Il y a une autre façon de gérer l’économie que la gestion capitaliste

vendredi 17 août 2012.
 

Que se passe-t-il dans ce monde en crise ? Pourquoi ne cesse-t-on de nous dire qu’il faut absolument rembourser la dette accumulée depuis des années ?

La Dette serait-elle une calamité ou une nécessité ?

Parce que la monnaie n’existe pas à l’état naturel, il est nécessaire d’en créer si l’on veut faciliter les échanges.

Si la création de monnaie est un travail, ceux qui produisent de la monnaie doivent être rémunérés au même titre que tous les autres travailleurs.

Il y a deux logiques qui permettent de rémunérer les créateurs de monnaie.

· La logique capitaliste qui accorde à des groupes privés la possibilité de créer de la monnaie « ex-nihilo » (à partir de rien) et de se faire rémunérer en percevant des intérêts sur les sommes prêtées aux entreprises ou aux particuliers.

· La logique d’une économie socialisée qui n’accorde le droit de créer de la monnaie qu’à des organismes publics gérés démocratiquement qui ne créent de la monnaie qu’en échange de création de richesses. Ces organismes mettent de la monnaie à la disposition des créateurs de richesses, gratuitement. Les coûts de fonctionnement et les amortissements des investissements des organismes créateurs de monnaie sont financés par l’impôt.

Le système capitaliste encourage les organismes financiers privés à accroitre la dette puisque, en effet, plus l’organisme crée de monnaie, plus l’organisme perçoit d’intérêts.

Le système capitaliste sépare le monde en deux camps, ceux qui vivent de la dette et ceux qui paient les intérêts.

Le système économique socialisé ne sépare pas les êtres humains en deux camps.

Dans ce système, personne n’a intérêt à accroître la dette.

Dans une organisation économique dans laquelle les individus consomment ce qu’ils produisent, il n’est pas nécessaire de créer de la monnaie, donc pas de dette.

Dès lors que les individus ne produisent pas pour eux-mêmes mais pour les autres, il est nécessaire de créer de la monnaie pour que les productions puissent être échangées.

De ce fait, il est indispensable de créer de la dette. En effet, la dette correspond à la monnaie créée pendant le temps ou la production est créée et non encore acquise par les consommateurs.

La dette ou total de la monnaie créée est égale au montant total de la production en stock.

Quand les consommateurs acquièrent les biens de consommation disponibles sur le marché, ils dépensent la monnaie qui leur a été remise en échange de leur création de richesse. La dette disparait au fur et à mesure de la consommation. Globalement elle est toujours égale aux stocks disponibles.

1. Mécanisme de création et de destruction monétaire.

Afin que la monnaie puisse être créée et détruite en fonction de l’évolution de l’économie, dans un système économique socialisé, seule la monnaie scripturale peut exister.

En effet, avec de la monnaie papier, il est impossible d’ajuster exactement la masse de monnaie disponible avec le montant de richesse créée disponible sur le marché.

Pour ajuster la création monétaire à la richesse créée, les créateurs de richesses doivent déclarer, à l’organisme créateur de monnaie, le montant de la richesse qu’ils ont créée.

L’organisme créateur de monnaie créditent le compte du créateur de richesse (travailleur) et débitent en contrepartie une personne morale (entreprise).

C’est le débit des personnes morales qui constitue la création de la dette.

Chaque individu créateur de richesse, peut être entrepreneur, mais le cas le plus courant correspond à des créateurs de richesses regroupés dans des entreprises qui deviennent débitrices du montant total de la contrepartie des richesses distribuées aux salariés.

Ainsi, la dette est créée lorsque la richesse est créée et elle disparaît lorsque la richesse est appropriée par les consommateurs.

L’entreprise qui reçoit le paiement des biens qu’elle distribue, sur son compte bancaire, solde immédiatement la partie de la dette correspondante. Son solde débiteur envers l’organisme créateur de monnaie se réduit. En réduisant la dette, de l’entreprise, la monnaie en circulation diminue et le montant global de la Dette diminue.

