Textes contre la guerre

dimanche 17 mars 2024.
 

- 27 septembre : Journée internationale contre la guerre

1 Je déteste les armées (Anatole France)

TEXTE 1bis Je ne peux pas oublier la guerre (Jean Giono)

TEXTE 2 Les obus (extrait de : Les croix de bois, Roland Dorgelès)

TEXTE 3 Les petits lignards (Guy de Maupassant)

TEXTES 4 : Voltaire, Vigny, Tolstoï, Sénèque, Romain Rolland, Pascal, Montaigne, Lavisse, Daudet.

TEXTES 5 : Hérodote, Bossuet, Fénelon, La Rochefoucauld, Liebnitz, Condorcet, Lamartine, Guy de Maupassant.

TEXTE 6 : Un déserteur ( André Marty)

TEXTE 7 : La patrouille ( témoignage d’Henri Barbusse, extraits de son livre Le Feu)

TEXTE 1) Je déteste moins les armées pour la mort qu’elles sèment que pour l’ignorance et la stupidité qui leur font cortège (Anatole France)

TEXTE 1bis) Je ne peux pas oublier la guerre (Jean Giono)

Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur.... Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marquent. J’ai été soldat de deuxième classe dans l’infanterie pendant quatre ans, dans des régiments de montagnards. Avec M. V., qui était mon capitaine, nous sommes à peu prés les seuls survivants de la 6ème compagnie. Nous avons fait les Eparges, Verdun-Vaux, Noyons-Saint-Quentin, le Chemin des Dames, l’attaque de Pinon, Chevrillon, le Kemmel. La 6ème compagnie a été remplie cent fois et cent fois d’hommes. La 6ème compagnie était un petit récipient de la 27ème division comme un boisseau à blé. Quand le boisseau était vide d’hommes, enfin quand il n’en restait plus que quelques-uns au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais. On a ainsi rempli la 6ème compagnie cent fois et cent fois d’hommes. Et cent fois on est allé la vider sous la meule. Nous sommes de tout ça les derniers vivants, V. et moi.

Extrait de Refus d’obéissance


TEXTE 2 Les obus (extrait de : Les croix de bois, Roland Dorgelès)

Un souffle encore piqua sur nous... Je m’étais ramassé, la tête dans les genoux, le corps en boule, les dents serrées. Le visage contracté, les yeux plissés à être mi-clos, j’attendais... Les obus se suivaient, précipités, mais on ne les entendait pas, c’était trop près, c’était trop fort. A chaque coup, le coeur décroché fait un bond, la tête, les entrailles, tout saute. On se voudrait petit, plus petit encore, chaque partie de soi-même effraie, les membres se rétractent, la tête bourdonnante et vide veut s’enfoncer, on a peur enfin, atrocement peur... Sous cette mort tonnante, on n’est plus qu’un tas qui tremble, une oreille qui guette, un coeur qui craint...


Poèmes contre la guerre

Chansons contre la guerre


Texte 3 Les petits lignards (fantassins) par Guy de Maupassant

Les petits lignards qui courent là-bas sont destinés à la mort comme les troupeaux que poussse un boucher sur les routes. Ils iront tomber dans une plaine, la tête fendue d’un coup de sabre ou la poitrine trouée d’une balle ; et ce sont des jeunes gens qui pourraient travailler, produire, être utiles. Leurs pères sont vieux et pauvres ; leurs mères qui, pendant vingt ans, les ont aimés, adorés comme adorent les mères, apprendront, dans six mois ou un an peut-être, que le fils, que l’enfant, le grand enfant élevé avec tant de peine, avec tant d’argent, avec tant d’amour, fut jeté dans un trou comme un chien crevé, après avoir été éventré par un boulet et piétiné, écrasé, mis en bouillie par les charges de cavalerie.

Extrait de Sur l’eau


TEXTES 4 : Voltaire, Vigny, Tolstoï, Sénèque, Romain Rolland, Pascal, Montaigne, Lavisse, Daudet.

Voltaire : Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus affreux dans la nature entière.

Alfred de Vigny : Il n’est point vrai que la terre soit avide de sang. Elle ne réclame au ciel que l’eau fraîche de ses fleuves et la rosée pure de ses nuées.

Tolstoï : La guerre n’est pas une oeuvre bonne et louable, mais, comme tout meurtre, elle est une affaire abominable et criminelle, aussi bien pour les hommes qui choisissent le métier militaire que pour ceux qui l’acceptent...

Sénèque : Nous punissons les meurtres et les assassinats particuliers, tandis que l’assassinat de tout un peuple est tenu pour une chose glorieuse.

Romain Rolland : La guerre est le fruit de la faiblesse des peuples et de leur stupidité.

Pascal : Pourquoi me tuez-vous ? - Eh quoi ? Ne demeurez-vous pas de l’autre côté de l’eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté je serais un assassin, cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais puisque vous demeurez de l’autre côté, je suis un brave, et cela est juste.

Montaigne : Quant à la guerre, qui est la plus grande et pompeuse des actions humaines, je voudrais savoir si elle ne fournit pas le témoignage de notre imbécilité et imperfection. N’est-elle pas la science de nous entre-défaire et entretuer, de ruiner et de perdre notre espèce ?

