Conférence sociale pour des projets antisociaux

dimanche 23 juin 2013.
 

3) Conférence sociale : Hollande pose un cadre de négociation bien étriqué (L’Humanité)

François Hollande a ouvert par un discours les deux jours de négociations de la conférence sociale. Il veut ainsi "inverser durablement la courbe du chômage" avec ses recettes habituelles et allonger la durer de cotisation pour les retraites. Une base de travail peu engageante pour les syndicats d’autant moins que les contreparties pour les travailleurs, salaires ou démocratie sociale, n’ont même pas été évoquées.

Thierry Lepaon au sortir de ce discours, n’a pas masqué sa déception. C’est que les pistes proposées par François Hollande, pour aboutir à son ambition, inverser "durablement" la courbe du chômage à la fin de l’année, sont bien loin des aspirations de la CGT.

Première piste, les emplois aidés. Il a annoncé pour la fin juin le chiffre de 33.000 emplois d’avenir, destinés aux jeunes pas ou peu qualifiés. Il souhaite atteindre l’objectif de 100.000 à la fin de l’année, et en appelle pour ce faire aux collectivités locales et au secteur privé. Les contrats de génération sont à l’entendre "un indéniable succès", avec 1000 contrats signés par semaines. "Je demande aux entreprises concernées, aux organisations professionnelles, aux partenaires sociaux d’engager les négociations branche par branche", a ajouté François Hollande, fixant l’objectif de 75.000 contrats d’ici mars 2014, soit 150.000 personnes concernées.

Seconde piste proposée, mieux réorienter la formation professionnelle et des chômeurs pour pourvoir les 200 à 300.000 offres d’emplois qui ne trouvent pas preneur. François Hollande souhaite d’ailleurs qu’une partie des fonds allouée à la formation professionnelle soit consacrée à la formation des chômeurs.

Sans surprise, voilà l’étendue des pistes proposées par François hollande pour l’emploi. Le président "ne nous a pas rassurés sur la préoccupation première des Français qui est les salaires, puisqu’il n’a même pas évoqué la question" a regretté Thierry Lepaon. "Il a évoqué les questions ayant trait aux emplois aidés (...) qui ne sont pas, de manière structurelle, fondateurs de croissance économique et sociale". Rien non plus sur les promesses de campagne ou de la première conférence sociale qui restent lettre morte : rien sur la démocratie en entreprise ni la représentativité, ni sur l’encadrement des licenciements. Un an a passé depuis la première conférence sociale, et comme le fait remarquer Jean-Claude Mailly de FO, "il y a plus de chômeurs que l’an dernier, le Smic n’a pas augmenté, il y a le gel du pouvoir d’achat des fonctionnaires, une contre-réforme des retraites en préparation. Ca fait quand même beaucoup".

Les retraites : "rétablir les comptes"

"Les chiffres sont implacables" avance François Hollande. Donc pour rétablir les comptes, "L’équilibre à long terme" du système des retraites, il avance une idée, là encore sans surprise. Pas de report de l’âge légal de départ mais un allongement du temps de cotisation. "La mesure la plus juste" pour rétablir les comptes, "à condition de l’appliquer à tous et à tous les régimes" justifie-t-il. Un autre élément "doit être dans la discussion", c’est "l’allongement de la période des études qui appellera nécessairement un effort contributif calculé d’une manière différente d’aujourd’hui", a-t-il poursuivi, sibyllin. "Les efforts devront être équitablement répartis" a-t-il affirmé, oubliant de précisé : entre les salariés.

Si pour le président, voilà la mesure la "plus juste", Jean-Claude Mailly reconnaît là "un désaccord de fond". "Nous n’avons pas envie que les jeunes générations travaillent jusqu’à 70 ans". Thierry Lepaon a également regretté : "Il n’a pas évoqué la question du montant des pensions pour les retraités, qui est une question également importante."

2) Sommet social : dialogue ou affrontement  ? (NPA)

La Conférence sociale de 2012 avait débouché sur un cadeau de 20 milliards au patronat et l’Accord national interprofessionnel facilitateur de licenciements. Mais la logique de la politique d’austérité ne supporte pas de pause. La Conférence sociale des 20 et 21 juin 2013 va fixer le calendrier de nouvelles attaques contre les salariéEs, les retraitéEs, les chômeurEs, les femmes et les jeunes.

Le cadre avait été donné par le rapport Gallois  : «  Les circonstances de la Deuxième Guerre mondiale et de la Libération avaient permis d’élaborer, en 1946, un Pacte qui a permis les Trente glorieuses  ; chacun sent aujourd’hui que ce pacte négocié il y a 60 ans est à bout de souffle, qu’il ne fonctionne plus et qu’il «  fossilise  » le dialogue social. Il faut en bâtir un nouveau.

Trois concertations ou négociations majeures sont menées simultanément. La concertation sur le financement de la protection sociale, la négociation sur les institutions représentatives des personnels, celle, enfin, sur la sécurisation de l’emploi. Ces trois processus constituent un ensemble d’où peut justement émerger ce nouveau pacte.

