Les USA voulaient empêcher Allende élu d’entrer en fonctions comme président du Chili (1970)

lundi 6 novembre 2023.
 

Si les générations passées cachent leurs erreurs à leurs successeurs, elles condamnent ces jeunes à revivre les mêmes erreurs. Ce devoir de mémoire présente une importance particulière pour les grandes blessures des peuples, des milliers et millions d’individus broyés par l’inhumain, par l’impitoyable, par des rapports humains fondés seulement sur la force, l’exploitation, l’écrasement, les discriminations. Concernant le 20ème siècle, trois grandes sources d’inhumanité sont souvent mises en exergue : la colonisation, le fascisme, le stalinisme ; n’oublions pas celle de l’impérialisme américain, par exemple lors du putsch militaire pour renverser l’Unité Populaire au Chili.

Dans les années 1970 à 1973, le discours médiatique ambiant ressassait les bêtises habituelles sur "la démocratie américaine". Pourtant, il était évident que les Etats Unis préfèreraient un coup d’Etat fasciste plutôt que laisser leurs entreprises prendre des risques économiques et financiers lors d’un processus politique dirigé par la gauche.

- 4 septembre au 3 novembre 1970 Les Etats Unis font tout pour empêcher que Salvador Allende devienne président du Chili.

- 24 octobre 1970 : Le socialiste Salvador Allende gagne l’élection présidentielle du Chili.

1) De 1957 à 1970, la politique des USA au Chili reste simple : tout (massacre, coup d’Etat, financement des campagnes politiques de la droite...) plutôt qu’une progression de la gauche.

1a) Présidentielles de 1958

En 1957-1958, le Chili (comme le reste de l’Amérique latine) connaît une poussée des aspirations populaires progressistes. Salvador Allende sera-t-il élu à la présidence de la république ? Les militaires tirent sur la foule à Santiago : 40 morts, des centaines de blessés. Les barons américains du cuivre inondent de dollars la campagne du candidat de droite Jorge Alessandri.

Le retour sur investissement est bon pour les USA puisque :

* Alessandri bat Allende en 1958 de 30000 voix (30000 seulement !),

* Ensuite le gouvernement chilien favorise les multinationales, les banques et les grands propriétaires fonciers.

* Enfin, les uniformes kaki des carabiniers chiliens interviennent sans cesse contre les grèves.

1b) Présidentielles de 1964

Comme pour la campagne de 1958, la droite et les USA "préparent" ces élections en voulant casser le mouvement de masse par l’intervention systématique et violente des carabiniers.

Lors de l’élection législative partielle de Curico (un fief conservateur) le 15 mars 1964, la Banque franco-italienne distribue 50000 pesos aux paysans-serfs pour voter contre la gauche ; ceux-ci empochent l’argent mais votent à gauche pour la première fois. Le Front d’Action Populaire l’emporte ; un climat de mobilisation, de revendications et d’allégresse paraît porter vers le pouvoir socialistes et communistes.

C’est dans ce contexte qu’éclate le 1er avril 1964 le putsch fasciste au Brésil où les USA ont imprégné de longue date le corps des officiers par des doctrines (Sécurité nationale, Guerre contre-révolutionnaire) qui attribuent un rôle politique et administratif aux armées. Les escadrons de la mort commencent leur sale besogne d’assassinats. Des officiers français (dont Aussaresses) viennent enseigner aux latino-américains l’utilité de la torture au centre de Manaus.

Une victoire de la gauche aux présidentielles chiliennes annihilerait les efforts déployés par les USA pour garantir leurs intérêts au Brésil. Aussi, la Maison blanche intervient avec succès pour que le "Front Démocratique" ne présente qu’un candidat face à Allende. Ce sera le démocrate-chrétien Frei sur une orientation "Révolution dans la liberté" pour capter une partie de la radicalisation populaire. Le président John Kennedy charge son frère Robert d’homogénéiser le soutien financier des multinationales en faveur de Frei.

