Le mouvement socialiste, porté par les revendications, les aspirations et le haut idéal de dizaines de millions d’humains, constitue la plus belle épopée du processus d’émancipation humaine. Ses objectifs et ses réalisations l’ont installé au coeur des peuples de toute la planète. Des tragédies et trahisons du 20ème siècle ont conduit à des questions et à des doutes. Le socialisme du 21ème siècle doit leur apporter des réponses démocratiques claires.
Ces nouvelles réponses doivent prendre en compte la pensée socialiste passée (y compris par l’analyse de ses carences). "La démocratie est l’énigme résolue des constitutions. L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes" (Marx). "Le socialisme proclame que la république politique doit aboutir à la république sociale. C’est à la réalisation de l’Humanité que travaillent tous les socialistes" (Jaurès)
Ces nouvelles réponses doivent prendre en compte tout ce que l’expérience humaine a apporté plus récemment au socialisme, par exemple en matière de féminisme, d’écologie, d’émancipation sexuelle et culturelle, d’autogestion, de services publics...
Là où il y a une volonté, il y a un chemin ont affirmé Lénine comme Mitterrand. Nous avançons sur ce chemin, fut-ce un sentier improbable. Nous franchirons la montagne des doutes. Oui, un autre monde est possible.
1) Lors de la Rencontre Internationale des Partis de Gauche qui s’est tenue à Caracas du 19 au 21 novembre 2009, a été discutée la fondation d’une 5ème internationale, pour faire face à la crise capitaliste et aux dangers pour l’avenir de l’humanité, pour un socialisme du 21ème siècle. Par opposition au échecs du « socialisme réel » et de la social-démocratie, Hugo, Chavez a ajouté qu’une nouvelle internationale devrait représenter l’esprit et l’héritage collectif laissé à l’humanité par les fondateurs des quatre premières internationales, Karl Marx, Frederich Engels, Clara Zetkin, Rosa Luxembourg, Jose Carlos Mariategui, et Leon Trotsky. Elle devrait aussi incorporer les idées des radicaux latino-américains et des libérateurs tels que Simon Bolivar, Francisco Morazan, Maurice Bishop et Sandino.
2) L’Internationale Socialiste regroupe des partis sociaux-démocrates, socialistes et travaillistes très influents sur tous les continents. Ses dirigeants sont souvent liés aux intérêts du grand capital mais les partis eux-mêmes restent généralement des organisations ouvrières, populaires et progressistes. La refondation d’un socialisme pour le 21ème siècle concerne la masse de leurs militants. Parmi ces partis, notons l’ANC (Afrique du Sud), le FFS (Algérie), le PSD (Allemagne), le Parti travailliste australien (et celui de Nouvelle Zélande), le Parti social-démocrate d’Autriche, le PS belge, le PT brésilien (observateur), le Parti socialiste du Chili, le PSOE (Espagne), le PS français, le Parti social-démocrate de Finlande (et Suède, Danemark), le PASOK grec, le Parti travailliste de Grande-Bretagne, les partis socialistes et sociaux démocrates constitués en particulier d’anciens membres des partis communistes d’Europe de l’Est, le Parti social-démocrate japonais, l’USFP (Maroc), PRD et PRI (Mexique), FSLN (Nicaragua), Parti du travail (Norvège), Mouvement vers le Socialisme (Vénézuéla), Parti socialiste (Portugal, Italie, Suisse...), plusieurs partis importants en Afrique...
