L’UMP, un parti au service exclusif du MEDEF

mardi 13 février 2007.
 

L’entreprise a "besoin d’air", affirme Laurence Parisot, la patronne du MEDEF. C’est d’ailleurs le titre du livre qu’elle vient de faire paraître au nom de l’organisation patronale. De l’air que l’UMP de Nicolas Sarkozy veut lui accorder, et tant pis si cela doit asphyxier le reste de la société française. Fin du CDI et des régimes spéciaux, augmentation du temps de travail : l’UMP propose de réaliser tous les fantasmes du MEDEF, quand il ne va pas au-delà ! A l’heure où tous les médias vendent un Nicolas Sarkozy "candidat du travail", l’"HD" démonte cette grossière supercherie. Décryptage ....

LA RICHESSE

MEDEF. La richesse n’est pas un gâteau déjà sur la table. La richesse n’est jamais statique. Elle est toujours en évolution positive ou négative, et toujours potentiellement en expansion. Si l’on veut avoir l’espoir d’augmenter un jour prochain les revenus les plus bas, c’est la richesse globale, celle de la collectivité toute entière qui doit augmenter.

UMP. Le premier problème de l’économie française est un problème de création de richesses. Quand on a peu à distribuer, le problème de la création de richesse finit nécessairement par devenir un problème de redistribution. Notre croissance est molle parce que nous l’avons nous même amputée par des politiques de partage du travail et de découragement de l’initiative.

HD. Le son de cloche est identique de la part de l’organisation patronale et de la droite : il n’y aurait pas assez de richesses en France pour les partager. De quoi sourir lorsqu’on sait que la répartition de la valeur ajoutée entre le capital et le travail est passée de 60/40 à 70/30 en faveur du capital. Le MEDEF ne cesse donc d’augmenter sa part du "gâteau" de la richesse.

LE TRAVAIL

MEDEF. De même, si l’on veut créer du travail, il faut se garder de le considérer lui aussi comme un gâteau déjà sur la table, qu’il ne resterait plus qu’a se partager. Ce fut l’illusion désastreuse des 35H . Tant l’expérience que la raison nous dicte cette évidence de l’action pour sortir de la difficulté.

UMP. Permettre l’augmentation durable de tous les salaires en rompant avec la politique de partage du travail et en mettant en oeuvre une politique de compétitivité de nos entreprises et d’enrichissement de la substance de notre économie. Atteindre le plein-emploi par une politique d’encouragement et d’incitation au travail de tous, car l’activité des uns crée le travail des autres. Permettre à ceux qui veulent travailler plus pour gagner davantage de le faire, en donnant plus de liberté aux entreprises et aux salariés pour négocier des heures supplémentaires.

HD. Une emprise sur la richesse que le MEDEF entend bien encore accroître avec le soutien de l’UMP. Notamment en " libérant les heures supplémentaires" et en mettant en oeuvre le fameux principe Sarkozyste "travailler plus pour gagner plus". Une logique qui se traduit par une baisse du coût du travail.

LA FISCALITE

MEDEF. Affirmons qu’il y’ a des fiscalités compétitives et d’autres qui ne le sont pas et que ce ne serait pas le moindre mérite de la nôtre qu’elle permette enfin d’embaucher et d’augmenter les salaires.

UMP. Exonérer les heures supplémentaires de charges sociales et fiscales, pour créer un choc en faveur des revenus du travail. A l’image de l’Allemagne, réduire les impôts qui pèsent sur les entreprises : notamment faire converger le taux de l’impôt sur les sociétés vers celui de la moyenne des pays de l’Union européenne à 15, supprimer l’imposition forfaitaire annuelle, harmoniser l’assiette de l’IS au niveau européen, et réformer la taxe professionnelle tout en maintenant le principe d’une taxe sociale sur les entreprises.

HD. Les patrons demandent, l’UMP exécute et assure vouloir aller plus loin que les 62 milliards d’€ donnés comme aides et exonérations pour la seule année 2005. Exonérations de charges sur les heures supplémentaires, réduction des impôts.....

LA DUREE DU TRAVAIL

MEDEF. Et c’est au nom de notre confiance en l’homme que nous demandons à déterminer par accord entre patronat et syndicats la durée du travail sans qu’il soit nécessaire qu’une loi la fixe une fois pour toutes et pour tous de façon rigide.

UMP. Permettre aux maires d’autoriser l’ouverture des commerces le dimanche, sous réserve du volontariat et de la juste rémunération de salariés concernés, pour que chacun soit libre de consommer ou de travailler le dimanche. Les demandeurs d’emploi doivent être davantage incités à rechercher un emploi, à suivre une formation, à reprendre une activité. La collectivité ne peut pas aider ceux qui ne fournissent pas le minimum d’efforts personnels sans lesquels rien n’est possible .

HD. Le MEDEF veut la fin du cadre national et législatif de la durée du temps de travail, alors l’UMP propose, en plus de la libéralisation, la généralisation du travail le dimanche, et le parti de droite va plus loin puisqu’il propose ni plus ni moins d’obliger les chômeurs - accusés de paresse - à "reprendre une activité". Autrement dit, de les forcer à accepter n’importe quel petit boulot.

LE SMIC

MEDEF. Serait mortel pour notre économie, par exemple, une augmentation du SMIC sans aucun lien ni avec les gains de productivité et ni avec l’inflation.

