSCG à signer en mars prochain. Qui vote l’un doit voter l’autre.

Pourquoi est-ce si important de bousculer les socialistes et de les pousser à se compter entre eux sur cette question ? Parce que nous gagnons sur tous les tableaux. Contre la droite dont nous dénonçons le traité, ce qui est aussi le meilleur moyen de pousser les socialistes à désobéir à leur chef. Plus nous convainquons contre les traités mieux nous pouvons stigmatiser la droite. Accoler le nom d’un candidat de droite aux législatives à cette nouvelle turpitude devrait faire autant de dégâts que ceux que va devoir subir Nicolas Sarkozy lui-même. Plus il y a de socialistes de notre avis et qui le manifestent, meilleure est notre situation pour la suite des événements et les jours d’après, quels qu’ils soient, puisque la partie européenne va continuer au-delà des élections.

Un bon angle d’attaque sera celui de l’exigence d’un référendum comme cela a déjà été dit ici même. Qu’il s’agisse du « Mécanisme européen » ou du nouveau traité de mars. Hollande a déjà dit qu’il n’en voulait pas. Mais voici deux faits nouveaux qui viennent élargir notre espace et notre audience. Le premier vient de la droite elle-même. C’est François Fillon qui vient de proposer qu’un tel référendum ait lieu. J’ai immédiatement dit, par communiqué de presse que j’approuvais ! J’ai aussi dit qu’il ne lui restait plus qu’à convaincre Sarkozy et Hollande. Et j’ai conclu en lui disant que j’étais prêt à l’aider. Humour. Plus sérieusement : les socialistes ont mis le doigt dans l’engrenage. En proposant une motion référendaire à l’Assemblée à propos de la TVA sociale ils ont eux-mêmes légitimé la procédure. D’ailleurs, en 2007, après s’être abstenu à Versailles, n’avaient-ils pas déjà déposé une motion référendaire sur le Traité de Lisbonne ? Quoiqu’il en soit, si nous obtenons qu’une partie des socialistes, ceux du « Non » confirment leur vote d’alors en votant contre le « Mécanisme européen de stabilité » et en demandant un référendum, nous aurons largement enfoncé le dispositif du consentement à la sauce Hollande-Moscovici. L’échec du traité libéral est à portée de main. Au boulot !


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