"La création d’embryons mi-homme, mi-animal pourrait bientôt être autorisée en Grande Bretagne" par une "commission indépendante" après enquête sur l’opinion de la population

vendredi 9 mars 2007.
 

Voilà le titre d’un article du dernier numéro de Science et Vie. Surpris, j’ai vérifié l’information sur internet.

Oui, j’ai été surpris :

* par l’information elle-même,

* par l’instance chargée en Grande Bretagne de valider ce type de projet, une vulgaire "commission indépendante"

* par le fait que le premier souci de cette commission soit aujourd’hui de suivre la courbe des enquêtes d’opinion parmi les britanniques.

La poussée du libéralisme aux Etats Unis, en Europe et dans le monde depuis 25 ans s’est concrétisée entre autres par la création de nombreuses "autorités" indépendantes. Même les banques centrales, outils de pilotage financier, deviennent indépendantes du pouvoir politique mais pas des lobbies du grand patronat.

La Grande Bretagne est à l’avant-garde de cette évolution. Ainsi, sur ce projet de création d’embryons mi-homme, mi-animal, c’est la " Commission Indépendante sur la Recherche Embryonnaire" ( HFEA) qui donnera ou non l’autorisation.

Aujourd’hui, cette commission est confrontée à plusieurs projets visant à cultiver in vitro ces embryons.

" Nous proposons d’aller dans les abattoirs pour prendre des ovaires de vaches, de brebis, de lapines qui ont été abattues pour l’alimentation... Selon la technique du clonage, on ôte le noyau d’un ovocyte animal et on le remplace par le noyau d’une cellule humaine.

" Par stimulation électrique l’ovocyte se divise. Au bout de six jours, on pourrait prélever les cellules souches pour en faire des lignées. Normalement, huit jours après fécondation, l’embryon est implanté..." ( Interview de Stephen Minger, promoteur de projet).

Je suis très surpris d’apprendre que des scientifiques peuvent demander et obtenir la validation de tels projets en employant des conditionnels et des adverbes de précaution comme "normalement".

Ce qui me surprend le plus c’est que la fameuse Commission indépendante britannique ait différé sa décision, "pour réaliser de plus amples consultations auprès de la population... a priori 70% approuvent". Que des scientifiques soient également consultés ne change pas le fond du problème. De toute évidence, il s’agit là d’un exemple typique de "consultation du peuple", plus expert que les experts, sans réelle information contradictoire. Ce type de consultation et de sondage, cette "démocratie d’opinion" fictive relèvent vraiment de la fumisterie.

Lors de ma consultation de sites internet sur le sujet j’ai retrouvé les mots vache, brebis, embryon, lapine, ovaire, femme, cellules souches, commission indépendante, consultation... Mais : que sont devenus les citoyens et la responsabilité des instances politiques dans tout cela ? Quant au débat médico-éthique sur le sujet, vous pouvez par exemple jeter un coup d’oeil sur l’article de Science et Vie, vous ne trouverez rien.

Jacques Serieys


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