3) Un milliard et demi d’humains vivent dans des pays qui se réclament du socialisme, en particulier la Chine et le Vietnam. Les questions concernant l’avenir du socialisme au 21ème siècle les concernent évidemment de façon très concrète. Cela a d’autant plus d’importance qu’il s’agit :
* de civilisations essentielles dans l’histoire de l’humanité
* pour la Chine, de la 2ème économie du monde
4) Depuis dix ans, des Forums Sociaux Mondiaux et Régionaux contribuent à la dénonciation des ravages de la mondialisation capitaliste, contribuent à la réflexion pour "un autre monde". Ils "s’opposent à un processus de mondialisation capitaliste commandé par les grands entreprises multinationales et les gouvernements et institutions internationales au service de leurs intérêts. Ils visent à faire prévaloir, comme nouvelle étape de l’histoire du monde, une mondialisation solidaire qui respecte les droits universels de l’homme, ceux de tous les citoyens et citoyennes de toutes les nations, et l’environnement, étape soutenue par des systèmes et institutions internationaux démocratiques au service de la justice sociale, de l’égalité et de la souveraineté des peuples" (Charte de principes).
5) Les organisations combattant réellement le capitalisme financier transnational se regroupent peu à peu, par exemple en Amérique Latine.
En Europe, le Parti de la Gauche Européenne regroupes des organisations tout à fait significatives comme Die Linke (Allemagne), Synaspismós (Grèce), Bloco de Esquerda (Portugal), PCF et PG (France), Alliance rouge et verte (Danemark), Parti du Socialisme démocratique (République tchèque), des organisations luttant sur des orientations socialistes en Autriche, Belgique, Espagne, Estonie, Finlande, Italie, Luxembourg, Roumanie, Biélorussie, Moldavie, Saint Marin, Suisse, Turquie, Bulgarie, Ukraine ; parmi les observateurs des organisations de Pologne, Chypre, Slovaquie...
6) Sur tous les continents, les forces d’extrême gauche représentent des forces organisées particulièrement militantes, influentes en particulier lors des luttes. En Europe, par exemple, plusieurs partis du PGE et des organisations membres de la Quatrième Internationale constituent la Gauche anticapitaliste européenne : Synapismos (Grèce), le Scottish Socialist Party (Écosse), le Bloc de gauche (Portugal), l’Alliance rouge et verte (Danemark), le NPA (France), le Parti de la liberté et de la solidarité (Turquie), SolidaritéS (Suisse)...
7) Le socialisme, c’est la volonté au présent de construire une société permettant une vie meilleure. En ce début de 21ème siècle, les socialismes doivent répondre à cette urgence. Leur écho s’explique aisément tant le rouleau compresseur de la mondialisation capitaliste continue sa marche en enrichissant une caste, en écrasant les milliards d’humains, en affaiblissant les institutions qui pourraient porter l’intérêt public, en laminant les droits sociaux, démocratiques et culturels.
8) Le socialisme n’est en rien une théorie abstraite. Il commence par la femme, l’homme ou l’enfant confronté à une injustice qui dit NON. Il prend tout son sens dans l’action collective de militants qui s’organisent en parti pour essayer de résister aux injustices et de changer la vie.
D’une année à l’autre, d’un pays à l’autre, les conditions de cette lutte présentent des aspects communs. Cependant, d’un mois à l’autre, parfois d’un jour à l’autre et d’une ville à l’autre, un bon militant socialiste, une organisation socialiste utile, doivent pouvoir analyser les spécificités de la conjoncture : évolution du rapport de forces international et électoral, des mouvements sociaux, des institutions, des mouvements anticapitalistes...
La période et la conjoncture étant extrêmement changeants, le combat socialiste doit donc adapter en permanence ses réponses.
9) Pas de socialisme, sans ancrage dans l’actualité. Les socialistes ne peuvent choisir d’écrire ou parler sur les seuls thèmes où leurs réponses sont travaillées. Leur tâche d’éducation implique d’apporter leur point de vue sur les divers sujets d’actualité ; s’ils ne le font pas, c’est la vision du monde portée par l’idéologie dominante et les médias qui s’incruste dans l’opinion. Ce point de vue ne peut être unique et incontournable ; la capacité des militants d’une organisation à répondre à l’actualité va de pair avec une grande formation et une grande autonomie de ceux-ci.
Le PCF comme Gauche Unitaire ou le NPA pourraient faire valoir leur action présente au fil des jours, des mois et des années depuis 2005.
