Pourquoi je soutiens la candidature Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.

mercredi 25 avril 2012.
 

Ils sont universitaires, écrivains, journalistes, enseignants, scientifiques, dessinateurs, chanteurs, musiciens. Ils disent ici pourquoi ils voteront Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle. (*)

Un souffle nouveau qui ressusciterait 
le rêve et l’espoir

Alexandre Coutelis, dessinateur de bandes dessinées

En ces temps perdus où triomphe le renversement des valeurs en France et dans le monde, où la doxa libérale ravage la pensée et les économies, enterre les institutions, ruine les peuples et se goberge sans scrupule, le pressentiment qu’un souffle nouveau, de gauche, qui ne composerait en rien avec les forces de l’argent, qui ressusciterait le rêve et l’espoir, parlerait au nom des peuples spoliés, anéantis par les reculs sociaux, est porteur d’espoir. Quand les politiques de droite et de gauche ont abdiqué la souveraineté de la France et se couchent devant les oukases des banques, l’espoir semble naître, ressuscitant les idées rebelles.

Quand les démagogues surfent sur les frustrations des populations pour innocenter les dérives fascisantes héritées du passé, que des nantis nocent se satisfaisant de leur suffisance et font la leçon aux peuples, quand l’agitation tient lieu de programme, il est grand temps de rétablir l’histoire – et d’en espérer.

Quelque chose de neuf est en train de se réaliser qui redonne de la noblesse à la pensée politique, rend sa dignité à un peuple qui souffre, réhabilite la victoire de 2005 et donne à espérer en l’avenir, dessine une perspective nouvelle loin des conformismes corrects, enterre les vagissements des tenants de la pensée unique, sème des graines de lumière et érige la révolte en espoir. Et puis, enfant des années 1950, nourri au lait de l’école de la République, je vibre quand la parole d’un Mélenchon évoque 1793 ou les Trente Glorieuses.

PS  : Et si l’on pouvait un peu désespérer le Medef, ça ne serait pas si mal.

L’affrontement entre la gauche et la droite engage la teneur et le sens de notre humanité

Pierre Bergounioux, écrivain.

L’affrontement entre la gauche et la droite ne porte plus seulement sur la répartition de la richesse. Il n’est plus uniquement affaire de justice. Il engage désormais la teneur et le sens de notre humanité, pas moins. La classe dominante a longtemps fait sienne la tradition culturelle unique, l’expression littéraire éclatante qui accompagne, éclaire et, parfois, infléchit notre histoire depuis un demi-millénaire. De Gaulle, qui affectionnait le style noble, qu’il jugeait assorti à la grandeur du pays et à la sienne propre, rappelait, voilà cinquante ans, que « la politique de la France ne se décide pas à la corbeille (à la Bourse) ». Son successeur à l’Élysée, Pompidou, ancien fondé de pouvoir de la banque Rothschild, a aussi laissé une belle anthologie de la poésie française. Giscard d’Estaing n’a rien ménagé pour entrer sous la coupole de l’Académie. Le temps a passé. La culture marchande, qui se ramène au calcul cynique, vulgaire, des chances de profit, a éclipsé toutes autres espérances, vues, aspirations. Quelque chose d’irremplaçable est menacé de se perdre. Fellini l’a dit, juste avant de mourir, dans la Voix de la lune, son dernier film  : « Siamo un popolo di stronzi. » Nous sommes en passe, après nos brillants voisins latins, de devenir un peuple de crétins, pour dire le moins. Il ne faut pas. On doit voter Mélenchon.

On n’en peut plus de l’allégeance 
aux riches

Annie Ernaux, écrivaine.

