Hollande à Kinshasa : la Françafrique ne peut être normale !

mardi 16 octobre 2012.
 

La visite de François Hollande au sommet de la Francophonie de Kinshasa en République Démocratique du Congo est un triste symbole. Celui de la continuité du soutien de l’Etat français aux chefs d’Etat africains, y compris quand ce sont de véritables dictateurs. Ce soutien étant avant tout un moyen essentiel de favoriser les intérêts des entreprises françaises dans les anciennes colonies.

D’ailleurs, le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius a depuis cet été revendiqué ouvertement la volonté de mettre la diplomatie française au service du patronat. Cette « diplomatie économique » a pour mission de participer au « redressement économique de la France » et de contribuer à réduire le déficit commercial de l’économie française. Ce refrain a été repris par le ministre du développe Pascal Canfin, membre d’Europe Ecologie, qui prétend un peu rapidement que : « Nous avons normalisé les relations entre la France et l’ensemble des Etats concernés, en Afrique et ailleurs. » Il semble plutôt que ce soit les logiques de domination économique et géopolitique qui ont « normalisés » les ministres du gouvernement Ayrault. D’ailleurs Laurent Fabius s’est fait fort de laisser en poste la plupart des réseaux chiraquiens qui gèrent au Quai d’Orsay le quotidien des relations entre la France et les pays africains.

Depuis son arrivée au pouvoir, François Hollande s’est ainsi soumis au rituel de la réception des chefs d’Etat africains parmi les plus contestés. Le 11 juin, il recevait ainsi le président nigérien Issoufou pour promouvoir les intérêts d’AREVA. Quelques semaines plus tard, il recevait les incontournables Ali Bongo (héritier du chef d’Etat gabonais Omar Bongo) et le président burkinabé, l’inamovible Blaise Compaoré. Même si François Hollande ne se livrera pas à des discours aussi ignobles et méprisants que celui que Sarkozy avait tenu à Dakar, sa visite à Kinshasa renforce la légitimité du président Congolais Joseph Kabila dont le régime est responsable de multiples violations des droits de l’homme (plusieurs opposants auraient été placés en détention ces derniers mois).

L’ouverture faite par le gouvernement Ayrault à propos d’une réunion interministérielle sur les réparations liées à l’esclavage est pourtant une bonne chose. Il ne s’agit pas de « repentance » comme de nombreuses voix l’affirment à droite, mais de justice. Cette justice est indispensable pour établir des relations apaisées entre les peuples. Mais elle ne peut suffire à elle-seule. Et la reconnaissance des crimes passées ne peut en aucune façon servir à atténuer les compromissions d’aujourd’hui.


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