10) Pour nous en tenir aux quelques années d’existence de notre petit site, de PRS (mise en ligne fin mars 2005) au Parti de Gauche, voici pour exemple quelques textes que nous avons édités pour contribuer, à notre petit niveau, à cette tâche :
* de résistance face aux injustices,
* de solidarité avec ceux qui luttent
* d’analyse du monde actuel,
* de discussion avec nos partenaires antilibéraux,
* de crédibilisation d’un débouché politique utile à notre peuple.
* d’espérance en un autre monde possible
11) De la campagne contre le TCE (2005) aux luttes contre le CPE (2006)
Combattons la précarité ! (texte programmatique de PRS 12, hiver 2005 2006)
Historique ! 2 millions 700 000 manifestants aujourd’hui 28 mars 2006 (article écrit ce soir-là)
Contre le CPE et la précarité : Quelle grande journée de manifestations (article du 4 avril 2006)
12) Rassemblement des forces antilibérales. Unité de la gauche pour répondre à l’urgence sociale et politique
21 avril 2002 - 2006 - 2007 (article du 21 avril 2006)
13) Contre la dérive social-libérale de la direction du PS (2006)
26 mars 2006 Bernard Kouchner est invité sur Onet le Chateau Sébazac par des socialistes locaux : "A l’heure où le PS l’invite en Aveyron, nous tenons à insister sur le risque de liquidation de l’identité socialiste induit par un tel choix")
Petite analyse du projet socialiste pour 2007 Pourquoi je choisis l’abstention ? (article du 12 juin 2006)
Contribution TRAIT D’UNION ! au Congrès du Mans (2006)
13) Contribuer à un point de vue socialiste sur l’actualité internationale ( année 2006)
Palestine Israel : Deux législatives en 2006 pour une guerre et un sociocide ? Que faire ?
19 septembre 2006 Coup d’Etat en Thailande, "allié majeur" des Etats Unis
14) Débat avec d’autres courants politiques de gauche
15) Aux côtés des luttes, en France et ailleurs. Non à Sarkozy. Non à l’Europe libérale
31 mars 2007 : En défense des services publics à Firmi (Aveyron), tranche de vie
Quand le magazine Psychologies se mêle d’idéal, quelle tristesse ! (2 février 2007)
Des poings levés en Lozère aux Alternatifs et anarchistes d’Ardèche : un beau samedi (31 mai 2008)
28 octobre 2007 : 498 "martyrs" béatifiés, République accusée ! Réagissons contre une Eglise catholique espagnole restée franquiste !
16) Avec le Parti de Gauche
Résultats des élections régionales 2010 : un succès pour la gauche et le Front de Gauche
B1) Le socialisme est un mouvement divers
Qu’est ce que le socialisme ? Quelques définitions héritées de l’histoire du socialisme
Cependant, malgré cette pluralité, nous pouvons dégager quelques constantes.
B2) Le socialisme, actualité
B3) Racines et filiations
Dès sa naissance en Europe, le socialisme bénéficie de trois sources principales (Révolution française, mouvement ouvrier britannique, philosophie allemande) qui puisent elles-mêmes fort loin dans la chaîne du progrès humain. Par la suite, sur les questions démocratiques et sociales (souveraineté populaire, droits politiques juridiques et sociaux, refus de la guerre et des colonies...), le socialisme a continué à porter ce flambeau indispensable. Au 20ème siècle, le socialisme s’est développé en Amérique latine, en Asie... sur des terreaux culturels populaires progressistes et comme avant-garde du mouvement démocratique et social.
B4) UN MOUVEMENT REEL
Le socialisme est un mouvement réel contre l’ordre existant des choses, c’est à dire l’action concrète de millions, millions et millions d’hommes depuis 160 ans surtout contre leurs revenus trop faibles pour vivre dignement, contre leurs conditions de travail et de vie, contre un système politique non démocratique dans lequel chaque milliardaire pèse bien plus que des milliers de citoyens, contre les oppressions et discriminations...
