Sarkozy veut en finir avec l’Education nationale

mardi 6 mars 2012.
 

1) Petit exercice de calcul pour l’organisateur de l’illettrisme

par Jean-Marie Harribey, le 1 mars 2012

Le président-candidat Sarkozy propose d’augmenter le temps de travail des professeurs de collège et de lycée de 8 heures par semaine, en passant de 18 à 26 heures, et de les payer 25 % de plus.

Question : de combien varie le salaire horaire ?

Réponse : il baisse de 13,46 %.[1]

Le président-candidat Sarkozy justifie cette mesure en disant que les professeurs des écoles travaillent, eux, 26 heures par semaine.

Question : pourquoi ne propose-t-il pas alors d’augmenter leur salaire de 25 %, puisqu’ils sont statutairement autant professeurs que leurs collègues de collège et de lycée ?

Réponse : le président-candidat Sarkozy qui organise la montée de l’illettrisme est frappé de ce syndrome car il ne sait pas mieux calculer qu’il n’apprécie La Princesse de Clèves.

Le président-candidat Sarkozy connaît-il la Fondation Carla Bruni-Sarkozy qui lutte contre l’illettrisme ? Peut-être celle-ci pourrait-elle l’aider.

2) Education : Sarkozy, premier prix à l’école de la duperie

Dans un discours sur l’éducation à Montpellier, le candidat UMP a recyclé son « travailler plus pour gagner plus » aux enseignants. Un mensonge de plus qui ne trompe ni les profs ni les parents d’élèves.

Après une visite éclair dans un internat d’excellence, gavé de financements pour une poignée d’élèves, Nicolas Sarkozy a affirmé, mardi à Montpellier, qu’il n’était « pas favorable à la suppression du redoublement ». Il a redoublé de démagogie en faisant une nouvelle fois passer les enseignants pour des fainéants. « Il faut faire travailler les enseignants plus longtemps en les payant davantage », a déclaré le président candidat qui a proposé 500 euros d’augmentation aux professeurs volontaires pour passer de dix-huit heures d’enseignement à vingt-six heures de présence dans l’établissement.

«  Un chantage assez injuste  »

Une « duperie » et « un chantage assez injuste », estime Bernadette Groison de la FSU  : « Le président de la République avait promis en 2007 une revalorisation du salaire qui n’est jamais venue. » Il a redoublé de mensonges en recyclant son slogan « travailler plus pour gagner plus ». En réalité, « travailler plus pour gagner moins » serait plus juste, car un enseignant devrait augmenter son temps de travail de 44% pour espérer une hausse de 25% de son revenu… Nicolas Sarkozy n’est pas seulement mauvais en mathématique, il est en complet décalage avec la réalité, explique Patrick Gonthier, de l’Unsa Éducation. Les professeurs, qui travaillent en moyenne quarante heures par semaine, sont selon lui « déjà contraints de faire des heures supplémentaires à cause des suppressions de postes », et en tirent de fait bien plus que « des 25% de revenus ».

Titulaire depuis un an dans deux établissements du Val-de-Marne, Clara, qui travaille entre cinquante et soixante heures par semaine, se demande « comment (elle pourrait) préparer (ses) cours en salle des profs où il n’y a que trois ordinateurs pour l’ensemble des professeurs ». Au lieu de tenir un discours autoritaire sur l’éducation à Montpellier, Sarkozy devrait, selon cette enseignante, « renforcer la présence d’assistants pédagogiques. C’est la seule manière d’augmenter la présence d’adultes dans les établissements au lieu de supprimer des postes ».

Les attaques sur le temps de présence scolaire, qui ne visent qu’à diviser enseignants et parents d’élèves, risquent d’échouer. En effet, la FCPE a fortement dénoncé les attaques de Nicolas Sarkozy contre le collège unique, accusé par le président candidat de « faire exploser les inégalités au lieu de les réduire ».

Le candidat de l’UMP a même oublié, d’après ses proches, de lire le passage de son discours où il promet d’arrêter le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux dans le primaire à la rentrée 2013… À croire que Nicolas Sarkozy ne cherche pas à convaincre la communauté éducative, et encore moins les enseignants, qui s’apprêtent à voter pour les deux tiers pour le PS ou le Front de gauche au premier tour des présidentielles, d’après un récent sondage Ifop pour le Monde.

À quand les profs aux enchères  ?

