LE « VOTE UTILE » EST UNE PERVERSION DE LA DÉMOCRATIE

mercredi 18 avril 2012.
 

Le « vote utile » est entré dans le langage courant. Il ne fait aucun doute qu’à l’instar des tautologies, et oxymores de tous ordres qui polluent le discours médiatique, c’est notre droit à une information sérieuse et dégagée de toute manipulation qui est par là bafoué et partant notre droit citoyen. C’est le débat public dont les citoyens français sont dépouillés.

Dans un monde où l’on évoque à l’envi de supposées « guerres humanitaires » qui s’avèrent être de véritables guerres contre les peuples, des « plans sociaux » qui jettent des familles entières dans la misère, dans une société où les médias dominants construisent ce que Roland Barthes appelait des mythologies, les citoyens sont pris entre le marteau et l’enclume de la pensée.

Le vote est par essence utile, puisque c’est par lui que les peuples peuvent opter pour un projet de société plutôt que pour un autre, par lui encore que le peuple a un moyen d’action sur le politique. Et ce bien que dans l’histoire, maints exemples montrent que le vote ne peut constituer le seul critère d’évaluation des démocraties véritables.

En effet, le modèle de la Vème république qui a concentré tous les pouvoirs sur le chef d’Etat a créé un parangon de « monarchie présidentielle » qui s’est honteusement illustré en 2005, lorsque le « NON » du peuple français au Traité Constitutionnel Européen a été bafoué. C’est pour cette raison qu’il est absolument nécessaire d’opérer une refondation démocratique qui passe par une Assemblée constituante proposée par Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche. Par ce processus constituant, comme au Venezuela, en Bolivie ou en Équateur, nous aurons enfin l’outil indispensable pour notre souveraineté, pour préparer tous ensemble la VIème République.

Le « vote utile » est l’un de ces « éléments de langages » dont les experts et éditocrates sortis du chapeau se gargarisent pour construire ces mythes de la pensée. Le mythe relève de la construction autant que de la déconstruction. Il a besoin de se défaire d’une réalité, d’opérer une distorsion des traits jusqu’à extinction sémantique du référent initial avant d’en fabriquer une nouvelle. Le vote, droit inaliénable des citoyens et citoyennes à s’exprimer dans les urnes pour élire leurs représentants, est par définition utile, puisqu’il doit être l’aboutissement d’un choix libre et d’une réflexion politique poussée. En revanche, lorsqu’il est flanqué d’un adjectif, il faut commencer à se méfier, c’est l’action même de voter qui perd de son sens. Comment concevoir en effet une démocratie dans laquelle tout projet de société alternatif au libéralisme économique serait taxée « d’inutile ». C’est pourtant exactement ce qui se passe aujourd’hui en France et ailleurs.

Utile pour qui pour quoi ? Si le système démocratique a encore du sens aujourd’hui, c’est que des hommes et des femmes tentent de se projeter dans un avenir commun et veulent encore croire que la Res Publica est une chose commune, dans laquelle doit encore prévaloir la règle du chacun pour tous pour le bien commun. C’est le combat de nos anciens, c’est la mémoire de tous ces hommes, de toutes ces femmes qui ont été du côté du courage.

Le vote est l’un des visages que peut prendre la révolte. Le peuple veut enfin un programme qui nous propose d’en finir avec la casse de tous les acquis sociaux, des services publics, du Code du travail, de l’Éducation, de la Santé… Les urnes sont le réceptacle citoyen d’une diversité d’opinions, de colères, de peurs et de frustrations mais aussi de convictions, d’espoir et de luttes. Cet acte citoyen permet l’expression d’une volonté de rupture, avec un système libéral et une politique qui s’alimentent l’un l’autre.

Les raisons ne manquent pas de se révolter lorsque tout est fait pour empêcher l’expression d’un peuple trop longtemps réduit au silence, et les gens n’ont pas attendu le fameux livre de Stéphane Hessel pour se sentir autorisé à être « indigné ».

Mais il conviendrait alors de préciser ce que l’on entend par « dignité ». Est-il digne que dans un système démocratique, il y ait une telle pression médiatique pour le « vote utile » ? Est-il digne d’instiller le sentiment de culpabilité chez ceux qui ne veulent pas connaître le sort des peuples de Grèce, d’Espagne, du Portugal et d’ailleurs, eux qui ont tous expérimenté le désastre auquel mènent les plans d’austérité ?

La sociale-démocratie européenne a baissé les armes devant les diktats de la Finance et les sacro-saints marchés. François Hollande croit bon de rappeler à la City qu’il n’est pas dangereux pour ne pas les effrayer. Peut-il encore y avoir du socialisme là où l’esprit de résistance a disparu ?

Quel est donc ce monde ou l’on veut gérer les enfants et rassurer les marchés ?

La Révolution citoyenne est désormais en marche en France, celle qui prend sa source en Équateur. Cette déferlante citoyenne, ne s’arrêtera pas aux élections, celles-ci n’en constituent que la première étape.

La peur est l’un des piliers sur lesquels repose la stratégie politique du système actuel, mais lorsque le peuple reprend courage, l’histoire nous l’a déjà montré, la peur change de camp.

Voter Front de Gauche ce n’est pas « voter utile », c’est l’intelligence en action, c’est franchir la première étape de la révolution citoyenne en France…

Place au peuple !


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