Les partenaires sociaux sont donc face à une responsabilité que l’on peut qualifier, sans grandiloquence, d’historique. Nous pensons qu’un nouveau pacte social, plus dynamique, adapté aux révolutions que nous traversons, est une clé incontournable de la compétitivité. Sans un tel pacte, les développements qui précèdent dans les cinq premières parties perdent une part de leur portée.  »

«  C’est pas dans les salons que l’on obtiendra satisfaction  »…

Si les retraites sont l’enjeu immédiat de la Conférence sociale, toute la protection sociale est dans le collimateur  : retraites, chômage, Sécurité sociale, formation professionnelle. Seule cette dernière pourrait relever du donnant-donnant, avec un partage du gâteau entre patronat et syndicats, pour maintenir la tête hors de l’eau aux syndicats­-croupions CGC et CFTC jusqu’à la prochaine validation de la représentativité syndicale.

Pour le gouvernement, il y aurait urgence. Pourtant, contrairement à ce que les médias répandent, il n’y a ni catastrophe ni urgence. Les projections du très consensuel Conseil d’orientation des retraites montrent que le besoin de financement à l’horizon 2020 équivaut à 1 % de la richesse nationale. À l’horizon 2060, c’est-à-dire lorsque les jeunes d’aujourd’hui prendront leur retraite, il serait d’un peu moins de 3 %, et cela dans le pire scénario…

Sur l’ANI, il y avait un semblant de négociation, même si cela a débouché sur des «  avancées  » bidons (formation professionnelle, chômage, droit des salariés), des reculs masqués (complémentaire maladie) et de graves attaques (liberté plus grande de licencier, de réduire les salaires et d’aggraver les conditions de travail).

Pour la contre-réforme Hollande-Ayrault­-Touraine, il n’y a rien à négocier  : tous les efforts sont supportés par les salariéEs et les retraitéEs. Ce ne sont pas les rassemblements-alibis à l’initiative de la Confédération européenne des syndicats du 19 juin qui peuvent servir de point de départ à la mobilisation contre ces mesures. La timide initiative de l’UD CGT Paris et la déclaration signée par le NPA, Alternative libertaire, les Alternatifs et la CNT [1] indiquent la voie à suivre  : c’est bien dans la rue que ça doit se passer.

Robert Pelletier

* Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 200 (20/06/13).

1) Un dialogue social sans mesures sociales (Solidaires)

La nouvelle Conférence sociale s’inscrit dans la méthode de François Hollande : faire du dialogue social « une priorité majeure », mais sans prendre de mesures sociales, voire en préparant des contre réformes antisociales (retraites par exemple). Comme l’an dernier, l’Union syndicale regrette que les organisations de chômeurs ne soient pas invitées alors qu’elles sont directement concernées par les sujets qui seront traités. Comme l’an dernier, l’organisation de cette Conférence sociale ne permet pas à tous les syndicats d’intervenir sur l’ensemble des sujets. Solidaires n’aura accès qu’à deux table-rondes : celle sur les services publics et celle sur la protection sociale et les retraites. Aucun argument ne saurait justifier ce traitement discriminatoire : les idées portées par Solidaires sont-elles si dérangeantes qu’elles ne puisent même pas être écoutées ?

Cette conférence sociale abordera des questions aussi importantes que l’emploi, les enjeux économiques, les services publics, les retraites et le financement de la protection sociale, les conditions de travail, la formation professionnelle ou les enjeux européens… Une feuille de route sera établie, comme l’an dernier, à l’issue de cette Conférence, dont le calendrier très raccourci sur le dossier retraites ne permettra pas un véritable débat public.

Pour Solidaires, la méthode et le dialogue social, ne peuvent remplacer la discussion sur les choix politiques du gouvernement.

Le patronat est à l’offensive sur une seule idée : réduire par tous les moyens ce qu’il appelle le « coût du travail ». Les salaires ne progressent pas, le chômage augmente, les recettes pour financer la protection sociale reculent… Le pouvoir de la finance se porte bien Dans ce contexte, le gouvernement a fait le choix de poursuivre des politiques d’austérité inefficaces économiquement et injustes socialement.

La question des retraites sera un des thèmes centraux de cette conférence. L’essentiel des pistes préconisées par le rapport Moreau consiste à faire payer aux salarié-es et aux retraité-es le prix fort : allongement du nombre d’annuités, désindexation des pensions, fiscalisation accrue… Pour Solidaires, c’est inacceptable : il est possible de garantir et d’améliorer le financement de notre système de retraites par répartition à condition de mettre en oeuvre un autre partage des richesses !

C’est l’ensemble de ces éléments que Solidaires portera dans les débats de cette Conférence sociale, mais aussi auprès des salarié-es.

Face aux attaques qui se préparent, notamment sur les retraites, l’Union syndicale Solidaires propose aux organisations syndicales et aux mouvements sociaux, à l’ensemble des travailleur-euses, des chômeur-euses, des précaires, des retraité-es et des jeunes de préparer une mobilisation sociale interprofessionnelle à la hauteur de ces enjeux.

19 juin 2013


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