Hollande avoue la difficulté à gérer la crise du capitalisme

lundi 12 novembre 2012.
 

"Exercer le pouvoir, aujourd’hui, c’est très dur. Il n’y a plus aucune indulgence, aucun respect. Mais je le savais". Ainsi s’exprime le président de la République qui assume sa politique et qui dit qu’il a voulu le pouvoir "pas simplement pour des raisons personnelles, le destin d’une vie. Mais parce que je pense que pour la France, c’est mieux que ce soit la gauche qui fasse cette mutation, qu’elle le fasse par la négociation".

Car François Hollande en est convaincu, la gestion de la crise passe par la négociation. Il pense que la droite n’avait pas la bonne méthode, mais que la gauche possède le savoir-faire qui permettra au peuple d’accepter les sacrifices. Car les sacrifices vont être nombreux, conséquences inéluctables de la décision d’avoir adopté le traité budgétaire européen.

Il pense très certainement en son for intérieur que cette méthode de la négociation permettra sans doute de diminuer les affrontements de classe et surtout qu’elle évitera que le capitalisme soit remis en question par la majorité du peuple, car pour la plus grande partie de nos politiciens il n’ y a aucune perspective en dehors du capitalisme. En un sens il a raison, le dialogue permet toujours de gagner du temps, mais le dialogue permet aussi aux consciences de mûrir surtout si ce dialogue met en exergue les contradictions du système et qu’il est alimenté par les actions revendicatives et les propositions alternatives des travailleurs plus ou moins organisés, tout comme des secteurs économiques émergents animés par la nouvelle et nombreuse génération de diplômés victime d’un chômage massif prête à entreprendre mais qui se voit refuser les aides nécessaires par les banques. Ensemble, des secteurs entiers de populations très divers peuvent ainsi se retrouver dans des actions multiformes dans la rue comme sur le net.

D’ailleurs les tentatives de contrôle de l’internet par les puissants, leur volonté d’en limiter la gratuité et de lui imposer des règles de plus en plus marchandes ne relèvent pas seulement de raisons liées à la profitabilité qu’ils peuvent en tirer mais aussi et surtout au contrôle idéologique sur les réseaux sociaux qui pourraient devenir des plates-formes d’organisation contestataire des pouvoirs en place, engageant ainsi des formes de lutte de classe totalement inédites.

F. Hollande parle de dialogue. Encore faut-il examiner les conditions de ce dialogue, si il s’agit seulement de négociations entre quelques dirigeants syndicaux socialistes ou socialisants avec les ministres du gouvernement, l’affaire est réglée, tout le monde l’aura compris. Par contre si il s’agit de développer une méthode de concertation publique réelle avec la possibilité de donner des moyens aux salariés et aux populations de participer à celle-ci, cela peut devenir intéressant. Or pour l’instant il n’ y a rien de bien sérieux de ce côté là, rien de nouveau à l’horizon.

François Hollande ne l’a jamais caché, il n’est pas là pour changer le système, il est là pour tenter de le réguler et de faire accepter à ceux qui créent de la plus-value d’en créer davantage ou au moins d’en créer tout autant mais en acceptant de ne pas contester sa propriété aux capitalistes, voire même de rogner sur la part du salaire, de la prestation sociale, de la pension et dans le même mouvement de poursuivre la marchandisation de la société afin que tout ce qui pourrait être socialisé voire gratuit ne le soit pas, ou ne le soit plus !

Or nous l’avons maintes fois écrit ici : c’est une mission quasiment impossible. Car même si François Hollande parvenait à retarder l’affrontement généralisé qui se prépare, le système est voué à une transformation qui pourrait lui être fatale et qui le conduira d’une manière ou d’une autre à changer de nature : soit un régime ultra-autoritaire sous la houlette de néo-fascistes satisfaisant dans un premier temps la classe capitaliste sur ses exigences de rentabilité par une surexploitation du salariat puis dans un deuxième temps prenant les manettes d’un système dictatorial de contrôle des personnes et de leurs libertés, soit la création par des actions démocratiques d’une société promouvant les projets de constructions d’alternatives économiques et politiques privilégiant la coopération et les échanges mutuellement avantageux, une avancée de tous les droits humains par la création d’un système de sécurité sociale non marchand fondé sur la solidarité collective et un état de droit non plus formel pour les exploités actuels mais devenant réel.

Hollande est adepte de la pensée économique dominante, et jusqu’à preuve du contraire il n’a promu ni suscité aucun projet d’envergure d’alternative économique coopérative et socialiste qui remettrait en cause la domination des multinationales sur des secteurs vitaux comme l’énergie, le logement ou les transports. La moindre initiative dans ce sens, il le sait, pourrait devenir un tel encouragement à la transformation qu’elle en deviendrait dangereuse voire irresponsable pour les milieux dirigeants. Non, ile ne faut pas trop "rêver", François Hollande reste un gestionnaire du capitalisme et en ce sens on comprend pourquoi la tâche "est dure".

Quand cela devient "très dur" pour l’immense majorité du peuple tout simplement parce qu’il n’est pas assuré d’avoir de quoi travailler, manger, se loger, se soigner avec l’angoisse pour l’avenir des enfants, mais que cela devient aussi "très dur " pour les dirigeants au sens où ils ne savent plus trop comment maintenir le système d’exploitation en place, c’est que l’on arrive dans une phase de crise aiguë qui demande des solutions radicalement inédites.

La grandeur de Hollande serait qu’il ose emprunter des chemins novateurs en encourageant le peuple et les salariés à s’y engager. Ce n’est pas semble-t-il , et très loin de là, sa volonté.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message