Depuis des mois, des années, on n’en peut plus de l’injustice sociale, de la dégradation des services publics, de l’argent donné aux banques, du mépris du gouvernement à l’égard du travail, de la culture, de l’éducation, et de son allégeance aux riches comme jamais. Les gens ont dit « non » à l’Europe libérale, ils sont descendus dans la rue contre des lois qui démantèlent le système des retraites, l’université, contre des fermetures d’usines. Il monte depuis des mois l’attente d’un changement en profondeur que les discours d’impuissance, dans le même temps, s’acharnent à déraciner. Dans cette élection présidentielle, je ne vois que Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche répondre à cette attente par leur programme, lequel comporte, entre autres, la proposition fondamentale d’une VIe République. Le vote utile, utile pour notre avenir, celui de nos enfants, d’un pays plus juste, c’est celui-là.

L’Aurore d’un monde meilleur

Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique, 
président de l’association Mémoires des luttes.

Dans l’actuelle atmosphère d’angoisse sociale, Jean-Luc Mélenchon est le président dont le peuple a besoin. Il rassemble toutes les sensibilités de la gauche. Renoue avec l’histoire populaire de la France. Porte les espérances des mouvements sociaux. Annonce une révolution citoyenne. Replace la volonté politique au cœur de l’action gouvernementale. Entend rétablir la souveraineté de la France. Veut répartir la richesse et abolir l’insécurité sociale. Promet d’arracher le pouvoir aux banques et aux marchés financiers. Préconise une planification écologique. Prône la convocation d’une Assemblée constituante pour aller vers une VIe République. Propose de briser le carcan du traité de Lisbonne et de construire une nouvelle Union européenne. Encourage enfin la démondialisation… Toutes ces propositions soulèvent une nouvelle ferveur populaire. Jean-Luc Mélenchon redonne de l’espoir aux Français, aussi bien aux militants vétérans qu’à la multitude des jeunes Indignés. Il revivifie une démocratie en crise et remobilise des citoyens qui avaient cessé de croire à la politique et aux élections… Dans une Europe désorientée, Mélenchon annonce l’aurore d’un monde meilleur.

Un candidat qui assume la lutte 
des classes

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, sociologues.

Pour nous, il s’agit d’exprimer le choix d’un changement radical, devant un système économique et social qui enrichit les spéculateurs et appauvrit les travailleurs, quand ils ont du travail. Un système irréparable, qui a fait la preuve de sa malfaisance. Il faut donc un candidat qui assume la lutte des classes et qui ne se réfugie pas dans la recherche d’un consensus, qui est le meilleur moyen de tromper et de pressurer le peuple. Un candidat qui ne fasse pas porter la responsabilité du chômage aux travailleurs immigrés mais qui mette en cause la recherche du profit maximal, raison principale des délocalisations. Un candidat qui ait à cœur de défendre les acquis sociaux et les services publics en donnant la priorité à la solidarité sur le chacun pour soi des systèmes privés de prévoyance. L’avenir n’est pas dans la lutte de tous contre tous pour l’accumulation sans limites. L’avenir est dans la construction d’une internationale des forces vives pour un monde apaisé et tourné vers d’autres valeurs que l’argent.

Il était temps que quelque chose 
bouge vraiment à gauche

Bertrand Geay, sociologue, professeur d’université.

La situation faite aux salariés, aux chômeurs, aux jeunes est insupportable. La nécessité de réorienter l’économie, de se l’approprier collectivement, est plus que jamais d’actualité, aussi bien sous l’angle démocratique que sous l’angle écologique. Et puis, il y a cette exaspération à l’endroit de tout ce qui a été fait dans l’enseignement supérieur et la recherche, dans le système d’enseignement plus généralement  : mise en compétition, arbitraire, bureaucratie envahissante, abandon des finalités émancipatrices… Il était temps que quelque chose bouge vraiment à gauche. Après les états généraux du mouvement social, en 1995, après les convergences que l’on avait vues à l’œuvre au sein du mouvement altermondialiste, les forums politiques de l’après-2002, le vote de 2005, les divisions de 2007, nous avions besoin d’un large rassemblement où se côtoient les militants politiques, les militants syndicaux et associatifs, les intellectuels. L’objectif, maintenant, c’est que ces forces demeurent en mouvement bien au-delà des seules échéances électorales.