Exemple : pour un produit d’une valeur de 100 Euros dont la valeur ajoutée provient de l’entreprise ou du transfert d’autres entreprises (matières premières), les 100 Euros doivent être virés sur le compte correspondant à la dette.. De fait, ce remboursement correspond à une destruction monétaire.

La création monétaire implique des mécanismes de contrôles démocratiques, car l’être humain à la fâcheuse tendance de mettre son intelligence à trouver des mécanismes lui permettant de s’enrichir sans travailler, ce qui est contraire à la philosophie du système économique socialisé.

2. Complexification de la gestion de la Dette.

Si les êtres humains ne produisaient que des biens de consommation, le circuit « création et destruction de la monnaie » serait simple, comme nous l’avons vu ci-dessus.

Le problème se complexifie dès lors que l’on crée des biens de production pour améliorer la productivité de la production des biens de consommation puis d’autres biens de production.

En contrepartie de la création de richesse correspondant à la création de biens de production, les travailleurs doivent percevoir de la monnaie leur permettant d’acquérir les biens de consommation mis à disposition sur le marché.

Les entreprises sont donc débitées de la contrepartie de ce qui est crédité aux salariés.

La dette est donc augmentée de toute la valeur ajoutée correspondant à la création de biens de production.

Cependant, les travailleurs ayant reçu de la monnaie en contrepartie de la richesse créée, ne peuvent acquérir les biens de production créés car ils sont destinés aux entreprises.

Pour que les entreprises puissent acquérir les biens de production, elles doivent trouver la monnaie nécessaire à leur acquisition.

Les entreprises pourraient demander aux organismes créateurs de monnaie de leur avancer la monnaie nécessaire à leurs acquisitions, mais dans le système socialisé proposé, les organismes créateurs de monnaie ne sont autorisés à créer de la monnaie qu’en échange de création de richesse.

Puisque ce sont les travailleurs qui ont perçu la monnaie correspondant à la création de richesse il faut mettre en place un mécanisme qui transfère la monnaie perçue par les travailleurs aux entreprises.

Nous nommerons « épargne obligatoire » ces sommes que les travailleurs devront transférer aux entreprises pour qu’elles puissent acquérir les biens de production sans rien changer au montant de la Dette (création monétaire).

3. L’épargne obligatoire

Le montant de l’épargne obligatoire doit être égal au montant de la valeur ajoutée dans les biens de production.

Le taux de l’épargne obligatoire est calculé par le rapport de la valeur ajoutée dans les biens de production à la valeur totale de la valeur ajoutée au cours d’une même période.

Chaque individu recevra donc une rémunération nette qui sera calculée en déduisant de sa rémunération brute l’épargne obligatoire. Le taux d’épargne obligatoire est celui constaté comme expliqué ci-dessus, pour la période prise en compte.

Chaque travailleur conserve sur un compte spécifique la trace de l’épargne obligatoire transférée aux entreprises.

Lorsque les entreprises amortissent les biens de production pour produire des biens de consommation, elles transforment de l’épargne obligatoire en pouvoir d’achat disponible.

Le pouvoir d’achat rendu disponible doit être redistribué aux travailleurs qui doivent pouvoir récupérer le pouvoir d’achat dont ils ont été privés, pour pouvoir acquérir les biens de consommation issus de l’amortissement des biens de production.

Cette méthode de gestion de l’épargne obligatoire se différencie de la gestion capitaliste en ce sens qu’elle permet de rendre du pouvoir d’achat aux travailleurs quand les entreprises ne renouvellent pas suffisamment leurs investissements et que les amortissements sont plus importants que les nouveaux investissements.

Dans le système capitaliste, quand les amortissements sont plus importants que les investissements, notamment en période de récession, le système se bloque car le pouvoir d’achat disponible par les travailleurs n’est pas suffisant pour acquérir l’ensemble des biens disponibles sur le marché.