Grâce à une pluie de millions de dollars, le candidat de droite bat Allende. En échange, comme promis, il laisse les multinationales américaines prendre le contrôle de quatre-vingts pour cent des grosses industries chiliennes.

Cependant, Frei appartient à un parti démocrate-chrétien ayant une certaine implantation populaire par exemple dans le milieu paysan pauvre touché par les aspirations démocratiques et la politisation anti-impérialiste des années 1960. Aussi, la méfiance règne à Washington qui renforce sa présence militaire sur place et ses liens avec la hiérarchie militaire. De plus, le Département de la défense, en lien avec des groupes privés élabore le Plan Camelot puis diverses modalités pour disposer des outils nécessaires à une action subversive pro-américaine au Chili.

2) L’exploitation sans limite de l’Amérique latine constitue depuis longtemps une condition de la richesse des USA. Aussi, le capitalisme américain préfèrera toujours y imposer un régime fasciste plutôt que laisser s’y dérouler un processus démocratique aux évolutions imprévisibles pour lui

Dans les années 1967-1973, l’aspiration émancipatrice des peuples atteint certainement le plus haut point connu dans l’histoire humaine ; c’est particulièrement le cas en Amérique latine. Les partis et gouvernements sont obligés de prendre en compte l’état d’esprit de leur électorat, en particulier sa volonté d’indépendance vis à vis des USA.

En avril 1969, les ministres des Affaires étrangères de tous les pays latino-américains s’accordent sur une position commune en matière commerciale et financière consignée dans le document inititulé "consensus de Vina del mar" et remis en mains propres à la Maison Blanche à Richard Nixon.

La CIA multiplie immédiatement son activité au Chili.

* Premier objectif : expurger la démocratie-chrétienne de ses éléments progressistes. C’est chose faite dès le 4 mai 1969 ; cependant l’aile gauche quitte le parti en emportant son implantation paysanne organisée dans la Confédération Triumfo Campesino. Ce syndicat va donner naissance au MAPU (Mouvement d’Action Populaire Uni) qui va soutenir Allende pour les présidentielles de 1970 avant de se rapprocher de l’extrême gauche.

Deuxième objectif : créer un réseau d’affidés prêts à tout comprenant de grands patrons en particulier de la presse comme Edwards, des militaires comme Roberto Viaux et Troncoso, des activistes d’extrême droite héritiers de l’ancien parti nazi ( groupe Patrie et Liberté)... Le plan élaboré par la CIA consiste à créer un climat d’instabilité politique pour que les Fuerzas armadas se considèrent en droit de protéger "l’ordre", interviennent et annulent la tenue d’élections. Seul problème : quand passer à l’action ? Plusieurs responsables américains craignent une initiative prématurée et minoritaire qui affaiblirait encore la droite. Mais la logique du plan concocté l’emporte sur la prudence. Le 21 octobre 1969, sous prétexte de demander une amélioration de leurs rémunérations, les troupes et tanks du régiment d’artillerie Tacna, commandé par Roberto Viaux Marambio occupent soudain les rues de Santiago. La Confédération Unique des Travailleurs réagit aussitôt par une grève ; la gauche mobilise ; le coup d’Etat se termine par un fiasco.

3) Quels intérêts les multinationales et hommes politiques américains défendent-ils en choisissant l’illégalité putschiste contre un processus légal ? Par quels canaux interviennent-ils ?

Pour répondre à la première question, il faut avoir en tête :

Premièrement, la confusion permanente d’intérêts et de trajectoires individuelles entre les multinationales et le personnel politique aux USA.

En 1970, les bureaux de la Maison blanche privilégient l’hypothèse d’une victoire du candidat de droite Alessandri ; ceci dit une victoire d’Allende n’est pas exclue. Le manager général de Pepsi, Donald Kendall, fomente une rencontre comprenant en particulier son responsable de l’embouteillage de boissons au Chili et le conseiller du président Nixon sur les questions de sécurité. Suite à cette rencontre, les plans Track One et Track two seront esquissés.

