Changer de cap, comment ? (par la FASE, Front de Gauche)

lundi 1er juillet 2013.
 

Un an après la défaite de Sarkozy, quelle confusion ! Quel désarroi ! François Hollande ne fait progresser qu’une chose : la résignation imposée aux couches populaires, que nous avions dénoncée il y a un an.

Seules la droite et l’extrême-droite en profitent. L’élection de Villeneuve-sur-Lot, après celle de l’Oise, montre les progrès du racisme et les déceptions qui font déserter les urnes à gauche.

Sur quoi nous appuyons-nous pour construire une alternative malgré tout ?

Les Assises du 16 juin

Après le succès militant de la marche du 5 mai, celui des Assises du dimanche 16 juin constitue une nouvelle étape. Outre les plus de 1 300 participant-e-s qui ont dialogué toute la matinée, dans les huit « table-rondes », il faut compter les quelques 7 000 connexions vidéo de celles et ceux qui ont suivi ces débats et la plénière. Soixante-dix intervenants, représentants ou personnalités issus de plusieurs dizaines d’organisations, y ont pris la parole.

Au cours de ces assises, de nombreuses forces sociales et politiques - parmi celles qui ont assuré, il y a un an, la victoire sur Nicolas Sarkozy - se sont retrouvées pour affirmer ensemble l’urgence de « changer de cap politique en France et en Europe ».

Au nom de Solidaires, Annick Coupé montrait la portée de cette assemblée : « les questions politiques ne sont pas l’affaire que des seuls partis politiques mais de l’ensemble du mouvement social. Nous n’avons pas les mêmes fonctions ni les mêmes échéances, mais nous avons la même responsabilité, celle de changer les choses ». Christophe Delecourt (CGT finances) et Pierre Khalfa (Copernic) pointaient cette question décisive : « quel cadre unitaire, alors qu’il existe des convergences importantes sur le contenu d’une politique alternative ? » À l’adresse des responsables présents de Gauche avenir et d’EELV, Clémentine Autain soulignait l’importance de tels débats, en dégageant leur enjeu : « Nous ne demandons pas un peu plus. Nous demandons un changement de cap. Nous sommes en colère mais la colère ne suffit pas. Ce que nous avons à faire c’est transformer cette colère en alternative. » Jean-Luc Mélenchon a rappelé, pour sa part, que « le capitalisme est en train de mourir ». Quant à Pierre Laurent, il montrait les objectifs que nous pouvons faire triompher en commun.

Dès lors, la convergence entre forces du changement, autour de propositions permettant de sortir de la crise et ouvrant la perspective d’une majorité alternative, est l’une des questions majeures qui nous sont posées. Le Front de gauche entend y œuvrer avec toutes les forces et les citoyens partageant cet objectif.

Retraites : Une mobilisation unitaire devant nous

Le prochain objectif est d’être utile aux mobilisations contre la réforme des retraites, les discriminations, le traité transatlantique, l’acte III de la décentralisation...

La réunion unitaire, organisée le lundi 24 juin par Copernic et ATTAC, ouverte aux mouvements sociaux et organisations politiques, peut être un pas dans ce sens. Cette convergence de forces existe déjà : contre la dette, contre l’évasion fiscale, pour la création d’un secteur financier public, etc. À l’inverse de 2003 et 2010, la CGT peut, avec nous, s’impliquer dans un cadre unitaire de ce type et amener à y participer le maximum de forces de la CFDT. À condition d’être vraiment pluraliste et respectueux de la diversité de ses composantes, ce cadre pourra créer les conditions d’une large mobilisation de la société.

Dès maintenant, il faut mener les discussions, démasquer les fausses présentations qui pèsent et s’accompagnent d’un conditionnement médiatique hors du commun, pour faire croire qu’il n’existe qu’une solution unique avec des nuances. Les propositions ne manquent pas : de la CGT , de Solidaires, de la FSU.

Comme la classe dirigeante, le gouvernement entérine un chômage et une précarisation énormes, qui mettent en danger majeur tout le système de la Protection sociale. Chacun sait pourtant que, quel que soit l’allongement de la durée de vie, une diminution massive du chômage assurerait l’avenir de tous nos systèmes de solidarité. La Marche des chômeurs est bien là pour le rappeler.

Mais, pour construire ensemble, il faut prendre le contrôle des milliards de la spéculation financière et revoir l’usage des richesses dans la société. Il est « difficile de considérer qu’un montant de 20 milliards d’euros constituerait un déficit insoutenable des caisses de retraite, lorsque la même somme est attribuée sans contrepartie aux entreprises via le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi ! », comme le soulignent ATTAC et Copernic.

On nous ressasse l’argument : « il va y avoir 20 milliards de trou d’ici 2020 sans les réformes proposées ». Rappelons donc un fait : l’évasion fiscale nous coûte, au minimum, 60 à 80 milliards par an, comme le démontrait la récente émission télévisée Cash investigation d’Élise Lucet, appuyée sur des enquêtes dans le système bancaire (HSBC).

En finir avec l’austérité, relancer l’emploi par une réduction du temps de travail et une politique audacieuse d’investissement en matière sociale et écologique permettraient déjà de résoudre une bonne partie du problème. La part des retraité-e-s augmente dans la population ? Il est nécessaire de ne pas les appauvrir - alors qu’il faut augmenter les retraites, notamment celles des femmes -. Il faut accompagner cette évolution, attribuer aux pensions une part plus grande de la richesse créée. Il est possible de relever progressivement les cotisations patronales en baissant en parallèle les dividendes versés aux actionnaires (cette part est, en effet, passée en trente ans de 3 % à 9 % de la valeur ajoutée brute des sociétés non financières, sans aucune justification économique).

Nous devrons reprendre un à un tous ces arguments : pour changer de cap, cette actualité s’impose.

Il reste, pour faire de ces idées une force matérielle, à tenir des milliers de réunions unitaires, démonter les choix essentiels, combattre pied à pied le fatalisme distillé par les grands médias en s’appuyant sur la méfiance accrue vis à vis de la politique comme outil de changement. Cette bataille centrale pour la solidarité, contre les choix imposés par le patronat européen et assumés par François Hollande, sera le terrain pour construire une alternative politique.

Toute l’Europe subit les mêmes mauvais coups ! Encore quelques mois et les Allemands - dont on sait la situation réelle - nous diront « merci » d’avoir proposé que tous vivent mieux !


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