Dans le système capitaliste, le financement de ce qui correspond à l’épargne obligatoire est réalisé de deux façons.

1. Une épargne volontaire investie dans des actions, des obligations ou en capitaux propres dans des entreprises familiales. Seuls les travailleurs percevant des salaires suffisamment élevés pour épargner peuvent participer au financement des entreprises.

Cette épargne volontaire amorce ce que l’on pourrait nommer des « pompes à fric »

2. Les profits qui ne sont rien d’autre que le transfert du pouvoir d’achat des travailleurs qui financent les investissements des entreprises sans bénéficier du moindre titre de propriété.

Tous les travailleurs, du moins payé jusqu’aux dirigeants les mieux rémunérés, participent au financement des entreprises par l’intermédiaire des profits, lorsqu’ils acquièrent des biens de consommation.

Dans le système capitaliste, les consommateurs ne récupèrent jamais la part de financement des entreprises correspondant aux profits. Seuls ceux qui investissent volontairement dans les entreprises (actions) récupèrent des dividendes et/ou voient leur épargne croitre du fait de l’augmentation de la valeur de leurs actions.

En comparant les deux systèmes économiques, chacun comprendra que le financement des investissements des entreprises par l’épargne obligatoire est favorable à la majorité des travailleurs.

4. De la DETTE

Le montant de la Dette nécessaire (dette des entreprises envers l’organisme créateur de monnaie) est donc égal à l’ensemble des biens disponibles sur le marché et de la partie non amortie des biens de production acquis par les entreprises.

Alors que dans un système économique socialisé on ne peut faire autrement que de créer une Dette dont le montant est égal à l’ensemble des biens disponibles sur le marché et de la partie non amortie des biens de production acquis par les entreprises, on comprend que dans un système qui fait payer des intérêts sur le montant total de la monnaie mise à la disposition, ces sommes représentent des sommes énormes qui sont payées par les consommateurs qui transfèrent une partie importante de leur pouvoir d’achat aux créateurs de monnaie par l’intermédiaire des entreprises qui incluent ces coûts dans leurs prix.

Le système capitaliste, lui, ne limite pas la création monétaire à la création de richesse. Les organismes créateurs de monnaie prêtent aux entreprises pour acquérir des biens de production et /ou les matières premières nécessaires à leur fonctionnement, aux particuliers pour acquérir des biens de consommation durables, dont les habitations, accorde des prêts personnels sans destination qui peuvent servir à la spéculation. Le volume de monnaie en circulation rapportant des intérêts aux banques est sans commune mesure avec ce qu’il est nécessaire de créer pour faire fonctionner l’économie rationnellement.

5. La Dette, du privé au public

Puisque la Dette, dans une gestion rationnelle de l’économie, doit correspondre à l’ensemble des biens disponibles sur le marché et à la valeur des biens de production non amortis, elle ne devrait en aucun cas être publique.

Avec la complicité des politiciens, les impôts qui devraient couvrir l’ensemble des dépenses de l’Etat et des collectivités locales, ne sont pas perçus dans leur globalité. Dès lors, les individus, en premier lieu les plus riches, peuvent accumuler les sommes fabuleuses correspondant à la part des impôts non réclamés.

Ironie de nos gestionnaires, pour équilibrer les budgets des dépenses publiques, l’Etat et les collectivités publiques empruntent à ceux qui accumulent des richesses en raison des impôts non évalués aux montants nécessaires pour équilibrer les budgets. Non contents de leur emprunter le nécessaire pour équilibrer les budgets, ils versent des intérêts en contrepartie de ces emprunts, accroissant ainsi le déficit budgétaire et l’enrichissement des plus riches.

Comble de l’ironie de cette gestion désastreuse de l’économie, les Etats, dans le souci de sauver le système économique libéral ont voulu sauver le système bancaire privé, non pas en collectivisant le système bancaire mais en prenant à leur compte les milliards nécessaires au rééquilibrage des comptes.

