Carburants  : les Français attendent le blocage des prix

jeudi 23 août 2012.
 

Les Français attendent la mise en œuvre d’une mesure de blocage temporaire des prix des carburants, mais ils doutent de la volonté de François Hollande de tenir son engagement électoral.

Dans notre sondage Ifop pour l’Humanité, 88% des interrogés se déclarent favorables au blocage des prix. Parmi ceux qui sont très favorables à une mesure visant à enrayer la flambée à la pompe, les ouvriers (63%) et les employés (59%) sont bien plus nombreux que les cadres supérieurs et professions libérales (43%).

Toujours parmi les Français très favorables au blocage des prix, on constate que les attentes sont également plus fortes dans les zones rurales (60%) que dans l’agglomération parisienne (40%). « C’est très net, l’intensité des attentes et l’urgence s’affirment très fortement dans certains endroits et dans les milieux les plus populaires », relève Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop.

60 % des français montrent du scepticisme

Partisans à une écrasante majorité du blocage des prix des carburants, les Français peinent à pronostiquer l’entrée en vigueur de cette mesure, malgré les propos de campagne de celui qui est devenu président de la République. Globalement, ils ne sont que 40% à imaginer que François Hollande tiendra son engagement, contre 60% à penser qu’il ne le fera pas. « Avec 60% des Français qui montrent du scepticisme sur la volonté ou la capacité de François Hollande sur les prix des carburants, on est au même niveau qu’en janvier dernier, avant même l’élection, constate Jérôme Fourquet. C’est très frappant, cela signifie que, pour les Français, il peut apparaître compliqué d’agir sur cette question, au moment où les finances publiques sont très dégradées et alors que les taxes sur les carburants sont vues comme des pompes à fric pour l’État... »

Évidemment, ce sont les électeurs Modem (86%), UMP (88%) et FN (83%) qui figurent parmi les plus persuadés que l’Élysée flanchera sur le sujet, quand les sympathisants PS (75%), Front de gauche (74%) ou Europe Écologie (69%), estiment, eux, majoritairement que le président mettra en œuvre un blocage des prix des carburants. « Il faut relever que l’électorat de François Hollande continue de penser qu’on peut bloquer les prix des carburants, ajoute Jérôme Fourquet. À gauche, malgré le scepticisme, ils sont trois quarts à croire que les engagements seront tenus. C’est aussi une manière de dire au gouvernement  : “On vous regarde  ! Est-ce que le pain blanc a été mangé, est-ce qu’on va rentrer dans le dur  ?” Avant la fiscalité à l’automne, un des dossiers sur lesquels il va y avoir une épreuve de vérité pour François Hollande, c’est bien celui du blocage des prix de l’essence et du diesel. »

Le patronat pose ses conditions Les pétroliers ne seraient pas contre un blocage des prix 
des carburants... si et seulement s’il passe par un jeu 
sur les taxes  ! « Le problème, c’est comment le faire », 
a expliqué, hier, Jean-Louis Schilansky, le président de l’Ufip. Pierre Moscovici avait annoncé le 8 août qu’une mission allait 
se pencher sur la formation et la transparence des prix 
des carburants, ce qui semble indiquer que la piste des marges des pétroliers pourrait être creusée.

Thomas Lemahieu, L’Humanité


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