Le congrès du PG démarre, c’est le moment du débat

dimanche 30 décembre 2012.
 

Je n’imaginais pas écrire ce billet le lendemain du jour où Marc Dolez a annoncé son départ du PG. Je regrette qu’il ait choisi d’annoncer une telle décision par l’intermédiaire d’un média alors qu’il n’est pas venu à notre Conseil National qui se tenait ce week-end. C’est dommage car les militants du PG auraient préféré entendre en direct ses critiques, ce qui en plus aurait permis le débat ce qui est toujours fructueux, plutôt que les découvrir par surprise dans Libération, journal éminemment favorable au PG et au Front de Gauche, c’est bien connu.

Jean-Luc Mélenchon rendrait nos propositions inaudibles ! Ce que Libération s’est empressé de résumer en « Jean-Luc Mélenchon a rendu le Parti de Gauche inaudible ». On ne l’entend pas ? Non cela ne peut être cette définition car le moins que l’on puisse dire c’est qu’on nous entend, et Jean-Luc continue continue d’être invité dans les médias. Donc c’est l’autre définition : insupportable à écouter ? Et bien cela dépend pour qui, mais en tous les cas pas pour ceux qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois, ou ceux qui apprennent le plan de licenciements économiques, ceux qui refusent de se résigner et de se faire exploiter sans rien dire pendant que d’autres s’en mettent plein les poches. Alors oui, cela n’est pas toujours agréable à entendre pour le PS et le gouvernement. Mais ce n’est pas nous qui avons traité Jean-Marc Ayrault de traître, mais Edouard Martin, leader CFDT de Florange. Et oui, les temps sont durs et ils appellent des réponses fortes. Et contrairement à ce que pense Marc, ce serait d’être timoré face aux politiques gouvernementales actuelles qui précipiteraient les classes populaires dans l’expression du « c’est toujours la même chose, ils font des promesses avant et les oublient après », « la gauche et la droite c’est pareil » etc .. et pour finir le retour de la droite flanquée de l’extrême droite. Nos propositions sont claires contre l’austérité, contre les licenciements, contre le bradage de l’industrie en nationalisant Florange par exemple, car nous avons besoin d’acier en France, contre Notre-Dame des Landes (mais sur ce dernier point pas sûr effectivement que Marc soit d’accord)...

Non, Marc, le Front de Gauche ne stagne pas. Nous aimerions tous qu’il se renforce beaucoup plus vite ? C’est sûr. Mais pour faire un bilan, il ne faut pas se contenter des titres mal intentionnés des médias. Ce week-end, lors d’une élection municipale partielle, Michel Billout, sénateur Front de Gauche, a été élu maire de Nangis (77). Contrairement à ce qui a pu être écrit, les candidats du Front de Gauche, dont notre camarade Pascale Le Néouannic à Antony, ont progressé aux législatives partielles dans des circonscriptions particulièrement à droite. Le seul candidat qui a reculé, à Béziers, est celui qui veut bien utiliser l’étiquette Front de Gauche, mais à condition que cela ne concerne que le PCF. Son sectarisme a été sanctionné. Les sondages, tout aussi discutables qu’ils soient, montrent une progression du Front de Gauche, et spécifiquement une hausse des bonnes opinions pour Jean-Luc Mélenchon. Mais oui, nous avons besoin d’initiatives du Front de Gauche car depuis la manifestation du 30 septembre, nous n’en avons pas eu d’autre de centrale. Contre l’austérité, faute de réactivité suffisante du Front de Gauche, le PG a pris ses responsabilités en organisant des meetings dans plusieurs villes de France. Mais nous nous réjouissons qu’une grande campagne contre l’austérité démarre à la rentrée de janvier. Il y aura aussi une campagne pour l’amnistie des syndicalistes et de tous les militants condamnés pour faits militants et un atelier législatif itinérant ayant pour objectif le dépôt d’une nouvelle proposition de loi plus complète contre les licenciements et suppressions de postes sous prétexte de causes économiques et permettant de la discuter avec tous les syndicalistes intéressés.

