Hongrie : l’extrême droite veut une liste des juifs

mardi 4 décembre 2012.
 

Marton Gyongyosi, un dirigeant du Jobbik, parti national radical hongrois, a suscité une vague d’indignation dans son pays en demandant au gouvernement de dresser une liste de juifs représentant un "risque pour la sécurité nationale", y compris parmi les députés.

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Responsable des questions diplomatiques au Jobbik, la troisième formation politique de Hongrie, Marton Gyongyosi a déclaré devant le Parlement, selon une vidéo diffusée lundi soir sur le site internet du Jobbik : "Je sais que beaucoup de personnes d’ascendance hongroise vivent en Israël et que beaucoup de juifs israéliens vivent en Hongrie. Je pense qu’un tel conflit rend opportun un recensement des gens d’origine juive vivant ici, notamment au sein du Parlement hongrois et du gouvernement hongrois, qui, effectivement, constituent un risque pour la sécurité nationale en Hongrie".

"Je suis un survivant de l’Holocauste", a réagi Gusztav Zoltai, directeur de la Fédération des consistoires juifs de Hongrie. "Chez les gens comme moi, cela génère une peur viscérale, même s’il est évident que tout cela répond uniquement à des considérations politiciennes. C’est la honte de l’Europe, la honte du monde." De 500.000 à 600.000 juifs de Hongrie ont été exterminés par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, selon le Mémorial de l’Holocauste à Budapest. "Le Jobbik est passé de l’expression d’une superstition médiévale à une idéologie ouvertement nazie", a écrit Slomo Koves, grand rabbin du Consistoire juif unifié de Hongrie.

[Le Jobbik a formé la Garde hongroise, une organisation de volontaires non armés rappelant à ses détracteurs les milices d’extrême droite de la Seconde Guerre mondiale]

Le scandale a débuté après des propos du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Zsolt Nemeth, déclarant qu’aux yeux de Budapest, un règlement pacifique du conflit israélo-palestinien bénéficierait à la fois aux Israéliens d’ascendance hongroise, aux Hongrois juifs et aux Palestiniens vivant en Hongrie. Le gouvernement a vivement condamné ces déclarations. "Le gouvernement rejette strictement les propos extrémistes, racistes et antisémites de toutes sortes et fait tout pour éteindre de telles voix", a-t-il déclaré.

Marton Gyongyosi a tenté mardi d’atténuer ses déclarations en disant qu’il faisait uniquement allusion aux personnes possédant la double nationalité hongroise et israélienne. "Je présente mes excuses à mes compatriotes juifs pour mes propos qui ont pu être mal interprétés", a-t-il dit, selon le site internet du Jobbik. Il a par la suite affirmé au cours d’une conférence de presse qu’il ne démissionnerait pas et que l’affaire était à ses yeux close, a rapporté l’agence de presse MTI.

Créé en tant que parti politique en 2003, le Jobbik est entré au Parlement à la faveur des élections de 2010, qui lui ont offert 44 des 386 sièges de l’assemblée. Il a formé la Garde hongroise, une organisation de volontaires non armés rappelant à ses détracteurs les milices d’extrême droite de la Seconde Guerre mondiale.


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