En 1970, l’International Telephone and Telegraph Corporation possède 70% de la Chitelco (compagnie de téléphone chilienne) qui lui rapporte 153 millions de dollars par an. Or, ITT garnit abondamment les caisses noires du parti républicain au pouvoir. Dès que les résultats des présidentielles seront connus, un membre du Conseil d’administration d’ITT et un ex-directeur de la CIA promettront un nouveau pont d’or à Nixon en échange d’une "mise hors d’état de nuire" du président socialiste. D’autres grandes sociétés comme Anaconda (cuivre) font de même.

Deuxièmement, les Etats Unis considèrent l’Amérique latine comme faisant partie de leur zone naturelle de domination. A l’époque, la Banque Interaméricaine de Développement travaille sur l’objectif de soutenir un taux de croissance de 8% par an pour tout le sous-continent. Paul Prebitsch, dirigeant de la CEPAL (Commission Economique pour l’Amérique Latine) et de l’ECOSOC (Comité Economique et Social des Nations Unies) présente un rapport analysant deux possibilités pour y parvenir : soit une discipline sociale "librement consentie", soit une "discipline imposée" par des gouvernements autoritaires. De fait, les USA vont très vite choisir cette deuxième hypothèse dans les années 1970.

Les USA disposent de nombreux moyens d’intervention en Amérique latine. On trouve d’ailleurs dans le processus chilien fomenté par la CIA en 1969-1973 des ingrédients identiques à ceux utilisés dans les années 2000 contre Chavez et Morales. C’est en particulier le cas pour les liens entre services secrets américains et patrons de presse.

Plus précisément, voici quelques formes de "partenariat" qui vont contribuer à créer des liens entre les intérêts américains et des responsables chiliens : le TIAA ( Traité Interaméricain d’Assistance Mutuelle), le PAM (Pacte d’Assistance Militaire), les missions militaires chiliennes aux Etats Unis, les missions militaires américaines aux USA, le Conseil Interaméricain de Défense et le collège Interaméricain de défense, les réunions périodiques de commandants en chef, l’UNITAS (opérations navales conjointes). Insistons particulièrement sur les liens entre forces de police (carabiniers chiliens) en particulier par l’entraînement commun à l’Ecole de la zone du canal de Panama avec une instruction militaire "hautement idéologisée".

4) Quelques étapes de l’ingérence américaine avant l’élection d’Allende : de juin à Août 1970

Dès le 27 juin 1970 le terroriste en chef américain Henry Kissinger (secrétaire d’Etat, c’est à dire ministre des Affaires étrangères) déclare au sujet du Chili : « Je ne vois pas pourquoi nous resterions là sans bouger à contempler un pays sombrer dans le communisme, du fait de l’irresponsabilité de son peuple. »

Supposons qu’une telle déclaration ait émané d’URSS, de la Chine ou de la France de Mitterrand, une machinerie médiatique mondiale se serait mise en branle. Là, rien

En fait, la pression populaire en faveur d’Allende s’est trouvée renforcée par l’échec du coup d’Etat de Viaux, par la situation économique et par l’unité de la gauche. Le programme de l’Unité Populaire répond à des besoins réels dans ce pays où 30% des familles vivent avec moins de 12 escudos (valeur de 350 grammes de pain) par jour, où 43% de la population souffre de sous-alimentation, où les inégalités sociales sont énormes. La forte unité socialistes communistes ainsi que l’alliance de six partis dans l’Unité Populaire (Parti Socialiste, Parti Communiste, Action populaire, MAPU, Parti radical, Parti Social démocrate) contribuent fortement à l’enthousiasme du peuple de gauche et à l’espoir de victoire. Allende avait obtenu 6% aux présidentielles de 1952, 29% en 1958, 39% en 1964 ; la prochaine sera peut-être la bonne.

