Nicolas Sarkozy : Le spectacle et la réalité

mardi 21 février 2012.
 

Un insupportable suspense prend fin. Pendant des mois le peuple inquiet se demandait si Nicolas Sarkozy serait candidat. Certes, quelques sournois, dans chaque camp, espéraient en être débarrassés par jet de l’éponge ! Mais tous les autres retenaient leur souffle ! Les derniers jours furent nerveusement les pires. Serait-il candidat à Paris ou ailleurs ? A cheval ou en voiture ? Assis ou debout ? Quant aux dernières heures ce fut intenable : parlerait-il à vingt heures pile ou bien à vingt heures quinze. Une transe, avant la libération ! Ouf, c’est fait ! Sonnez hautbois ! Résonnez musettes ! Mille clameurs s’élèvent au ciel. Mais que se passe-t-il ? La pièce serait jouée et ce serait comme si de rien n’était. Pourquoi cet homme si surprenant commencerait-t-il si fade ? Nous attendons maintenant qu’il fasse tourner des ballons sur son nez et qu’il saute à travers des cerceaux en feu. Sinon, comment pourrait-il faire le spectacle ? Le spectacle.

Ce jour est laid. Il était neuf heures et demie et j’ai traversé la rue en face de la station de métro Invalides pour aller vers le Grand Palais où je tenais une conférence pour la presse étrangère. Dans le petit square côté terminal d’Air France, là où est le fameux restaurant du tout-Paris parlementaire, à cinquante mètres de l’Assemblée Nationale, un grand nombre de pigeons s’étaient assemblés sur le sol. Un grand nombre. Ils n’avaient pas l’air du tout agités. Je note une voiture de la ville de Paris où s’active au téléphone un homme au visage bouleversé. Je vois une voiture de pompiers sans sirène qui s’approche. Au milieu des pigeons il y a un tas de couvertures. Et un homme au milieu, étalé au sol. Il est mort. Les pigeons sont sa dernière compagnie, à neuf heures et demie du matin, à deux pas du restaurant célèbre, juste à côté de l’Assemblée Nationale. Mais le spectacle continue. Les morts de la rue, les morts de la rue, sont libérés de la mort du cœur, celle qui, après un tel scandale, n’empêche plus de dormir.

L’autre soir nous étions devant l’ambassade de Grèce. A cinq cents, ai-je lu dans les dépêches de presse. Nous, le Front de Gauche. J’ai vu dans la nuit les drapeaux du PCF, du Parti de Gauche et de la Gauche Unitaire. Mais aussi ceux du NPA et le gros contingent du POI. Il faisait un froid collant et humide. Manuel Bompart le responsable du PG parisien a réussi une nouvelle mobilisation super rapide. Les copains ont couru de la sortie du boulot pour être là autant qu’ils pouvaient. Quand je suis arrivé c’est Eric Coquerel qui parlait et ensuite ce fut Christian Piquet. Je suis arrivé après que Nicolas Dupond-Aignant a été mal reçu, je ne sais par qui, ni de quel parti, ni comment. Je suis désolé qu’il ait été maltraité. Mais il lui revient de savoir que personne parmi nous n’aime la confusion des genres politiques. Il aurait dû y penser. Il aurait dû organiser sa présence de son côté avec les militants de son parti. Personne ne les aurait empêchés de le faire. Mais venir au milieu des nôtres, comme s’il était chez lui : non. Ce n’est pas raisonnable pour lui de ne pas l’avoir compris tout seul. Aucun de nous n’a envie de donner prise aux insupportables amalgames qui font les délices de la presse « oui-oui » qui met dans un même sac « souverainiste » ou « populiste », tout ce qui s’oppose à leur cruel aveuglement. Et devant le martyre des Grecs nous mettons en cause le capitalisme de notre époque, français, allemand et nord-américain en particulier. Pas les billevesées des frustrations nationalistes. Nous ne voulons pas être récupérés. Nous sommes internationalistes.


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