Le militantisme anticapitaliste conduit à rencontrer beaucoup de camarades avec lesquels l’on sympathise au fil des mois. J’ai compté Momo comme un ami cher dès la première année de notre action commune :
Maurice le méditerranéen, à la voix chantante, à la plaisanterie toujours au bord des lèvres, au rire puissant comme le tonnerre
Maurice, l’animateur de nos conviviales réunions mensuelles des années 1990 où le vin coulait aussi bien que la parole
Maurice le vrai socialiste, né en Ariège, passé par le Toulouse des années 1968, constant et sûr dans ses convictions.
Maurice, la franchise personnifiée dans un Parti socialiste au double langage institutionnalisé. Maurice qui me téléphonait au moins une fois par semaine pour cadrer collectivement nos positions car il était incapable d’agir politiquement sans un maximum de clarté, de cohérence et de transparence au niveau du groupe que nous formions.
Maurice, l’ingénieur ardent défenseur d’une agriculture paysanne, ne plaignant jamais son temps pour aider tel ou tel "petit" à monter les dossiers utiles pour mieux s’en sortir
Maurice, force de la nature, troisième ligne champion de France junior de rugby, goal de football jusqu’à la cinquantaine proche.
Maurice qui me laisse un grand regret, n’avoir pas mis en ligne intégralement son texte de 2005 dans lequel il argumentait la nécessité de construire un nouveau parti de gauche pour contribuer à rassembler les forces anticapitalistes. J’aurais pu au moins conserver son original et ne l’ai point fait, ayant modifié directement sur l’ordinateur tout en discutant avec lui au téléphone.
Maurice Frey, président de PRS 12, est donc décédé en ce début avril 2006. La 1ère Convention nationale de PRS s’est séparée à Montreuil dans la tradition guévariste latino américaine : Camarada Maurice Frey, Presente ! Ahora y hasta siempre !
Ci-dessous, extrait du poème que j’ai lu lors de l’hommage rendu samedi 8 avril à Vabres.
A toi, Maurice notre ami, Maurice le superbe combattant
"...Il est nuit. Qu’importe. Nuit noire.
Tant mieux. On y fera le jour.
Pars, tremblant du frisson d’espoir.
Sans frein, sans trêve, sans flambeau,
Cherchant les cieux hors de l’étable
Vers le vrai, le juste, le beau
Reprends ta course redoutable.
Fuis, cours, Sois le cheval du Bien
Toi, l’utopie et la raison,
Rebelle au despote et au lien,
Par delà siècles et saisons.
Retourne aux problèmes profonds
Tâche de renverser les tours
Sous qui, tristes, nous étouffons
Effraye tous les vautours.
Donne à quiconque ignore ou nuit,
Aux fausses gloires, aux faux zèles,
Aux multitudes dans la nuit,
L’éblouissement de tes ailes.
Va ! pour vaincre et transformer,
Pour que l’homme se transfigure,
Qu’il te suffise de fermer
Et de rouvrir ton envergure
Jette au peuple un hennissement,
A l’échafaud une ruade,
Fais une brèche au firmament,
Pour que l’esprit humain s’évade
Immortel, protège l’instant
L’homme a besoin de toi, te dis-je
Précipite-toi, haletant
A la poursuite du prodige.
Le prodige, c’est l’avenir ;
C’est la vie idéalisée,
Le ciel renonçant à punir
L’univers fleur, et Dieu rosée.
Mais apparaît l’horizon sombre
La Nuit grince lugubrement
La mort avance dans l’ombre
Fais en arrière un mouvement.
Tout se tait dans l’affreux lointain
Vers qui l’homme effaré s’avance
L’oubli, la tombe, le destin,
Et la nuit sont de connivence.
Mais au grand déclin des tyrans,
Quand vient l’instant des lois meilleures
Qu’ au ciel sombre, éternel cadran
Ton pied frappe ces grandes heures !
Du fond des ombres insondables
Lance ton rire formidable.
Jacques Serieys d’après le poème de Victor Hugo : Le cheval
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