11ème circonscription du Pas-de-Calais : information et manipulation

mardi 5 juin 2012.
 

Il y a deux campagnes dans les quatorze communes de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais. Il y a la campagne d’ « Henin-Beaumont », comme persiste à le dire, pour faire simple compte tenu du niveau intellectuel de leurs consommateurs, quelques-uns des médias parmi l’incroyable nuée présente sur place. Ceux-là viennent contempler sur place le miroir de leurs fantasmes. Ils viennent voir la brillante madame Le Pen, adorée du peuple, recevoir un formidable accueil et patati et patata. Lire « Le Monde » et les articles d’Abel Mestre. Parmi les votifs on notera cependant les étranges mœurs professionnelles de quelques-uns d’entre eux. Ce sont de purs agents de l’extrême-droite. Un petit groupe de provocateurs qui passent de l’un à l’autre sur place colportant ragots et médisances pour recueillir ensuite des réactions outrées et ainsi de suite. Naturellement ce n’est pas le cas de tous. Loin de là. Car il y a la deuxième campagne. Celle qui a lieu dans les quatorze communes. Des tas de gens de presse sont là, aussi perplexes que moi devant ce que nous découvrons ici. D’abord l’étendue des sacs d’embrouilles entre les notables socialistes locaux. Ensuite un Front national concentré dans une seule ville, absent de toutes les autres, payant ses distributeurs de tracts et colleurs d’affiches, magouillant avec certains socialistes sur le dos de leurs concurrents respectifs comme l’a révélé « Rue 89 ». C’est-à-dire le contraire de la légende dorée en vigueur dans certaines rédactions. A l’inverse notre réseau local qui s’appuie sur un Parti communiste actif et des syndicalistes omniprésents nous permet de tout voir tout entendre. Notre petit PG local et l’escouade venue avec moi de Paris quadrille aussi à merveille. Ainsi sommes-nous en état de repérer les arrivées de minibus parisiens avant les descentes de la grande madame sur les marchés. Pour autant le Front national, à 31 % dans la circonscription, est bien présent comme facades_12courant électoral. Comment entre-t-il dans les familles ? Par la radio, la télé, les reportages apologétiques. Bref, par toutes ces assignations de soi-disant « observateurs » dont le travail fonctionne en réalité comme une propagande.

Reste que le harcèlement de quelques mirmillons nous a déjà assez pourri la vie, comme pendant la présidentielle, pour que j’ai pris la décision, comme en pleine campagne présidentielle, de ne plus publier une bonne partie de mon agenda et m’éviter ainsi leur présence. Je pense bientôt tarir purement et simplement l’information sur mes occupations. Car la présence médiatique si elle a un intérêt évident a aussi parfois un inconvénient majeur. Celui de la manipulation. Elle peut changer le cours de la campagne. En tête du classement de ceux qui inventent la moitié de leurs informations en vue de recueillir l’autre moitié, les journaux proches du Front national du fait de leurs lecteurs : « Le Parisien » et « L’Express ». Un bon exemple pour éclairer le propos. Le « journaliste » du « Parisien » tweete que je me cache dans une voiture plutôt que « d’affronter » madame Le Pen sur le marché. Un pur bobard du genre « montre que t’es un homme, va te battre ». Le même se délecterait à coup sûr de pouvoir décrire, comme l’annonce tel autre de ses collègues une « bataille de coqs » dont je serais le responsable. D’ailleurs une évaporée munie d’une caméra, totalement surexcitée, m’a accueilli sur le marché en me demandant de commenter une poterie où deux coqs s’affrontent. Ce n’est pas beau le journalisme d’investigation chez les indigènes ch’tis ? Donc, je me serais caché selon « Le Parisien ». Aussitôt l’AFP reprend l’information et dix journalistes la recopient dans leur merveilleux papiers tellement facades_11couleur locale ! Problème de détail : je ne me cachais nullement. Mais où étais-je à l’heure où les vampires vont boire du sang sur le marché de Hénin-Beaumont ? Voilà la question que leur insondable curiosité professionnelle ne leur suggère pas de se poser quand il est si facile de recopier sans réfléchir. Vous allez voir jusqu’où va l’aveuglement de ces gens. A cette heure-là, j’étais à dix minutes de là, en urgence dans une usine, Meryl Fiber, dont les ouvriers avaient appris la veille qu’elle passera en redressement judiciaire mercredi qui vient. Plusieurs centaines de salariés sur le carreau. J’ai pris la parole devant eux, perché sur une estrade improvisée. Cela faisait une bonne occasion pour des images, pour du son, pour du papier, pour des tweets, non ? Quelqu’un d’entre vous a entendu parler de Meryl Fiber dans la journée ? Macache ! Pas un de ces grands Rouletabille n’a fait autre chose que de se monter sur les pieds dans les allées étroites du marché en piétinant les gens. Et de recopier les inventions de leur « collègue » du « Parisien », bon facho patenté qui ricane ensuite dans ses réponses à ceux qui l’interpellent sur ce curieux procédé. Je vous raconte tout cela pour que vous compreniez dans quelle ambiance une fois de plus nous évoluons.

Naturellement toute cette prose n’a aucun impact local car personne ne la lit. Il s’agit juste de la campagne nationale de ces organes de presse. Ce qu’ils publient n’est pas destiné au public local mais à celui du reste de la France. C’est de cette façon qu’il faut l’analyser. Qu’ont-ils à vendre ? Le « nouveau » Front national. Ici nous retrouvons le problème posé depuis le début de l’opération de « dédiabolisation » de l’extrême-droite. Une partie de la droite médiatique joue un rôle très actif dans le facades_13rapprochement entre l’extrême-droite et la droite classique. Elle a accompagné avec enthousiasme le glissement progressif de Nicolas Sarkozy dans cette direction. Elle entoure avec intérêt le travail de la droite « populaire ». Pour que l’opération fonctionne, il faut que son pendant soit mis en scène. C’est-à-dire créer une équivalence entre le Front national et le Front de Gauche. C’est la ligne que la droite cherche à construire. Ainsi quand Xavier Bertrand affirme que je ne suis pas républicain. Puis Copé lorsqu’il déclare que les programmes du Front de Gauche et celui du FN sont semblables. Parfois l’outrance explose davantage. Ainsi quand Copé, de nouveau, met sur le même plan Brasillach et Robespierre ! Sur le même plan l’homme qui voulait la déportation des enfants juifs et celui qui le premier a donné la citoyenneté aux juifs de France. On attend toujours la protestation du CRIF. Mais comme je suppose que, pour monsieur Prasquier, je suis surtout un « ami des arabes », il doit penser que tous les coups sont permis contre moi. Il devrait plutôt se méfier. Comme certains de ceux qu’amusait la polémique sur la viande hallal : ils se sont réveillés douloureusement quand ils ont réalisé qu’elle visait aussi la viande casher !


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