Le peuple répond résistance

samedi 27 octobre 2012.
 

Et ça continue à marche forcée. Les textes s’enchaînent sans répit. Rarement dans une session parlementaire un gouvernement aura autant recouru à la procédure d’urgence. Quand il l’a appliquée au TSCG, c’était pour empêcher le débat car il n’y avait aucune raison de précipiter le vote du Parlement. La loi instaurant une Banque Publique d’Investissement passera aussi à la moulinette d’une procédure accélérée. Cela ajoutera à l’opacité d’un accouchement préparé sous la férule du banquier Pigasse, que l’on préfère portraiturer comme un amateur de Rock’n Roll que comme un organisateur du désastre de Natixis qu’il fut. De toute façon ce projet consacre le dessaisissement de l’Assemblée Nationale qui était censée contrôler la Caisse des Dépôts pour confier un simulacre de pilotage politique aux barons régionaux. En revanche, les vraies urgences comme PSA ou Arcelor attendent toujours. Aucune loi n’a été discutée pour contrer la vague de licenciements initiée par le patronat il y a plusieurs mois. L’Assemblée élue pour mettre en œuvre le changement n’a pas le temps de se pencher sur ces questions.

Elle doit passer quatre longs mois à n’adopter qu’une seule chose, l’austérité ! Quatre mois pour voter le TSCG. Puis la loi organique. Puis la loi de programmation des dépenses publiques qui doit rationner tout ensemble les budgets de l’État, des collectivités locales et de la Sécu. Et enfin le budget 2013, qui représente un plan d’austérité deux fois plus important que les deux de Fillon de 2011 réunis. Quatre mois gâchés par la soumission à l’austérité, pendant lesquels la volonté politique est mise sous le boisseau de l’obsession comptable de la réduction des déficits et du remboursement de la dette. L’austérité est un rétrécissement de l’horizon démocratique. Dans les médias, la monomanie austéritaire est la seule opinion autorisée. A part bien sûr – il faut bien distraire le public ! – la mise en scène du « danger islamiste » qui donne lieu à sa série de rodomontades et de campagnes d’affolement. Pendant la campagne présidentielle déjà, les médias avaient mis au premier plan l’offensive de Le Pen sur la viande hallal la semaine où le TSCG passait au Conseil des ministres. Plus récemment, France 2 consacrait son dernier Mots Croisés avant l’adoption du TSCG, principale sinon unique émission politique du service public hertzien, à l’Islam avant d’aborder dans l’édition suivante le « made in France »… des terroristes.

Le paradoxe est qu’alors qu’elle est soustraite à tout débat démocratique, l’austérité va bouleverser nos vies. Ses conséquences toucheront tous les secteurs de l’activité et s’imposeront plus durablement qu’aucune autre politique puisque le TSCG et la loi organique prévoient des dispositifs à la fois contraignants et permanents. Lorsqu’une constitution est adoptée, c’est souvent au terme d’une procédure exceptionnelle avec vote référendaire. Il faut en effet une procédure assurant le consentement du peuple pour que cette loi soit effectivement fondamentale. L’austérité imposée sans discussion ne peut que susciter le rejet populaire à mesure qu’elle s’appliquera. Elle est aussi intenable politiquement qu’économiquement. Regardez la journée du 14 novembre. Pour la première fois la modérée Confédération Européenne des Syndicats a décidé de rejeter un traité européen. Elle appelle à une journée européenne d’action qui va prendre la forme d’une grève générale dans plusieurs pays européens. C’est encore une première. Avec l’austérité progresse aussi la résistance à l’austérité.


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