L’Etat et Airbus : du silence assourdissant à une mélodie sans entrain ( Pierre Izard, Président du Conseil Général de la Haute-Garonne )

lundi 20 novembre 2006.
 

J’ai participé, ce mardi 14 novembre, à la rencontre du Premier Ministre avec les élus locaux et les responsables de l’entreprise, concernant Airbus.

Le Conseil Général a réclamé depuis le début de la crise une réaction forte de l’Etat. Alors qu’il y a un mois, le Ministre de l’économie a osé déclarer : « la crise est derrière nous » suite à l’annonce du plan d’économies, nos appels n’ont pas été inutiles et ont conduit le Premier Ministre a sortir de sa réserve, ce dont nous pouvons nous satisfaire.

J’ai exprimé les positions du Conseil Général auprès de Monsieur de Villepin. En premier lieu, j’ai appelé le gouvernement à reconnaître la gravité de la situation, ce qui est un préalable à la recherche de solutions. Il ne s’agit pas d’une crise ponctuelle. Elle aura sans nul doute des effets durables sur le plan économique et social.

J’ai aussi souligné qu’il était, certes, indispensable de se préoccuper de la situation de la sous-traitance, particulièrement exposée aux dommages de la crise. Mais cela ne doit pas empêcher l’Etat actionnaire de se pencher sérieusement sur les dysfonctionnements internes qui ont été révélés, qui ne sont pas étrangers aux défaillances de la stratégie industrielle, telle qu’elle a été pilotée ces dernières années.

J’ai rappelé à Monsieur de Villepin, qu’au-delà des effets économiques directs liés à la crise, le secteur public, par l’intermédiaire des collectivités locales, allait aussi être atteint : le ralentissement économique aura une incidence financière non négligeable sur les politiques publiques menées par les collectivités locales, et leurs marges d’investissement pour assurer le développement territorial.

Par ailleurs, nous ne pourrions pas comprendre une éventuelle décision de l’Etat qui donnerait naissance à deux pôles de compétitivité aéronautique supplémentaires, en Ile de France et en PACA. Ceci reviendrait à diluer l’effort de l’Etat. Un effort particulier doit être ciblé sur le pole midi pyrénéen, de niveau mondial.

Le Conseil Général prend acte de l’aide promise par l’Etat à la sous-traitance. On peut néanmoins déplorer les risques de saupoudrage des aides sur les différents sites de production aéronautique dans le pays.

Nous comptons, alors que la diversification de notre économie s’avère indispensable, sur la création d’un troisième pôle de compétitivité en Midi-Pyrénées dédié à l’agriculture et l’agro-alimentaire. Un refus de l’Etat de « labelliser » ce projet serait inacceptable.

Le Premier Ministre est resté bien évasif sur l’attitude future de l’Etat actionnaire. Nous n’avons pas reçu les réponses que nous attendions. Nous ne savons pas en particulier quelle parole la France fera entendre au niveau européen.

On a ainsi pu assister au passage, à un mois de distance, du silence de l’Etat à une mélodie sans entrain, qui n’est pas des plus rassurantes. Elle n’endormira pas notre vigilance de tous les instants sur le devenir de notre industrie.

Pierre Izard Président du Conseil Général de la Haute-Garonne


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