Dans le nord du Mali, le Mujao continue d’appliquer la charia

mercredi 15 août 2012.
Source : Le Monde.fr
 

Trois jours après en avoir été empêchés par les habitants d’Ansongo au nord du Mali, les islamistes proches d’Al-Qaida qui détiennent le contrôle de la région ont amputé, mercredi 8 août, la main d’un voleur. Un chef islamiste d’Ansongo, Mohamed Ould Abdine, a affirmé, jeudi 9 août : « C’est la loi de Dieu. C’est la charia qui exige ça. » Et de préciser que d’autres amputations auraient lieu prochainement.

Le châtiment de mercredi est le premier cas de mutilation rapporté dans la zone. Le 29 juillet, les islamistes avaient lapidé à mort, dans la localité d’Aguelhok, un couple non marié qui avait eu un enfant. Précédemment, d’autres hommes et femmes dont l’union était jugée « illégitime », des personnes buvant de l’alcool ou fumant, ont été fouettés en public dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou.

MANIFESTATION DE COLÈRE

Dimanche, des centaines d’habitants de Gao, la grande ville proche d’Ansongo, principalement des jeunes, avaient empêché les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) de procéder à ce châtiment. Evoquant cette intervention populaire, Mohamed Ould Abdine a affirmé : « La dernière fois, nous avons reporté [l’amputation] à cause de l’intervention des notables, non à cause de la population, qui ne peut rien. »

Un animateur de radio avait été passé à tabac puis hospitalisé par les islamistes pour avoir publiquement rendu compte de cette manifestation de colère. Son agression avait donné lieu dimanche soir à une nouvelle protestation des habitants.

Malgré les soulèvements des civils, le Mujao et un autre groupe islamiste armé allié d’AQMI, Ansar Eddine, qui contrôlent depuis fin mars les deux-tiers du Mali, veulent imposer la charia dans le pays. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est dite, mercredi, prête à envoyer une force armée de 3 300 hommes dans le pays. Elle attend pour cela une demande formelle des autorités de Bamako ainsi qu’un mandat de l’ONU.

* Le Monde.fr 9 août 2012 18h 45


Nord-Mali : des islamistes tuent un couple non marié par lapidation

Des islamistes ont tué dimanche 29 juillet par lapidation un couple non marié à Aguelhok, dans le nord du Mali, le premier cas à ce jour connu dans cette région depuis son occupation totale par les groupes armés islamistes il y a quatre mois, ont affirmé lundi à l’AFP deux élus de la région.

« J’étais présent sur les lieux. Les islamistes ont amené au centre d’Aguelhok le couple non marié », l’homme et la femme ont été « mis dans deux trous et les islamistes les ont lapidés jusqu’à ce que mort s’ensuive », a déclaré un élu dont les propos ont été confirmés par un autre. Tous deux ont souhaité garder l’anonymat.

Le premier élu a affirmé que « dès les premiers coups la femme s’est évanouie », alors que l’homme « a crié une fois » avant de se taire. La scène s’est déroulée devant une foule d’environ 200 personnes, selon lui. Le second élu a précisé « que l’homme et la femme ont deux enfants, dont le dernier a 6 mois » et qu’ils vivaient en dehors d’Aguelhok « dans la brousse ». « Ils ont été ramenés en ville par les islamistes qui leur ont jeté des pierres jusqu’à la mort », a-t-il dit, ajoutant : « Des gens sont sortis pour voir ça, il y a eu des témoins. »

PREMIER CAS DE LAPIDATION

Aguelhok, localité située dans le nord-est du Mali entre Kidal et Tessalit, non loin de la frontière algérienne, a été désertée par la grande majorité de ses quelque 3 000 habitants depuis qu’elle est contrôlée par le groupe armé islamiste Ansar Eddine (« défenseurs de l’islam »), allié d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dont plusieurs membres se trouvent aussi dans la région. Cette région du nord du Mali est tombée aux mains de ces groupes armés à la faveur du coup d’Etat du 22 mars à Bamako.

C’est le premier cas de mort par lapidation rapporté dans le nord du Mali où des couples illégitimes, des buveurs d’alcool, des fumeurs ont été fouettés en public dans plusieurs villes, notamment à Tombouctou, également contrôlée par Ansar Eddine et AQMI.

* Le Monde.fr avec AFP 30 juillet 2012


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