B5) UN CAMP SOCIAL
Qui engage et perpétue à un niveau de masse la lutte contre l’ordre existant des choses ? Essentiellement des personnes en situation d’exploitation et d’oppression. Ainsi, le mouvement socialiste naît de la fusion entre pensée socialiste et mouvement ouvrier. Le socialisme aurait périclité depuis bien longtemps sans ce lien originel avec son camp social : la classe ouvrière, le salariat, les milieux populaires.
B6) UN ANTICAPITALISME
Frappé et révolté par la misère générée par le capitalisme, le socialisme est né d’une volonté de changer pareille vie. Voici par exemple ce qu’écrivait Victor Considerant, un fouriériste ( premier député à avoir défendu le droit de vote des femmes), dans la première moitié du 19è siècle. "Où sont les hommes libres ? Vous faites semblant de regarder comme libres ces masses innombrables de prolétaires sans capitaux, sans instruments de travail et qui sont contraints de par la mort qui plane incessamment sur eux et leur famille, de trouver chaque jour un maître... La guerre industrielle, succédant à la guerre militaire, a constitué un servage, non plus personnel et direct, mais indirect et collectif, la domination de la classe des possesseurs de capitaux, de machines et d’instruments de travail sur les classes déshéritées."
B7) UN IDEAL (de justice, de citoyenneté et d’émancipation) et une utopie
* un idéal de justice « Qu’est ce que la Justice ? L’essence de l’humanité. Qu’a-t-elle été depuis le commencement du monde ? Presque rien. Que doit-elle être ? Tout. » (Proudhon) "Tant qu’il me restera un souffle, je l’emploierai à combattre pour les faibles contre les puissants, pour le peuple contre ceux qui l’oppriment, pour la justice sociale, contre l’iniquité et contre l’injustice" (Jaurès) "L’objet du socialisme est l’établissement d’une société universelle fondée sur la justice" (Blum)
* un idéal de citoyenneté "Que le suffrage universel s’affirme et s’éclaire, qu’une vigoureuse éducation laïque ouvre les esprits aux idées nouvelles, et développe l’habitude de la réflexion ; que le prolétariat s’organise et se groupe... et la grande transformation sociale qui doit libérer les hommes de la propriété oligarchique, s’accomplira..." (Jaurès) Le socialisme est une "conception radicalement démocratique de la citoyenneté" (Balibar)
* un idéal d’émancipation (sociale, intellectuelle, culturelle, éthique, féminine, juridique, politique, sexuelle, individuelle et universelle...
Toute personne qui participe, même momentanément, à la lutte socialiste, rejoint l’épopée collective pour l’émancipation humaine commencée aux temps préhistoriques et dont le socialisme constitue le dernier maillon depuis deux siècles. Plusieurs types de société se sont succédés dans l’histoire humaine, mais ce sont toujours les nouveaux riches qui ont remplacé les anciens. Le socialisme se fixe pour but de construire une société la plus juste possible, sans exploitation et oppression d’une classe sociale sur les autres. Victor Hugo voit dans l’utopie socialiste "la vérité de demain".
B8) UNE CULTURE THEORIQUE A PRETENTION SCIENTIFIQUE
Dans sa définition " le mouvement réel qui abat l’ordre existant des choses", Marx ajoute "et sa conscience". Pour bien comprendre le capitalisme comme pour proposer un autre projet de société, le socialisme a essayé dès sa naissance de forger des analyses et de les mettre en cohérence.
B9) UN COLLECTIF ET DES INDIVIDUS
Face à la classe capitaliste qui dispose des moyens de production, de communication et de répression, aucune efficacité n’est envisageable sans organisation, sans parti. De Babeuf à aujourd’hui, cette constante a caractérisé le socialisme. Si le socialisme était un corps humain, la théorie représenterait son cerveau et le parti sa colonne vertébrale. Sans colonne vertébrale, notre corps ne serait qu’un légume ; sans organisation, le socialisme ne vaut guère plus que la danse d’un chamane.