HD. Sur cette question le MEDEF n’a pas de souci à se faire. Rien dans le programme de l’UMP, ou dans les discours de son candidat, ne laisse penser que le parti majoritaire à droite pense, ne serait -e qu’un instant à augmenter le salaire minimum.

LES RETRAITES

MEDEF. Serait mortel le projet d’abrogation de la loi de 2003 sur les retraites alors que chacun sait qu’elle n’est pas la première étape des réformes nécessaires.

UMP. Conserver et conforter la loi de 2003 sur les retraites, car elle est la seule loi qui permet de sauver le régime des retraites par répartition. Réformer les régimes spéciaux de retraite dans un souci de justice et d’équité afin que chacun prenne sa juste part de l’équilibre des régimes de retraite. Permettre à chacun de choisir l’âge de son départ à la retraite , en laissant aux mécanismes de surcôte et de décôte le soin de réguler les conséquences de ses choix sur les financements des régimes de retraite, et libérer totalement le cumul emploi-retraite.

HD.Même point de vue entre l’organisation patronale et l’UMP en ce qui concerne les retraites. Pas question de toucher à la "réforme" de 2003. L’UMP annonce même les prochains coups : fin des régimes spéciaux, prolongement de la durée du temps de travail dans la vie au nom de la "liberté" de choix du départ en retraite... Travailler jusqu’à ce que mort s’en suive.

LE CODE DU TRAVAIL

MEDEF. Aujourd’hui, nous sommes dans un carcan. Les excès de la fiscalité, les excès du Code du travail, les labyrinthes indéchiffrables, l’impossibilité notoire d’en déjouer les contradictions, l’hyper-réglementation, tout cela nous oppresse, tout cela empêche nos entreprises de grandir, tout cela oppresse et opprime bien inutilement les entreprises françaises.

UMP. Il s’agit de faire en sorte que, dans la vie économique aussi, la liberté soit la règle et l’interdiction l’exception. Levons les interdictions inutiles, simplifions les démarches, créons de la mobilité entre trop de statuts ou de secteurs qui s’ignorent. Il faut créer un choc de confiance à l’égard du monde de l’entreprise et des investisseurs par la simplification de l’administration, l’allègement des procédures, le choix des procédures juridiques, une gestion publique efficace et responsable.

HD. Le "choc de confiance" que veut créer Nicolas Sarkozy pour répondre aux desiderata du MEDEF est simple : en finir avec le Code du travail et passer les statuts à la trappe pour laisser le salarié seul face au patron.

LE CONTRAT DE TRAVAIL

MEDEF. Dès que le carcan disparaît, on peut respirer, et tout le monde y gagne tout de suite. La preuve : le succès du CNE ! Ce nouveau contrat de travail a permis d’embaucher 440 000 personnes. Certaines embauches étaient des remplacements, certaines des anticipations, et 45 000 étaient des créations pures, c’est à dire des emplois qui n’auraient jamais existés sans cette forme de contrat !

UMP. Pour les nouveaux contrats de travail , dans le but de faciliter les embauches, d’en accélérer le rythme et de réduire la segmentation du marché du travail et la précarité de certaines situations, créer un contrat de travail unique à durée indéterminée, donnant plus de souplesse aux entreprises et plus de sécurité aux salariés.

HD. Le MEDEF se félicite du CNE, l’UMP se propose de l’étendre à tous les étages de la vie avec le fameux contrat unique qui viendrait se substituer au CDI.

LES LICENCIMENTS

MEDEF. Je propose que nous commencions à définir dans le monde du travail une séparabilité à l’amiable et aux conditions honorables pour les deux parties. Ce que nous cherchons à éviter en inventant la séparabilité à l’amiable, c’est une judiciarisation dont le coût en temps, en argent, en liberté, en confiance en l’autre est incalculable !

UMP. Les entreprises veulent pouvoir adapter plus rapidement leurs effectifs aux évolutions de l’économie. Elles hésitent à embaucher pour ne pas être enfermées dans des rigidités et des coûts en cas de baisse d’activité. Passons d’un droit qui croit protéger les emplois à un droit qui protège les personnes. Engageons une stratégie du gagnant-gagnant qui donnera de la sécurité et de la flexibilité.

HD. Le "séparabilité", un barbarisme pour dire " licencier sans entrave " et qui est traduit pas l’UMP par la formule de flex-sécurité, "licencier plus facilement pour embaucher plus simplement", mais sans les mêmes salaires et dans n’importe quelles conditions.

LES ABATTEMENTS FISCAUX

MEDEF. Les allègements doivent devenir au contraire purement et simplement des abattements. Et cela, pour la bonne raison qu’ils ne sont que la juste conpensation de l’invraisemblable coût infligé aux entreprises par les 35h. Ce qu’on appelle un allègement n’est en fait pas un allègement, c’est un dédommagement du préjudice insensé qui a été fait aux entreprises et au monde du travail tout entier.

HD. Le MEDEF pousse-t-il le bouchon un peu trop loin en demandant de transformer les dizaines de milliards d’€ de cadeaux qu’il a reçu du gouvernement en simple "abattement" ? Toujours est-il que rien n’est dit dans le programme de l’UMP sur cette question. Surtout pas que Nicolas Sarkozy pourrait revenir sur cette politique d’allègements sans aucune contrepartie.

Stéphane Sahuc

Sources :

HD (jeudi 8 janvier)


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