Pénibilité, l’enfumage

jeudi 26 septembre 2013.
 

Pour faire passer leur pilule amère de l’allongement de la durée de cotisation, Hollande et Ayrault ont largement communiqué sur les douze facteurs de pénibilité retenus dans leur projet.

Premier constat : ces facteurs sont essentiellement physiques. Pour ne prendre qu’un exemple, alors même qu’il est prouvé que les troubles musculo-squelettiques ont une double origine, physique et psychologique, ce deuxième aspect de la pénibilité générée par le stress au travail est totalement ignoré.

Deuxième constat : en limitant à deux le nombre de facteurs pouvant être pris en compte pour chaque salarié, le gouvernement ignore ce que les spécialistes appellent « l’effet cocktail », qui signifie que lorsqu’une personne est exposée en même temps à plusieurs facteurs de pénibilité, ils ne font pas que s’additionner, mais se combinent pour générer d’autres nuisances.

Le projet propose un système dans lequel les salariés accumuleraient des points au fil des trimestres, en fonction de leur exposition aux facteurs de pénibilité retenus. On pourrait ainsi cumuler jusqu’à 100 points maximum, donnant droit à réduire de deux ans sa durée de cotisation. En pratique, il faudrait 25 ans pour atteindre les 100 points. Et au-delà de 25 ans de métier pénible, les salariés n’en verraient plus aucune prise en compte. Avec ce système, Ayrault invente le "progrès social à durée déterminée" : en 2035, ce dispositif permettrait au mieux de partir avec 41 ans de cotisation. Soit la situation qui existait jusqu’à l’an dernier. Quel progrès !

Sur le fond, ce projet introduit le système par points dans le régime général. C’est-à-dire la logique des droits individuels, chère aux libéraux, contre les droits collectifs qui protègent ceux qui n’ont pas eu « la liberté » de faire des plans de carrière. C’est un pas de plus en direction du Medef, qui a déjà annoncé qu’il ne payerait pas ces mesures.

S’il est temps de prendre en compte cette question, l’objectif premier doit être de faire reculer la pénibilité. Chaque travailleur doit avoir droit à une retraite en bonne santé. L’espérance de vie en bonne santé est déjà à 62 ans et elle régresse : pas question de reculer l’âge de la retraite !

Aujourd’hui, déjà 80% des Français sont contre la réforme des retraites, bien plus qu’au début de la mobilisation en 2010. Résistance !

Maxime Laisney


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