Il est vrai que l’organisation a généré ses propres travers en particulier le stalinisme, mais cela ne peut remettre en cause la nécessité d’un parti et d’une internationale, sinon, c’est choisir de laisser en place le capitalisme.
B 10) UNE ACTION POLITIQUE PRESENTE
Le socialisme n’a rien d’un dogme. Ses militants doivent en permanence analyser le cycle politique dans lequel ils agissent, à l’intérieur de ce cycle la période politique du pays concerné et plus précisément la conjoncture sociale et politique (évolutions économiques et idéologiques, patronat et syndicats, luttes ouvrières, forces politiques...). Un tel travail permet de clarifier une stratégie, un programme et des tactiques pour le présent, moment essentiel du combat socialiste. Cette action part des besoins des populations, d’une analyse des contradictions du capitalisme et de ses évolutions pour élaborer les objectifs essentiels de la transition vers le socialisme.
Si le socialisme était un corps humain, l’analyse de la période représenterait les yeux alors l’action politique, la stratégie, la tactique, le programme représenterait les membres, les mains.
B 11) UN MODE DE PRODUCTION EN PROJET POUR SORTIR DU CAPITALISME
En se développant, le capitalisme exacerbe ses propres contradictions : entre la socialisation des forces productives et la propriété privée des grands moyens de production, entre intérêts du capital et intérêts du travail, entre élévation du niveau de formation et maintien des anciens rapports de production, entre progrès technique et appropriation de ses potentialités, entre participation des femmes au procès de production et maintien de l’oppression féminine...
Par quoi remplacer ce capitalisme ? par le mode de production socialiste dont les principales caractéristiques sont la propriété sociale des grands moyens de production, la refondation égalitaire des rapports sociaux, la démocratie "jusqu’au bout".
Je ne connais pas de plan idéal. Lorsque je dois commencer une série d’exposés, je modifie sans cesse leur ordre de présentation. Le programme d’exposés et de débats varie nécessairement selon les personnes en formation, selon l’actualité, selon le formateur. De plus, il est toujours intéressant de faire appel à des intervenants différents.
Pour cet article qui constitue seulement mon fonds de référence lorsqu’on me demande un coup de main pour de la formation, le plan le plus logique consistait à traiter séparément chaque partie ci-dessus (héritage, mouvement réel, mouvement divers, camp social, anticapitalisme, idéal, théorie, organisation action, avenir)
Cependant, comment développer une partie sur le mouvement réel du socialisme sans aborder en même temps son lien au mouvement ouvrier, ses formes d’organisation, ses débats théoriques, son action politique.
De même, il n’est pas non plus possible de traiter du socialisme comme idéal, comme maillon de l’émancipation humaine sans aborder les prédécesseurs, les étapes, les théories, les expériences, les erreurs, le mouvement réel par lequel le socialisme a incarné ce projet d’émancipation.
Le socialisme, en tant que mouvement réel ne peut donc être séparé d’un contexte historique précis. Le socialisme en tant que camp social, mouvement d’idées, combat collectif et action politique ne peut non plus être séparé de ce contexte.
Le plan suivi ci-dessous suit donc surtout les grandes périodes vécues par l’humanité et le mouvement socialiste tout en intégrant quelques parties transversales.
C1) Racines profondes et diverses du socialisme dans les sociétés anciennes
C2) Essayons d’établir une liste, même très incomplète d’idées caractéristiques du socialisme :
* Le refus des injustices, de l’insécurité alimentaire, sociale et professionnelle, du malheur, des vies gâchées....
* Le rôle des exploités et des mouvements sociaux, du collectif, de l’action politique...
* La volonté de protéger l’environnement et les biens communs de l’humanité, de faire vivre des services publics assurant l’égalité des citoyens sur un territoire devant la santé, l’enseignement..