Ces sommes fabuleuses qui ont fait croître la dette des pays de façon démente, sont devenues le prétexte pour les plus riches de spéculer en faisant payer des taux d’intérêts insensés aux Etats qui doivent pour rééquilibrer leurs comptes couper dans les budgets, notamment en réduisant le pouvoir d’achat de ceux qui ont déjà beaucoup de mal à vivre et même à survivre.

Ces dérives sont justifiées par la liberté de circulation des capitaux et les règles auxquels les dirigeants des Etats se sont volontairement soumis en signant des Traités et des accords internationaux qui ne profitent qu’aux plus riches et aboutissent par cette même logique à appauvrir une grande partie des populations qui subissent les plans d’austérité mis en œuvre pour réduire des dettes publiques qui n’auraient jamais dû voir le jour.

6. Conclusion

Ce n’est pas en conduisant les économies vers la récession, en réduisant la richesse produite que l’on réduira le poids de la dette sur l’économie, bien au contraire.

Il faut changer radicalement la gestion bancaire en transformant le service bancaire en service public dont les frais de fonctionnement et les amortissements des biens de production doivent être financés par l’impôt.

Les prêts aux entreprises doivent être accordés sans intérêt, ce qui remet totalement en cause le fonctionnement global de l’économie.

Le but des entreprises ne sera plus de réaliser des profits pour distribuer des dividendes aux actionnaires, mais simplement de satisfaire les besoins des individus en leur permettant d’obtenir par le travail et la redistribution de l’épargne obligatoire, le pouvoir d’achat nécessaire pour acquérir les biens produits par eux-mêmes et par les machines.

Le but des entrepreneurs sera d’obtenir des revenus du travail plus importants que s’ils étaient de simples salariés, mais pas de faire fortune en spoliant les travailleurs de leur pouvoir d’achat grâce à un rapport de force et la complicité des politiques qui autorisent les excès ayant conduit aux dérives actuelles.

Les entreprises devront être gérées de façon à se rapprocher le plus possible de l’équilibre comptable. En cas de profits, ceux-ci devront être transférés dans leur intégralité à l’Etat. Ces sommes permettront de compenser d’éventuelles pertes de sociétés n’étant pas parvenues à équilibrer leurs comptes. Le surplus permettra de réduire la part des impôts devant être prélevés pour équilibrer le budget de l’Etat.

Pour passer du système actuel au système préconisé, il est indispensable de rétablir l’équilibre économique entre la Dette nécessaire et la valeur des biens disponibles sur le marché complété de la valeur résiduelle des biens de production (valeur d’acquisition moins amortissements).

Pour réduire totalement la Dette publique, il est nécessaire de reprendre, en commençant par les plus riches l’ensemble des impôts qu’ils auraient dû payer si l’Etat et les collectivités publiques avaient équilibré leurs comptes depuis le début des déséquilibres budgétaires.

Il est temps de mettre fin à une organisation économique quasi mafieuse dans laquelle les rémunérations de certains ne sont plus du tout en rapport avec le travail fourni.

Il est temps de mettre fin à toutes ces pratiques financières qui permettent de gagner de l’argent, sans aucun, travail. Le transfert du pouvoir d’achat des travailleurs vers des organismes non productifs n’existent que grâce à la cupidité de certains qui pensent qu’ils peuvent s’enrichir simplement en réalisant les meilleurs placements sans nuire à ceux qui leur transfèrent leur pouvoir d’achat. La responsabilité incombe à tous ceux qui mettent en place les mécanismes rendant possible les transferts de pouvoir d’achat.

La gestion de l’économie doit devenir rationnelle. Nous avons les outils informatiques pour la gérer correctement. Ce n’est qu’une question de volonté politique. En tant qu’individu nous devons peser de toute notre énergie pour faire savoir qu’il y a une autre façon de gérer l’économie que la gestion capitaliste et pour contraindre les politiques à la mettre en place.


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