Ernest Lavisse : Terrible cercle vicieux que celui-ci : les Etats ont des armées pour se défendre contre la guerre ; ils ont la guerre parce qu’ils ont des armées.

Alphonse Daudet : La guerre m’ennuie, je la trouve bête et sale. Des deux façons d’envisager un champ de bataille, la verticale, celle du cavalier, le sabre au clair, droit sur l’étrier, un coup d’eau de vie dans la tête ; et l’horizontale, celle du blessé qui se traîne le ventre ouvert, dans l’ordure et le sang, je n’ai jamais pu imaginer que la dernière, qui m’a dégoûté, sinon effrayé... (La petite paroisse)


TEXTES 5 : Maximes de Hérodote, Bossuet, Fénelon, La Rochefoucauld, Liebnitz, Condorcet, Lamartine, Guy de Maupassant

Guy de Maupassant : Si les peuples se servaient de leurs armes contre ceux qui les ont armés, la guerre serait morte.

Fénelon : La guerre est un mal qui déshonore le genre humain

Hérodote : La paix est le temps où les fils enterrent leurs pères, la guerre est le temps où les pères enterrent leurs fils.

Bossuet : La guerre est une cause si horrible que je m’étonne comment le seul nom n’en donne pas horreur

La Rochefoucauld : Il y a des crimes qui deviennent innocents et même glorieux par leur nombre et leur excès ; de là vient queles voleries publiques sont des habiletés et que prendre des provinces injustement s’appelle faire des conquêtes.

Liebnitz : Ceux qui invoquent la paix pour faire la guerre ne songent sans doute qu’à la paix des cimetières.

Condorcet : Les peuples, plus éclairés, se ressaisissant du droit de disposer d’eux-mêmes, de leur sang et de leurs richesses, apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste, comme le plus grand des crimes.

Lamartine : Je ne crois pas qu’il soit bon de déifier ainsi sans cesse la guerre, de surexciter ces bouillonnements déjà trop impétueux du sang français, qu’on nous représente comme impatient de couler, comme si la paix qui est le bonheur et la gloire du monde pouvait être la honte des nations


Texte 6 d’André Marty ( Mutin de la Mer Noire en 1919, condamné à 5 ans de travaux forcés, dirigeant des Brigades internationales en Espagne...), lu à la Chambre des députés le 10 juillet 1924.

Un déserteur

Voici un exemple qui est peut-être rare mais qui est vrai. Il y avait à côté de moi, au bagne de Clairvaux, un légionnaire suisse, Edouard Trussels, trois fois blessé, décoré de la croix de guerre avec cinq palmes, condamné pour désertion en présence de l’ennemi.

Edouard Trussels était venu s’engager dans la légion étrangère, dès le début de la guerre. Il faisait la guerre comme les légionnaires la faisaient, avec haine. Jusqu’en 1917, il ne comprenait que cela : tuer, tuer le plus d’Allemands possible.

En 1917, lors des combats du Labyrinthe, il trouva dans un boyau un vieux soldat allemand qui avait la main droite fermée et tenait de la main gauche son fusil par le canon. Trussels, qui arrivait la baïonnette en avant, le tua.

Dans la nuit, il voulut savoir ce que le soldat allemand gardait dans sa main. Il vint à lui, lui ouvrit le poing et y trouva une photographie représentant une femme et deux petits enfants. Il vit au dos de cette photographie, le nom de Hans Schumann, tourneur sur métaux à Magdebourg.

Il m’a redit bien souvent : " Pendant trois nuits, je suis allé voir ce cadavre ; je me demandais si j’avais le droit de tuer un ouvrier comme moi".

Puis, il déserta et se cacha. Il a été repris trois mois plus tard et condamné à quinze ans de détention. Le matin au réveil, quand nous sortions de nos cellules, il ne se plaignait pas comme nous. Il venait vers moi et me disait : " J’en ai encore rêvé cette nuit. Quand même, crois-tu que je ne sois pas un assassin ?"


Texte 7

Témoignage : La patrouille ( Le Feu d’Henri Barbusse Extrait)

Il y a quatre nuits qu’ils ont été tués ensemble... Nous étions de patrouille... Vers minuit, on est sorti de la tranchée, et on a rampé sur la descente, en ligne, à trois ou quatre pas les uns des autres et on est descendu ainsi très bas dans le ravin, jusqu’à voir, gisant devant nos yeux, le talus international. Des balles sifflaient autour de nous, mais elles nous ignoraient, ne nous cherchaient pas... L’un de nous s’est retourné, en bloc et son fourreau de baïonnette a sonné contre une pierre. Aussitôt une fusée a jailli en rugissant du boyau international. Alors unemitrailleuse placée de l’autre côté du ravin a balayé la zone où nous étions... J’ai vu quatre cadavres... Chacun d’eux contenait plusieurs blessures à côté l’une de l’autre, les trous des balles distants de quelques centimètres... Barque et Biquet sont troués au ventre, Eudoxe à la gorge... Lamuse a eu l’épaule droite hachée par plusieurs balles et le bras ne tient plus que par des lanières d’étoffe de la manche et des ficelles qu’on y a mises... Un nuage de pestilence commence à se balancer sur les restes de ces créatures avec lesquelles on a si étroitement vécu, si longtemps souffert.


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