* L’aspiration à un droit protecteur, à la connaissance, à un travail libérateur, à un état fondé sur l’intérêt public, à la fin des oppressions, à la paix, à la fraternité universelle, au bonheur, à une société idéale...
* L’objectif d’émancipation intellectuelle, éthique, culturelle, juridique, d’émancipation des femmes, des peuples colonisés puis exploités, des travailleurs, des jeunes...
Ces idées sont-elles apparues dans l’histoire avec la naissance des socialismes dans les années 1930 à 1950 ? Bien sûr que non !
Chacune de ces notions prise isolément n’est pas caractéristique du socialisme ; toutes ont déjà fleuri à un moment ou un autre, de façon individuelle ou collective dans les sociétés qui ont précédé l’apparition puis le développement du socialisme.
C3) Le socialisme n’est que le nom de mouvements réels, divers et influents portant les valeurs, objectifs et notions du progrès humain depuis un siècle et demi, en continuité avec des évolutions historiques précédentes.
Dans son Histoire mondiale du socialisme, Jean Elleinstein écrit " Lorsque le socialisme surgit, il ne campe pas sur une table rase. Il transcende un héritage lourd de pensées, d’actions, d’émotions et aussi d’organisations... Le socialisme se nourrit de ses prédécesseurs. La sève vient de loin qui irrigue et son tronc et ses branches. Il y a certes des ruptures de continuité, des changements de direction... Mais l’héritage n’est jamais totalement dissipé, même quand les héritiers n’ont pas conscience de leur dette."
C4) Progrès humain et socialisme
C5) Civilisations anciennes et penseurs socialistes
Les références aux civilisations, aux luttes, aux philosophes du passé se rencontrent fréquemment chez les auteurs progressistes, républicains puis socialistes.
Le lien entre espérances pour l’avenir et utilité des expériences passées fleurit déjà chez Condorcet « Nos espérances sur l’état à venir de l’espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin, le perfectionnement réel de l’homme. (...) Nous retrouverons dans l’expérience du passé (...) les motifs les plus forts de croire que la nature n’a mis aucun terme à nos espérances."
Jean Jaurès donne plusieurs raisons à cela "La vérité, c’est que les modes de l’existence humaine ne sont pas innombrables et qu’il est impossible aux hommes, si hardi que soit leur effort, si audacieuse que soit leur intervention sociale, de ne pas ranimer en un dessin nouveau quelque trait effacé des civilisations antérieures. Il est impossible d’appeler vers l’avenir sans éveiller derrière soi les échos profonds du passé. » (Jean Jaurès Socialisme et Liberté 1898)
Karl Marx a souvent été moqué par les conservateurs pour avoir souhaité que le communisme moderne retrouve certaines des qualités du « communisme primitif » laminé par le développement de la propriété privée, des classes possédantes et de l’Etat. Jaurès précise ce point dans le texte cité plus haut « La Révolution, inspirée de Jean-Jacques, prêchait sans cesse “ le retour à la nature ”. Et en fait, quand Rousseau … précise sa pensée, il démontre fortement que la civilisation doit restituer aux hommes, dans des conditions nouvelles de sécurité, de bien-être et de paix, la liberté de mouvement, l’égalité, le contact familier avec la nature qui firent le charme de la vie sauvage, d’ailleurs si grossière et si déprimée. »
Il ne s’agit pas d’une confiance absolue dans le progrès. Daniel Bensaïd voyait chez Marx « une contradiction non résolue entre l’influence d’un modèle scientifique naturaliste (« l’inéluctabilité d’un phénomène naturel ») et la logique dialectique d’une histoire ouverte. » Ainsi, lorsque l’auteur du Capital écrit que la colonisation de l’Inde par le Royaume-Uni constitue une calamité humaine mais permet de faire entrer ce sous-continent dans le monde moderne, nous trouvons cette phrase un peu plus loin « Aux Indes Orientales, la suppression de la propriété commune du sol n’était qu’un acte de vandalisme anglais, poussant le peuple non en avant, mais en arrière… »
C6) Lutte de classe et progrès humain
Parmi les bilans qui peuvent être tirés d’une étude historique approfondie, il en est un avancé par les socialismes mais souvent critiqué par ses opposants : le rôle des luttes sociales dans le progrès humain. Il s’agit là pourtant d’une évidence. La démocratie des cités grecques antiques doit beaucoup aux luttes sociales du siècle précédent. Les institutions de la république romaine sont le fruit d’un long combat des plébéiens. Les chartes communales du Moyen Age, si importantes dans le processus historique, ont été imposées aux féodaux. Par les révolutions anglaises et hollandaises, si importantes également, la bourgeoisie a elle aussi imposé ses intérêts par la lutte. Quant aux droits sociaux du salariat moderne, ils ont tous été imposés par la lutte.
