De plus en plus de voix pour changer de cap

vendredi 5 juillet 2013.
 

C’est un fait dont beaucoup prennent conscience aujourd’hui  : le pays, le peuple, la gauche se trouvent menacés de débâcle par l’orientation que conduisent François Hollande et son gouvernement. Et l’Europe, dans la foulée, se voit promise à une dislocation ravageuse par une austérité et une politique de l’euro fort ne profitant qu’aux États les plus puissants, précarisant les vies par millions et générant le chômage de masse. L’heure est au sursaut, à la contre-offensive, à la renaissance d’un espoir politique pour toutes celles et tous ceux qui contribuèrent, l’an passé, à l’éviction de Nicolas Sarkozy et de la droite.

De plus en plus nombreux sont ceux qui, à gauche et parmi les forces populaires, en arrivent à une identique conclusion. Jusqu’au sein du Parti socialiste, des voix chaque jour plus fortes se font entendre pour demander un changement de cap. Une très grande partie des adhérents vient même de se prononcer pour que la construction européenne soit remise sur les rails du progrès social et de la démocratie. À Europe Écologie, les mêmes débats se font jour. C’est une chance qu’il ne faut sous aucun prétexte laisser passer pour l’avenir  : l’orthodoxie budgétaire, la baisse sans fin des dépenses publiques, la destruction des protections collectives du monde du travail, la soumission aux logiques infernales de la compétitivité à outrance et du libre-échangisme à tout va n’ont pas de majorité à gauche. C’est la raison pour laquelle il revient au Front de gauche de mobiliser toutes ses forces au service d’une autre majorité et d’un nouveau gouvernement, à même d’initier une politique radicalement différente de celle qui nous mène au désastre.

Cela suppose d’abord, pour lui, de soumettre au débat public un véritable programme de salut public. Ou, pour le dire autrement, les grandes mesures d’urgence à partir desquelles peut au plus vite se retrouver une majorité de la gauche et du peuple. Trois grandes exigences pourraient en résumer la démarche  : changer de modèle de développement  ; refonder la République  ; réorienter profondément l’Europe.

Changer de modèle de développement, c’est évidemment donner la priorité aux besoins sociaux et environnementaux, faire prévaloir des politiques fondées sur la solidarité, engager la transition écologique sans laquelle aucune relance économique durable ne saurait voir le jour. Pour aller à ce changement, il faut oser prendre l’argent où il est, du côté de ces 80 % de l’activité financière qui se trouvent consacrés à la spéculation.

Refonder la République, c’est donner au peuple les moyens de soustraire le pouvoir à la finance, concrétiser la promesse émancipatrice de souveraineté du peuple, en finir avec la monarchie élective, permettre aux travailleurs comme à leurs organisations de disposer de nouveaux droits de contrôle et d’intervention à l’entreprise. Bref, la VIe République que nous appelons de nos vœux doit être enfin démocratique et sociale, la convocation d’une Assemblée constituante étant le vecteur de la révolution citoyenne qui peut lui donner naissance.

Réorienter l’Europe, c’est faire en sorte que l’euro cesse d’être un instrument d’asservissement des peuples, pour devenir un outil au service de la relance des économies, de l’alignement par le haut des droits sociaux, de la relocalisation des emplois et de la réindustrialisation des territoires, d’un développement écologiquement soutenable. Et tout doit commencer par la remise en question des statuts et missions de la Banque centrale européenne, afin de pouvoir briser net les entreprises spéculatives sur les marchés financiers et injecter dans les économies des sommes aussi importantes que celles dont ont indûment profité les banques à la suite de la crise financière de 2007-2008.

C’est sur une telle feuille de route qu’il s’impose à présent de rassembler toutes les forces et énergies militantes disponibles. D’où qu’elles viennent, qu’elle qu’ait été l’attitude de chacune d’entre elles lors des scrutins de 2012, sans qu’il soit demandé à quiconque de renoncer à son histoire et aux spécificités de son action. L’évocation d’un nouveau Front populaire trouve là sa pertinence  : l’alternative à l’austérité ne verra le jour qu’à travers la convergence de ce qu’incarnent les courants politiques qui s’engageront dans sa construction, de ce que portent les combats du mouvement syndical et associatif, des aspirations qui montent de la société et qu’expriment un nombre grandissant de citoyens.

Les marches du 5 mai et du 1er juin ont permis d’affirmer dans la rue que la gauche conservait en son sein les capacités d’un rebond salutaire. Après l’Altersommet de ce début juin à Athènes, il s’agit maintenant de passer à l’étape de la reconstruction de la perspective politique qui hypothèque si fortement l’entrée en lice du peuple pour faire entendre ses exigences. Les assises de ce 16 juin doivent, en ce sens, n’être que la première étape d’un mouvement appelé à grandir et à s’élargir…

Christian Picquet


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