Se servir des réserves financières 
pour soutenir la création

Anne Slacik, artiste peintre

Être peintre, pour moi, c’est d’abord le travail dans l’atelier. Pour les plasticiens, les conditions de ce travail sont concrètes  : construire des ateliers abordables, faire respecter les droits de reproduction, combattre précarisation et surexploitation des petits boulots, c’est la première raison du vote Mélenchon. Je crois aussi au rôle de la puissance publique. C’est par elle que la création contemporaine – et pas seulement celle portée par les enjeux spéculatifs – sera diffusée en France. À deux conditions  : que l’adéquation au mécénat privé et aux placements financiers cesse, pour l’État, d’être la règle d’or des programmations en arts plastiques, et que l’on redonne aux collectivités locales les marges économiques pour multiplier les lieux et soutenir les conditions d’exposition. Bref, que l’on se serve des réserves financières pour soutenir la création, et plus de la création pour augmenter les réserves financières. Et puis, j’habite Saint-Denis. J’y vois que, pour une rencontre entre le peintre et le public ne laissant personne de côté mais sans démagogie, il faut donner des moyens à l’éducation, lutter contre la vulgarité dans les programmes audiovisuels. Mais il faut surtout soulever le poids de la dureté de la vie des gens. Pour ça aussi, comme peintre, je vote Mélenchon.

Voter Jean-Luc Mélenchon pour l’honneur de la politique

Henri Pena-Ruiz, philosophe, écrivain, 
maître de conférences à Sciences-Po Paris

Jean-Luc Mélenchon incarne admirablement le vœu du Front de gauche de réunir la culture et la politique. Partageons tous les savoirs possibles afin de mettre à nu les ressorts de l’exploitation capitaliste, aujourd’hui décomplexée jusqu’au cynisme et à l’inhumanité  ! Notre campagne collective est décisive pour briser la fatalisation éhontée des dérives actuelles, pour redonner confiance au peuple en gagnant la bataille des idées. Quand le capitalisme rattrape par la géographie des délocalisations ce qu’il avait perdu par l’histoire des résistances ouvrières, il n’y a qu’une solution. Relancer ces résistances, leur donner la perspective d’une refondation laïque, écologique, sociale de la République. Déjà, le bilan est admirable. Jean-Luc Mélenchon a fait reculer madame Le Pen et rendu crédible le cercle vertueux de l’économie sociale, de la planification écologique et de la prise en charge populaire de la République. Il a donné une nouvelle image de la politique, faite de respect pour le peuple et d’exigence pour le débat, mariant la raison et le cœur. Nos assemblées citoyennes anticipent ce que pourraient être de nouvelles formes de contrôle populaire du développement économique. Oui, une autre politique est possible, tant dans son but que dans ses modalités  ! Longue vie au Front de gauche et à sa solidarité sans faille, qui seule pourra faire reculer la droite et l’extrême droite, tout en illustrant pour le reste de la gauche ce que peut et doit être une alternative véritable à la politique actuelle. Voter Mélenchon, c’est voter pour l’honneur de la politique en même temps que pour une société de partage et de justice.

Ras le bol des doctes docteurs 
en économie

Yehezkel Ben-Ari, fondateur et directeur honoraire de l’Institut 
de neurobiologie de la Méditerranée (Inmed)

Redonner confiance au peuple de gauche, avoir le plaisir de se retrouver, de croire en un avenir meilleur, fait de fraternité et de tolérance, ça se fête. Nous sommes fiers de faire partie de ce peuple qui ne gobe pas ces certitudes et qu’horripile cette droite hargneuse. Ras le bol de ces doctes docteurs en économie qui nous mènent en bateau, bardés de certitudes et dont on ne sait si la cupidité dépasse la mauvaise foi ou la suit. Nous en avons assez d’entendre à longueur de journée qu’il n’y a pas d’autre choix, on a déjà entendu cela et c’est une bonne excuse pour se débarrasser des services publics et d’entraide tellement essentiels à la vie en commun. Mélenchon, c’est un peu tout cela et nous lui devons ces moments d’espoir que nous n’avions peut-être pas tort de croire que l’histoire n’est pas encore écrite. Quelle que soit la suite, il sera difficile de prétendre que cette gauche généreuse qui a marqué l’histoire de France et ses principales conquêtes est morte.