Ci-dessous, quelques liens vers des articles concernant les civilisations et luttes passées dont l’expérience est interessante pour le socialisme
C7) Racines antiques du socialisme
29 décembre 1167 avant notre ère en Egypte : première grève connue de l’histoire
La Chine, civilisation des révolutions ainsi que de l’émancipation collective et individuelle
Expériences égalitaires et communautaires dans la Perse antique, le mazdakisme
La Grèce antique, luttes sociales, Etat, démocratie et expériences égalitaires
Retour sur les origines de la démocratie, Athènes (par Pierre Khalfa)
La civilisation romaine antique, ses révoltes sociales et politiques
Des messianismes juifs aux Esséniens
Le christianisme des premiers siècles
Les hérésies chrétiennes des premiers siècles
C8) Racines du socialisme durant le Moyen Age, la Renaissance et le 17ème siècle
15 juin 1381 : Wat Tyler est assassiné. La révolution populaire de Londres échoue
L’épopée des Taborites
Etat dirigiste et communautés paysannes chez les Incas
L’extraordinaire Italie de la Renaissance
Luthériens, calvinistes et anabaptistes
La guerre des paysans en Allemagne
Révolution anglaise et niveleurs
C9) De la philosophie des Lumières au socialisme : une filiation
L’importance historique de Rousseau
Les Lumières
Le Vietnam du confucianisme au communisme
1ère partie : de 1773 à 1815
2ème partie : de 1815 à 1845. Les sources du socialisme en Europe.
3ème partie : les années 1848 (1845 à 1852)
4ème partie : Marx
5ème partie : de 1852 à 1878
6ème partie : de 1878 à 1914
7ème partie : Les bolcheviks, la révolution russe et la naissance de l’URSS
8ème partie : les années 1920 (de 1914 à 1927)
9ème partie : de 1927 à 1943
10ème partie : de 1943 à 1961
11ème partie : les années 1968 (de 1965 à 1975)
12ème partie : de 1975 à 1994
13ème partie : La social démocratie
14ème partie : Le trotskisme
15ème partie : Les anarchistes
16ème partie : de 1994 à aujourd’hui
A7) Une remarque avant de commencer
Dans cet article, je considère les mots socialisme et communisme comme relevant d’une même matrice historique. D’ailleurs le mot communiste est bien plus ancien que celui de socialiste ; son sens remontant au Moyen Age et à la Renaissance et signifiant membre d’une communauté de biens (et/ou) partisan de cette communauté.
http://www.persee.fr/web/revues/hom...