Durant l’été 1970, les Etats-Unis envisagent les diverses hypothèses envisageables concernant les élections présidentielles chiliennes. Voici quelques éléments du mémorandum confidentiel élaboré alors à Washington et publié au Seuil en 1974 :

* " Si Alessandri (droite) et son gouvernement sont élus et investis, les Etats Unis leur accorderont un fort appui financier, économique et politique... Cet appui tendrait à légitimer et à faciliter les mesures de répression... et au besoin les inciter".

* " Si le gouvernement Alessandri n’arrivait pas à contrôler la situation, il est probable que les Etats Unis s’apprêteraient à coopérer à un coup d’état militaire visant l’un des objectifs suivants"

- "recourir à de nouvelles élections sous contrôle militaire après mise hors la loi de certains courants politiques"... de gauche

- "un gouvernement militaire de droite"

- un gouvernement de "pseudo-gauche"

* " Si c’est Allende qui est élu, il n’est pas impossible que les Etats Unis mettent immédiatement à exécution des projets d’action déjà élaborés pour annuler les élections elles-mêmes"... en poursuivant "selon les hypothèses énumérées" ci-dessus. S’il disposait d’un soutien politique et populaire trop fort, commencer par une phase de déstabilisation avant de mettre en oeuvre un putsch.

5) Quelques étapes de l’ingérence américaine : Septembre et octobre 1970

4 septembre 1970 : Allende arrive en tête des présidentielles. Aussitôt, l’ambassadeur américain Edward Kerry multiplie les pressions directes "afin d’annuler les élections et empêcher la prise de pouvoir d’Allende" (voir mémorandum d’ITT en date du 17 septembre).

Les services américains s’affolent. Le manque de finesse de leurs rapports est frappant ; pour eux, de la gauche des démocrates chrétiens au Parti Communiste en passant par Allende, tous ne sont que des agents de Moscou.

Le secrétaire d’Etat (Affaires étrangères) Kissinger est sur la même longueur d’ondes le 15 septembre 1970 " L’élection d’Allende est grave pour les intérêts nord-américains au Chili... Le gouvernement Allende peut être à l’origine de troubles dans ... l’Organisation des Etats Américains. L’évolution politique du Chili est très grave pour les intérêts de la sécurité nationale des Etats Unis en raison de ses effets en France et en Italie".

Les moyens mis en oeuvre par les USA du 4 septembre (résultat des élections) au 3 novembre 1970 (entrée en fonctions) pour empêcher l’accession réelle d’Allende à la présidence de la république sont impressionnants ( voir Le Livre noir de l’intervention américaine) :

* actes de terrorisme de l’extrême droite pour provoquer une réaction de l’extrême gauche et ainsi créer un climat d’instabilité permettant de justifier une intervention militaire.

* démarches auprès de nombreux officiers soit directement, soit par l’intermédiaire de Viaux, pour organiser un putsch militaire.

* " opérations financières et économiques désorganisant le système monétaire, le système de production et de distribution".

* "climat d’insécurité... attentats et menaces contre des dirigeants de gauche"

Le plan transmis par le chef de la CIA au vice-président d’ITT ainsi que les instructions transmises le 29 septembre à l’ambassadeur Kerry prévoient d’utiliser tous les moyens possibles pour empêcher l’entrée en fonctions d’Allende ( tous sauf un débarquement massif de troupes US).

Des militaires d’extrême droite en lien avec la CIA (plan Track two)établissent un plan pour générer de la peur, du mécontentement, de la panique afin de pousser les forces armées à prendre le pouvoir. Ils commencent par une action visant à enlever et séquestrer le commandant en chef de l’armée René Schneider ; celui-ci est tué dans l’opération.