Oui, il faut déterrer nos idéaux

Jacques Audin, ingénieur retraité du CNRS

Par conviction, adhésion et choix politique mûri, j’aurais de toute façon voté pour le candidat des propositions du Front de gauche. Voté pour le partage des richesses, les droits à l’éducation, la santé, le logement, l’énergie, l’eau, la nourriture, la culture, pour le respect de la nature, l’écologie, les droits humains, le bonheur de vivre, etc. Je dois reconnaître cependant que Jean-Luc Mélenchon, cet intellectuel, philosophe, pédagogue de surcroît, cet humaniste a su, par sa détermination, sa fermeté, son réalisme aussi, son éloquence, son talent, réveiller toutes mes utopies enfouies, endormies, émoussées peut-être par tant d’années de luttes et de reculs sociaux. Il les a remises à portée de main, à portée de luttes, soyons réalistes ! Oui, il faut revenir à nos origines, aux lumières, déterrer nos idéaux, ressusciter nos valeurs humaines sociales et internationalistes, remettre nos utopies dans le moteur de nos combats pour la justice sociale.

Un candidat a refusé le bizutage

Charb, dessinateur de presse

Il faut que le prochain président de la République soit crédible. Qui somme les candidats d’être crédibles  ? Les sondeurs, les journalistes et les candidats eux-mêmes. Ils s’accusent les uns les autres de ne pas être crédibles. Mais auprès de qui faut-il être crédible  ? Auprès des électeurs  ? Auprès du peuple  ? Non. Il faut être crédible auprès des banques, auprès des marchés, auprès de Merkel, auprès des États-Unis… Un candidat a refusé le bizutage auquel on veut le soumettre  : Mélenchon. Mélenchon n’est pas crédible. « Il vend du rêve », entend-on dire. Le problème n’est pas qu’« il vend du rêve », le problème, c’est qu’il ne vend de rêve ni aux banques, ni aux marchés, ni à Merkel, ni aux États-Unis. Parce que Mélenchon ne cède pas au chantage de la crédibilité, parce que Mélenchon sera le cauchemar de tous ceux qui pensent que l’élection ne se fait pas dans les urnes mais à la Bourse, je voterai Front de gauche au premier tour, Front de gauche au deuxième tour et Front de gauche au troisième tour…

Une étape dans la recomposition 
d’une gauche de gauche

Bernard Pudal, professeur des universités de Paris-I

La campagne présidentielle du Front de gauche est une étape – du moins c’est ce que j’espère – dans la recomposition d’une gauche de gauche. Celle-ci doit pouvoir associer de manière crédible les héritiers du mouvement ouvrier (notamment ceux du PCF), mais aussi les acteurs des multiples mouvements sociaux dans leur diversité parfois conflictuelle, et les intellectuels critiques. Ce qui implique de ne pas confondre la part stalinienne de l’histoire désormais révolue du communisme français et l’histoire toujours actuelle des engagements communistes de toute sorte  ; de ne rien céder sur la nécessité des actions contre toute forme de domination, sans pour autant méconnaître les voies spécifiques d’accès à la politique des classes populaires, autrement dit de savoir gérer toutes les formes insidieuses de racisme de classe  ; de reconnaître enfin la pleine légitimité de l’autonomie des intellectuels critiques mais, en même temps, pour ces derniers, d’apprendre à gérer leur narcissisme d’intellectuels. Tel est le sens de mon soutien à la candidature du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.


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