Le Front de Gauche est un front regroupant 9 forces politiques. Son temps de réaction est donc forcément plus lent que celui d’un parti. Il apprend beaucoup en avançant. Il n’a pas encore trouvé l’articulation efficace avec les groupes parlementaires. Et d’ailleurs les parlementaires revendiquent leur autonomie, Marc n’étant pas le dernier à ce sujet. A l’inverse, les partis ne peuvent être dépendants dans leur positionnement politique de leurs parlementaires. Il faut aussi ne pas oublier que c’était le premier budget sous un gouvernement PS-EELV alors que notre groupe à l’assemblée a été affaibli. Ces éléments, temps de réaction du Front de Gauche et impossibilité d’obtenir un rendez-vous avec les groupes sur le budget malgré notre demande répétée en coordination du FG, a amené le Parti de Gauche à prendre ses responsabilités. Mais il y a indéniablement des problèmes de calage entre parlementaires et Front de Gauche. Dernier exemple aujourd’hui où André Chassaigne exprime ses réticences avec la proposition d’inclure la PMA dans la loi sur la mariage pour tous. Sauf que la PMA a été défendue par Marie-George Buffet et moi même l’an dernier lors de la loi bioéthique et qu’elle est incluse à la page 58 du programme du Front de Gauche « L’humain d’abord ». Que les parlementaires aient une certaine autonomie, bien évidemment on ne va pas aller contrôler tout ce qu’ils font ni exiger la réunion du Front de gauche avant toute prise de position. Mais là, il s’agit de notre programme commun, il est donc surprenant que le président du groupe à l’assemblée ne se limite pas à exprimer des réticences personnelles mais implique de fait tout le Front de Gauche dans ce recul.

Sur le fonds, il y a un mélange entre des vrais divergences et des accusations absurdes. Ainsi nous serions coupables de surenchère écologique en organisant des assises pour l’écosocialisme. Bizarre ! d’ailleurs aucun média ne cite cette divergence. Conscience du ridicule au moment où tous les rapports se rejoignent pour annoncer un réchauffement compris entre 3 et 4 degrés voire plus ? Ou gêne devant ce brevet d’écologiste qui nous est ainsi attribué indirectement alors que ces mêmes médias passent leur temps à écrire que ce n’est que de l’affichage ? Mais c’est vrai que Marc n’a jamais été très convaincu par les enjeux et les urgences écologiques. C’est dommage. C’est justement la responsabilité du PG de proposer pour le 21ème siècle un socialisme qui intègre les enjeux écologiques. Ne pas le faire serait une grave erreur. Finalement être accusé de surenchère écologique, c’est presque un honneur. Mais de là à dire que nous abandonnons le terrain social, il faut oser alors que constamment il y a des militants PG aux côtés de toutes les luttes sociales. C’est même offensant pour tous nos camarades qui se démènent au quotidien.

Marc n’a toujours pas digéré la candidature de Jean-Luc à Hénin Beaumont. Nous avons eu une divergence sur cette décision, c’est indéniable. Mais c’est invraisemblable de la rendre responsable de notre recul en nombre d’élus alors que le Front de Gauche a progressé partout en voix. Cela revient tout simplement à exonérer le système électoral et sa prime au bipartisme, renforcée par la décision du PS de nous faire la peau tout simplement parce qu’il ne voulait pas d’opposants sur sa gauche capables d’organiser la résistance aux politiques qu’il s’apprêtait à mener. Le PS a plus mobilisé contre nous que contre les candidats du FN qui avaient quelque chance d’être élus. Nous étions nombreux à souhaiter, au sein du Front de Gauche et pas seulement au PG, que Jean-Luc nous représente à l’assemblée nationale. Le défi était énorme. Il n’a malheureusement pas été gagné. Mais taxer de catastrophique la campagne d’Hénin Beaumont où Jean-Luc a a gagné plus de 1000 voix aux législatives par rapport à son propre score à la présidentielle, est quand même surprenant !

