Dernier bobard Sarkozyste sur la Banque centrale européenne

mercredi 25 avril 2012.
 

24 heures ! C’est le temps qu’aura vécu le dernier bobard Sarkozyste sur la Banque centrale européenne. L’histoire montre l’ampleur du désarroi du personnage. Et des limites dans lesquelles désormais la France est enfermée par le gouvernement conservateur allemand. Dimanche, à la Concorde, le candidat Sarkozy a repris un argument du Front de Gauche sur la nécessaire évolution de la BCE. J’en rappelle les mots : « Je veux poser le problème du rôle de la Banque centrale européenne dans le soutien à la croissance. C’est une question très importante que nous ne pourrons pas éluder. (…). La crise – et l’Européen convaincu que je suis veut le dire – nous a montré les limites des règles qui ont été fixées dans le Traité de Maastricht. (…) Alors sur le rôle de la Banque centrale dans le soutien à la croissance, nous allons aussi ouvrir le débat. Et nous allons faire avancer l’Europe. » Hormis le fait que nous ne cherchons pas « la croissance » en général mais une relance sociale et écologique de l’activité, nous pourrions être d’accord. Et tout autant quand, toujours sur ce sujet, Nicolas Sarkozy se réfère au Général De Gaulle : « Quand le Général De Gaulle au milieu des années 60 a posé la question de la politique agricole commune et qu’il n’a pas été entendu, il n’a pas hésité à faire la politique de la chaise vide. On l’a accusé de détruire l’Europe, alors qu’à ce moment-là, par cette politique-là, il a construit l’Europe pour les décennies qui allaient suivre ». S’il avait lu notre programme, il saurait que la politique de la chaise vide n’est pas le seul moyen pour créer le rapport de force en Europe. Mais il ne faut pas trop en attendre de lui. Car tout cela est parole verbale. Pour ce qui est de l’action et des décisions, il aura fallu moins de 24 heures pour que Sarkozy capitule.

Dès le lendemain de ce meeting, le porte-parole d’Angela Merkel a fait savoir que « la conviction profonde du gouvernement allemand est que la BCE exerce son mandat de manière totalement indépendante de la politique. Et cette conviction est connue à Paris ». Il a même rappelé qu’« au cours d’une série de conférences de presse, les deux [Mme Merkel et M. Sarkozy] ont professé leur attachement à l’indépendance de la BCE ». Sitôt ce rappel édicté, la droite française a obéi aux ordres de la chancelière allemande. Quelques heures après, toujours ce lundi 16 avril, c’est le Premier Ministre François Fillon qui a entamé le rétropédalage. Sur BFMTV, il a ainsi déclaré : « Le président l’a lui-même confirmé : il ne s’agit pas de renégocier son statut ou de renégocier les traitésv ». Une journée après les envolées de la Concorde, il n’était déjà plus question de toucher à l’indépendance de la Banque centrale européenne.

Nicolas Sarkozy l’a confirmé lui-même ce mardi 17 avril au matin, sur France Inter. Voici ce qu’il a déclaré : « Je suis pour l’indépendance ». Fin de partie ! Puis, pour ne pas avoir l’air complètement idiot, Sarkozy a fait des phrases avec sa bouche expliquant que « justement parce qu’il y a l’indépendance il faut pouvoir discuter. La condition de l’indépendance c’est le dialogue, c’est justement parce qu’on est indépendant qu’on doit dialoguer. Ce qui ne va pas, c’est cette idée folle qui consiste à dire que parce que la Banque centrale est indépendante, on n’a pas le droit de parler, c’est tout le contraire ».

Pas du tout ! L’indépendance telle que décrite par le Traité de Lisbonne interdit formellement ce genre dialogue ! Car il s’agirait d’influencer ses décisions et c’est précisément cela qui est interdit par le Traité de Lisbonne. Le traité est très clair. L’article 130-TFUE consacre l’indépendance de la Banque centrale : « Ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des Etats membres ou de tout autre organisme. Les institutions de l’Union ainsi que les gouvernements des Etats membres s’engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes de décision de la Banque centrale européenne. » Et le mandat de cette banque indépendante est parfaitement délimité. Il n’y est aucunement question de croissance. Quant à l’article 119-TFUE, il reprend l’article III-177 du TCE de 2005 et sacralise la « stabilité des prix » comme objectif de la BCE : « l’action des Etats membres et de l’Union comporte une politique monétaire et une politique de change uniques dont l’objectif principal est de maintenir la stabilité des prix ».

Nicolas Sarkozy ne pouvait donc faire mieux que des phrases. C’est ce qu’il a fait. Cela ne nous surprend pas. Mais ce qui nous attriste et nous inquiète c’est que François Hollande soit sur la même ligne que lui. Voilà ce que le candidat socialiste a déclaré le 5 décembre dernier à Berlin, devant le congrès du Parti social-démocrate allemand au sujet de la Banque centrale européenne : « Je respecte son indépendance. Je souhaite qu’elle puisse élargir son rôle […] dans le cadre de ses actuels statuts ». Le Front de Gauche est donc le seul vote pour changer cette situation absurde et terrible pour l’économie européenne.


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