La période des soldes touche à sa fin. Mais sur Leboncoin.fr, site de petites annonces, les bonnes affaires continuent. Ainsi, 
le proviseur d’un collège de Carquefou (Loire-Atlantique) a mis en ligne une annonce recherchant un professeur de technologie libre jusqu’en juillet pour 1 300 euros par mois. Neuf ou d’occasion  ?

Pierre Duquesne, L’Humanité

3) Le petit président déteste l’école de la République

Il a également du mal à analyser avec un minimum de rationalité le métier d’enseignant.

Il avait commencé son mandat par une étonnante déclaration -qui évoque le 19ème siècle- sur la valeur des enseignants : celle-ci était, par définition, toujours inférieure à celle des religieux, parce que les enseignants n’étaient pas animés par une foi religieuse.

Sarkozy achève lamentablement son mandat, comme il l’avait commencé. De toute évidence, ni lui ni son entourage ne savent que beaucoup d’enseignants sont au bout du rouleau en assurant leurs 18 heures de cours actuelles. Leur proposer 500 euros PAR MOIS comme "augmentation" pour huit heures de travail PAR SEMAINE en plus revient :

- à dévaloriser leur travail puisqu’ils peuvent travailler plus avec la carotte d’un peu plus d’argent

- à proposer une heure de cours à 14 euros. Il faut savoir que une heure de cours correspond à deux heures, en moyenne, de travail, en raison des préparations, des corrections, des réunions, des conseils de classes, des examens, etc.

On obtient une rémunération à ...7 euros de l’heure.

4) Communiqué d’Eric Coquerel pour le Front de Gauche

Au moins on sera prévenu. A Montpellier, Nicolas Sarkozy a poursuivi son travail de sape de la République.

Après avoir réduit considérablement les moyens de l’Education nationale tout au long de son quinquennat, il s’attaque maintenant à ce qui reste de son ambition égalitaire. Fin du collège unique, professeurs polyvalents rémunérés à la carotte et embauchés directement par les chefs d’établissements : n’en jetez plus.

A quand la fin de l’école obligatoire jusqu’à 16 ans ? A ce rythme on n’en est plus loin.

Cet homme est décidément dangereux.

Communiqué d’Eric Coquerel conseiller spécial de Jean-Luc Mélenchon

5) La fuite en avant du président-candidat

29 février 2012 Communiqué de presse du SNES-FSU et du SNEP-FSU

Nicolas Sarkozy a présenté à Montpellier son programme pour l’éducation.

Ce discours, qui est marqué par un aveuglement sur le bilan de sa politique éducative et un mépris insupportable pour les personnels et le second degré, constitue une fuite en avant dans la casse du système éducatif. Temps de présence accru des enseignants, polyvalence des enseignants, stigmatisation du second degré présenté comme responsable de tous les maux de l’Ecole, destruction du collège unique et orientation précoce des élèves, les chefs d’établissement devenant chefs d’entreprise… Autant de mesures et de propos qui non seulement sont rejetés par la profession mais nient les réalités du second degré aujourd’hui.

Les études sur le temps de travail des enseignants montrent qu’il s’élève à 40 heures hebdomadaires en moyenne : préparation des cours, concertation pédagogique, correction, suivi des élèves. Le discours sur le temps de présence, outre qu’il constitue un marché de dupe (44% de temps de présence en plus, 25% de salaires en plus), a pour seul objet politique de jouer les parents contre les enseignants, la société contre son école. La question en effet n’est pas celle de savoir si les enseignants doivent être plus longtemps présents dans leurs établissements mais bien celle de leurs missions au service de la réussite des élèves.

Présenter le collège comme la source unique des difficultés et de l’échec scolaire est un mensonge : près de 20% des élèves entrent au collège sans maitriser les « fondamentaux ».

La polyvalence disciplinaire des enseignants n’a jamais fait la preuve de son efficacité pour la réussite des élèves.

L’orientation précoce des élèves est un renoncement à la mission démocratique de l’école que s’efforcent de mettre en œuvre les enseignants du second degré : amener toute une classe d’âge au niveau le plus élevé de culture et de qualification.

L’autonomie accrue des chefs d’établissement, antienne favorite de ce gouvernement, n’apporterait qu’une plus grande inégalité encore.

Le SNES-FSU et le SNEP-FSU mènent une campagne d’interpellation des candidats à l’élection présidentielle, ils y portent aussi, avec les personnels, leurs propositions pour une tout autre politique pour le second degré :http://www.snes.edu/Election-presid... et http://www.snepfsu.net


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