Il y a semble-t-il aussi une vrai divergence sur l’évolution du PS. La social-démocratie n’a besoin de personne pour l’aider à s’effondrer. Le PS a tourné cette page pour s’orienter vers un cours clairement social-libéral. Et cette analyse fait l’unanimité des forces du Front de Gauche, ce qui n’était pas le cas effectivement il y a 4 mois. Mais entre temps il y a eu le discours sur la compétitivité avec les 20 milliards de cadeaux aux entreprises à mettre en parallèle avec les 3 centimes de hausse du SMIC, le discours sur la priorité à la politique de l’offre sur la politique de la demande, l’acceptation de la flexibilisation du contrat de travail dont on devrait voir les résultats sous peu ... Dans ces conditions penser qu’il suffit de faire pression sur le PS pour qu’il revienne à un cours plus gauche est se bercer d’illusions. Seules les mobilisations pourront l’obliger à reculer sur les mesures les plus antisociales.

Et maintenant ? Hier un journaliste me demandait si le départ de Marc était l’expression d’une crise au sein du PG. Quelle drôle d’idée. Je regrette son départ. Je pense franchement que quelle que soit les divergences, et celle sur la place de l’écologie est énorme, le débat au sein du PG était possible et aurait été utile. Mais la réalité est que le PG se porte bien, que sa progression est continue, que ce soit en nombre d’adhérents, nombre de comités partout en France, son implantation dans les différents secteurs de la société, l’arrivée régulière de militants syndicalistes, de militants de l’écologie y compris en provenance d’EELV, de militants rendant leur carte du PS y compris des élus et de nombreux jeunes. Notre conseil national a réuni plus de 400 délégués venus de toute la France (seuls les délégués de 12 départements étaient absents) qui ont débattu de 5 textes en présence. 5 textes ? Mais on vous répète partout qu’il n’y a pas le droit au débat au PG. Et oui, les adhérents qui le souhaitaient ont pu déposer un texte d’orientation politique. Les textes ainsi déposés ont ensuite été envoyés à tous les délégués du conseil national pour signature. Pour qu’un texte vienne au débat il fallait qu’il recueille 10 signatures parmi les 664 délégués potentiels. Un vrai déni de démocratie, devoir obtenir 1,5% des signatures de délégués ! 4 textes ont franchi cet obstacle himalayen. Croyez-vous vraiment que Marc Dolez, fondateur du parti, député, ne pouvait pas obtenir cela ? Bien sur que si. D’ailleurs des camarades lui avaient proposé de rédiger un texte pour défendre ses positions. Il ne l’a pas fait. C’est son choix. Ses divergences sont respectables. Mais il ne peut reprocher à Jean-Luc Mélenchon de ne pas l’avoir consulté au sujet de la candidature à Hénin Beaumont pour ensuite faire à chaque fois ses déclarations au moyen de la presse sans avertir personne du PG avant comme il l’a fait pour appeler à soutenir le député PS élu à Hénin Beaumont en cas d’annulation de son élection ou hier utiliser Libération pour annoncer sa démission. De plus Marc était destinataire de tous les mails échangés sur les listes du secrétariat national et du bureau national du PG. Il avait donc les mêmes informations que toute la direction et pouvait à tout moment réagir. Ce qu’il n’a pas fait. Je le regrette. C’est dans le débat qu’on avance, pas dans le repli sur soi. Marc annonce vouloir rester un militant actif du Front de Gauche, je m’en félicite. Et comme tout le Front de Gauche porte maintenant la même analyse sur l’évolution social-libérale du PS, je ne doute pas que Marc nous rejoigne sur ce sujet.


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