Jean-Luc Mélenchon à Bastia (article, Conférence de presse en vidéo)

jeudi 23 février 2012.
 

Pour visionner cette vidéo, cliquer sur le titre en page d’accueil puis sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge)

Devant un millier de personnes, Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent ont pointé la nécessité de créer un rapport de forces en faveur des ouvriers, en France mais aussi en Europe.

Accompagné du secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, et du président communiste de l’Assemblée de Corse, Dominique Bucchini, le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle est allé saluer les « Indignati » d’Air France, dont il « admire le courage », dit-il. Ces soutiers de l’aéronautique gagnent 850 euros par mois, quand leur patron, Alexandre de Juniac, en gagne plus de 75 000. « On lui en prendra la moitié », sourit-il. Pour cela, il faut encore créer le rapport de forces. Un combat politique que PCF et Parti de gauche entendent bien mener sur tout le territoire de la République. Au pouvoir, qui veut « que les gens soient humiliés pour qu’ils cèdent en pleurant », Jean-Luc Mélenchon et ses alliés, inspirés par l’exemple des Indignés corses, veulent opposer la force du nombre et du bon droit.

« La gauche est de retour au niveau national »

Dès l’entame du rassemblement, Dominique Bucchini s’était réjoui de l’affluence d’un millier de participants « déterminés, combatifs et enthousiastes ». Est-ce grâce à la voiture équipée de haut-parleurs qui, toute la journée, a sillonné Bastia en appelant à la réunion publique  ? L’affluence est une réussite pour le Fronte di Manca, quand la Corse ne compte que 700 à 800 adhérents au PCF et que le Parti de gauche y est peu implanté. S’ils sont là, s’exclame le président de l’Assemblée de Corse, c’est pour saluer « la bonne nouvelle  : la gauche est de retour au niveau national ».

Lors de la conférence de presse qui précédait la réunion publique, Pierre Laurent voyait comme moteur de cette « dynamique » l’adhésion de « ceux qui doutaient jusqu’alors de la possibilité d’une alternative ». Les doutes ne sont peut-être pas tous levés, mais « la mayonnaise prend ». « De nombreux travailleurs et précaires s’engagent dans le débat politique, à la suite de la dynamique que nous avons créée. Des gens que nous ne connaissions pas et qui viennent participer, voire relayer notre campagne collective », s’enthousiasmait le secrétaire national du PCF à la tribune. Dans l’avion qui ramenait l’équipe du candidat, une journaliste rapportait cette confidence d’une nationaliste modérée, rencontrée au meeting, lui disant combien le discours était « intéressant ». De quoi aborder les deux mois qui nous séparent de l’élection « avec beaucoup de confiance et un esprit de conquête ».

« La classe ouvrière est la classe d’intérêt général »

Ne restait à Jean-Luc Mélenchon qu’à galvaniser la salle. D’abord en assurant ses hôtes corses de son « extraordinaire fierté d’être le candidat des communistes ». D’ailleurs, continua-t-il, « nombreux sont ceux qui se tournent vers le Front de gauche en faisant fi d’un anticommunisme qui ne mène à rien ». Front de gauche où, se fait-il un devoir de signaler dans une région où l’âme communiste à un poids, « les communistes sont si influents ». Dans la « dynamique », lui voit une raison principale  : « l’adhésion à une cause plus grande que nous. » À « ceux qui se sentaient jusqu’à présent parfois seuls, parfois isolés », qui pensaient que « dix ans de libéralisme triomphant avaient tout emporté », à ceux qui « se sentaient, chacun dans son coin, les derniers porteurs de la braise rouge qu’ils cherchaient à offrir à qui voudrait que le feu reprenne », il a assuré  : « Voici la part rouge du drapeau qui est revenue et qui marche devant. Quel que soit le temps qu’il faudra, nous savons que le mouvement est reparti. » Le « candidat des communistes » a bien travaillé sa rhétorique marxiste en invoquant à mots couverts « l’avant-garde ».

C’est que la situation actuelle nécessite, a-t-il développé, une vision qui dépasse celle des proches horizons électoraux français. Car, derrière les menaces qui pèsent en France sur l’emploi, la justice sociale et fiscale, se profile une autre, tout aussi grave mais à l’échelle européenne, avec l’adoption du mécanisme européen de stabilité et les nouveaux traités imposés par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. La responsabilité est lourde  : « Un an après nous, les Allemands votent », rappelle Mélenchon. « Vous n’êtes pas seulement en train de voter pour votre cantine, pour votre circonscription législative, ni même pour votre pays. Vous êtes en train de voter en préparant le rapport de forces global de toute la classe ouvrière de tout le Vieux Continent. » C’est précisément ce que soulignait Pierre Laurent plus tôt  : si les sondages montrent le Front de gauche en progression, c’est que les électeurs longtemps déconsidérés, « qui s’étaient réfugiés dans l’abstention », retrouvent à qui parler. Les laborieux, ces « millions de personnes dans tout le pays », se posent désormais « la vraie question », celle du partage des richesses, expliquait le secrétaire national du PCF. Ils savent que « nous donnons les solutions ». Ce que Jean-Luc Mélenchon a traduit plus prosaïquement aux Corses venus l’écouter  : « La classe ouvrière – ouvriers, salariés, employés – est la classe d’intérêt général, parce que vous savez que votre sort individuel dépend des solutions collectives. »

Grégory Marin, L’Humanité


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message