Au moins 77% des fonds destinés au "sauvetage" de la Grèce sont allés à la finance

mardi 6 décembre 2016.
 

Depuis 2010, le FMI et l’Union européenne ont attribué 207 milliards d’euros dans le cadre des "plans de sauvetage" de la Grèce. Mais qui a vraiment bénéficié de ces sommes, provenant de fonds publics ? Certainement pas la population grecque, affirme Attac Autriche qui s’est penché sur ces versements. Résultat : au moins 77% de l’argent est allé au secteur de la finance.

Selon l’association altermondialiste seuls 46 milliards sur les 207, parmi les prêts accordés par l’Union européenne et le FMI, validés le 2 mai 2010 et le 21 février 2012, ont servi à renflouer les comptes publics de la Grèce, les principaux destinataires sont les banques grecques (à hauteur de 58 milliards d’euros) et les créanciers de l’État grec (pour 101 milliards), principalement des banques et fonds d’investissement.

Les résultats en détail :

58,2 milliards d’Euros (28,13%) ont servi à recapitaliser les banques grecques —au lieu de restructurer ce secteur trop grand et moribond de manière durable et de laisser les propriétaires des banques payer pour leurs pertes. 101,331 milliards d’Euros (48,98%) sont allés aux créanciers de l’État grec. Parmi lesquels 55,44 milliards d’Euros ont été utilisés pour rembourser des bons du Trésor arrivés à échéance —au lieu de laisser les créanciers assumer le risque pour lequel ils avaient préalablement perçu des intérêts. 34,6 autres milliards d’Euros ont servi de prime d’incitation pour obtenir l’accord des créanciers sur le prétendu « allègement » en mars 2012. 11,3 milliards d’Euros ont été affectés au rachat de la dette en décembre 2012, lorsque l’État grec a racheté des bons presque sans valeur à ses créanciers. 43,7 milliards d’Euros (22,46%) ont alimenté le budget de l’État ou n’ont pu être clairement affectés. 0,9 milliard d’Euros (0,43%) ont constitué la contribution de la Grèce au financement du nouveau fonds de sauvetage, le MES.

Pendant la même période, l’État grec a payé 34 milliards d’euros, rien que pour les intérêts de sa dette.

Selon Simon O’Connor, porte-parole de la Commission européenne aux affaires économiques et monétaires qui se prononçait, jeudi sur Arte sur le rapport d’Attac qui pointe le manque de transparence dans le détail des moyens financiers mis à disposition de la Grèce "ce rapport comporte un certain nombre d’affirmations trompeuses et de malentendus." "L’utilisation qui a été faite des moyens financiers déployés dans le cadre du plan d’aide à la Grèce est exposée de façon extrêmement claire dans chaque rapport de gestion. En ce qui concerne les banques, certes elles ont obtenu une part non négligeable des fonds. Mais il s’agissait avant tout de recapitaliser le secteur bancaire en Grèce. Le but n’était pas de sauver les banques, mais de stabiliser le pays et de contribuer à la relance de l’emploi."

Le gouvernement allemand a lui aussi rejeté les conclusions de cette étude, expliquant que tous les Grecs ont profité du fait que les créanciers du pays n’aient pas fait faillite. Grâce aux plans européens, la Grèce a eu plus de temps pour mettre en œuvre des réformes, ce qui a profité à l’ensemble de sa population, selon Berlin.

« Le but des élites politiques n’est pas de secourir la population grecque mais de sauver le secteur financier » conclut Lisa Mittendrein d’Attac. « Ils ont utilisé des centaines de milliards d’argent public pour sauver les banques et autres acteurs financiers —en particulier leurs propriétaires— de la crise qu’ils ont provoquée. »


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