B2) La Révolution française
Un mouvement réel émancipateur
La Grande Révolution représente un évènement tellement immense que nous ne pouvons ici que l’esquisser :
* une révolution sociale approfondie, par exemple la révolution paysanne
* une révolution juridique totale
* une révolution politique et sociale dont la profondeur étonne encore (par exemple la Constitution de 1793
* une révolution démocratique de portée historique avec l’instauration du suffrage universel (même si les femmes en sont encore exclues) et une pratique de citoyenneté rarement égalée
* une révolution de la liberté avec les droits de l’individu (déclaration des droits de l’homme)
* une révolution de l’égalité avec par exemple l’émancipation juridique des protestants et des juifs, l’abolition de l’esclavage, avec aussi l’affirmation des premiers droits sociaux
* une révolution dans les rapports sociaux avec par exemple une nouvelle définition du mariage « Le mariage est une convention, par laquelle l’homme et la femme s’engagent, sous l’autorité de la loi, à vivre ensemble, à nourrir et élever les enfants qui peuvent naître de leur union », l’autorisation du divorce et le divorce par consentement mutuel.
* une révolution dans l’art (par exemple 10 pièces de théâtre écrites en 1789, 1500 de 1790 à 1799)
* une révolution dans le rôle de l’Etat avec l’affirmation de son rôle social
* un moment de l’émancipation féminine avec une grande importance des femmes dans les mouvements sociaux et l’expression de l’aspiration féministe (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges)
Olympe de Gouges et sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, septembre 1791
* un moment de l’émancipation par l’éducation
Terminons avec un legs fondamental au socialisme : le concept de révolution.
B3) Un combat collectif
La Révolution française a légué au futur socialisme une première expérience d’organisation : la Conjuration des Egaux
B4) Un camp social
Angleterre : le premier mouvement ouvrier et socialiste de masse
B5) Républicains et guerres d’indépendance en Amérique du Sud
C1) L’Europe du congrès de Vienne
C2) Le mouvement démocratique espagnol des années 1820
C3) Révolution industrielle et condition ouvrière
Les conditions de vie des ouvriers en France (par Ange Guérin, 1935)
C4) Angleterre : du premier mouvement ouvrier au chartisme
C5) La révolution de 1830 en France
27, 28 et 29 juillet 1830 : les "3 glorieuses" d’une révolution réussie puis confisquée
C6) La révolution belge de 1830
C7) Le mouvement ouvrier français de 1815 à 1845
[Les canuts de Lyon, première grande insurrection ouvrière du 21 novembre au 3 décembre 1831]
C7) Premiers pas du socialisme en France
* Raspail et les républicains
* Laponneray, Dezamy, Lahautière, Pillot... héritiers de Robespierre et de Babeuf, précurseurs du communisme
* Auguste Blanqui, héritier des Montagnards, républicain socialiste et précurseur du communisme
* Charles Fourier
* Victor Considérant
* Pierre Leroux
* Constantin Pequeur
* Louis Blanc
* Etienne Cabet et le socialisme chrétien "Les communistes sont les disciples, les initiateurs et les continuateurs de Jésus-Christ".
* Proudhon
C8) L’Allemagne
* Influence de la Révolution française
* Premiers pas du socialisme
* 1844 : La révolte des tisserands silésiens
* Evolution du mouvement philosophique progressiste
C9) Premiers pas du socialisme en Suisse, Italie, Russie, Etats Unis, Amérique latine
D1) 22, 23, 24 février La Révolution de 1848 éclate à Paris avant d’emporter l’Europe "C’était beau"
D3) La révolution italienne de 1848
D4) La révolution hongroise de 1848
D5) La révolution autrichienne de 1848
D6) La poursuite du processus bolivarien en Amérique latine
D7) La révolution allemande de 1848
D8) Coup d’état de Napoléon 3 et bilan de la révolution de 1848 en France
2 au 13 décembre 1851 : Coup d’état de Napoléon III et résistances populaires
Dans tous les pays du monde, il s’est créé :
* en opposition aux injustices et oppressions
* porteur d’idées d’intérêt général, de citoyenneté, d’égalité, de vertu des dirigeants
* attaché à une volonté de connaissance, de raison, de culture, de maîtrise des choix collectifs
Ces idées sont évidemment plus anciennes que le socialisme. Celui-ci les a seulement actualisées et revivifiées ; il a essayé de les concrétiser dans la vie humaine réelle des 19è, 20è et 21ème siècles.
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