6) Le 2 novembre 1970, à la veille de l’entrée en fonctions d’Allende comme président de la république, les Etats Unis débarquent des troupes "pour combattre l’offensive d’été communiste"

Voici la seule dépêche internationale du new York Times en date du 3 novembre 1970 :

" Cependant que la fanfare de la 9ème armée du Sud Chili exécutait un hymne d’accueil chaleureux, des unités combattantes américaines, totalisant 3843 fantassins de l’armée de Terre et des Marines, ont atteri dans l’après-midi au Lyndon B. Johnson Memorial Airport de Santiago.

" Ces troupes fraîches en provenance de Fort Ord, Californie, portent les effectifs militaires au Chili à 146872 hommes, soit un peu plus que le nombre réclamé par le général Vreighton W. Abrams, commandant en chef des troupes américaines au Chili, au cours de sa conférence de presse de la mi-septembre à la Maison-Blanche.

"Nous n’avons absolument pas l’intention de demander des renforts supplémentaires" a déclaré le général Abrams en accueillant en personne les nouveaux effectifs à l’aéroport. Cependant, on a beaucoup répété ici que certains commandants d’unités pressent le général Abrams de réclamer 65000 hommes supplémentaires pour combattre l’offensive d’été communiste au Nord-Chili, laquelle d’après certains documents pris à l’ennemi, débuterait dans les prochains jours du mois prochain (l’été sud-américain commence alors que l’Amérique du Nord est plongée dans l’hiver)..."

Au moment où le Parti Communiste chilien vient à nouveau de prouver son orientation "pacifique" et "unitaire de gauche" en étant l’ initiateur de la candidature unique d’Allende et en le soutenant au premier tour, au moment où ses textes comme sa pratique indiquent clairement son choix de participer au processus légal, les USA groupent des forces armées "pour combattre l’offensive d’été communiste".

Que dit le Comité central du parti Communiste Chilien au même moment ? "Ni exclusive, ni esprit de revanche. La lutte ne se situe pas entre ceux qui ont voté Allende et ceux qui ont voté pour d’autres candidats. Elle ne se situe pas entre les partisans du socialisme et ceux qui ne partagent pas leurs opinions. Elle se situe entre, d’une part les hommes et les femmes qui respectent le suffrage universel et, d’autre part, ceux qui envisagent de passer outre, de nier au Chili le droit à l’autodétermination."

Tu admettras, lecteur, que la volonté putschiste et antidémocratique vient des Etats Unis et non du parti Communiste. En fait, les unités américaines débarquent pour compléter le plan américain visant à peser sur les forces armées chiliennes, stigmatiser le gouvernement de gauche, le déstabiliser économiquement et politiquement avant de l’écraser sous les balles et la torture le 11 septembre 1973.

7) CONCLUSION

Je ne voudrais pas terminer cet article sans rappeler l’intervention américaine pour déstabiliser le gouvernement d’Allende et préparer le coup d’Etat fasciste de 1973 :

* déstabilisation économique : crédits coupés (de 300 millions à 30 millions de dollars), arrêt de livraison des pièces détachées pour une économie jusqu’alors très liée aux Etats Unis (machines outils de l’industrie en particulier)...

* déstabilisation politique : la CIA reçoit sept millions de dollars pour soutenir l’opposition à Allende (démocrates chrétiens de Frei, conservateurs...), les journaux opposés à Allende...

Je ne voudrais pas terminer cet article sans rappeler l’immense espoir qui naissait alors au Chili, dans le coeur d’ouvriers comme de paysans, de jeunes lycéens et étudiants comme d’Indiens Mapuches sans âge...

Je ne voudrais pas terminer cet article sans dire à quel point, nous jeunes des années 68, étions suspendus à ce qui se passait au Chili, entonnant les chansons de l’Unité Populaire et scandant ses slogans : El pueblo unido, jamas sera vencido.

Je ne voudrais pas terminer cet article sans redire que nous ne pardonnerons jamais au capitalisme américain d’avoir trempé ses sales mains dans l’assassinat de milliers de nos amis.

Jacques Serieys


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