"La gauche à moins de quarante pour cent au premier tour. C’est sans précédent depuis plusieurs décennies"

jeudi 15 février 2007.
 

Les sondages placent la gauche à moins de quarante pour cent au premier tour. Toute la gauche. C’est sans précédent depuis plusieurs décennies dans cette sorte de sondage et dans ce que nous avons constaté dans les urnes. Notre étiage, vraiment bas c’était 42 ou 43 points. J’y vois le signe une nouvelle fois qu’il n’y a pas d’automatisme entre haut niveau de révolte contre la situation (que nous constatons tous autour de nous) et conscience de gauche (contrairement a la métaphysique politique des gauchistes). Il faut observer de plus près.

Voyez que dans ce nouveau pallier de décrue, la candidate socialiste recueille la grande majorité des suffrages de gauche. En tous cas plus de la moitié. Ce qui la rend majoritaire à gauche et devrait faire réfléchir ceux qui s’obstinent à bâtir leur campagne alternative sur la dénonciation des socialistes. D’ailleurs, l’autre gauche est explosée en miettes parfois à peine discernables, sans parvenir - ceci explique aussi cela- à définir un centre de gravité en faveur de telle où tel. D’après moi, si vous avez lu mes précédentes notes sur le sujet, le moteur de la conscience de gauche est plus que poussif dans la société. Et je n’en veux pour preuve parmi d’autres que l’exercice observé sur TF1 l’autre soir ou Le Pen a pu radoter contre l’immigration à tous propos sans un incident avant pendant ou après.....Ce n’est pas le moment de se demander pourquoi et comment.

J’indique rapidement que dans ma manière de voir je ne dissocie pas les responsabilités entre la gauche traditionnelle et l’autre gauche. Il ne s’agit pas ici des qualités individuelles des personnes concernées. Il s’agit de leur vision de l’action politique à gauche et de leur façon de s’adresser au pays. Tous gèrent des patrimoines électoraux et se disputent les mêmes votes acquis ou supposés tels. Maintenant c’est le temps de l’action. Tous ceux qui ont méprisé le rôle des idées et de la construction des champs idéologiques peuvent se mordre les doigts quand ils voient la place qu’occupe dans le débat la question si spécieuse du « chiffrage » de ce que la meute médiatique nomme les « promesses ». La question elle-même est la réponse. Réfléchissez y. La question est la réponse. Elle suppose que le coût est net, sans contrepartie de rentrées qui y soit liées de quelques façons que ce soit.

Par exemple j’ai déjà entendu un perroquet médiatique couiner que « la mesure de gratuité des soins des jeunes de moins de 16 ans devait être rapidement chiffrée ». Ce serait un gouffre. Le même perroquet ne se demande pas ce qu’il en coûte qu’un jeune ne soit pas soigné. Normal Ce n’est pas son gosse. Le même perroquet ne se demande pas quelles sommes seront épargnées du fait que la prévention rapporte gros. Très gros comme le montre l’allongement actuel de la durée de vie (un bienfait ou un coût ?) et l’éradication de certaines maladie (un bienfait ou un manque à gagner ?) .

Je note que seuls Buffet et Besancenot y ont répondu en terme politique en chiffrant les prélèvements que le capital opère sur la richesse produite. J’y pensais ce matin en entendant le montant du bénéfice de Total. Le bénéfice peut-être regardé comme un impôt privé. Ici le montant acquis par Total ridiculise les petites phrases d’un Christian Blanc (ex rocardien devenu UMP) il y a quelques jours selon lequel « la gauche n’a toujours pas compris qu’on ne peut pas distribuer davantage de richesses qu’on en produit ».

Précisément tout le débat concerne la répartition des richesses produites ! Ce travail d’éducation des consciences à « regarder autrement » est presque au point mort. Comment après cela, quand on est une brave personne qui court après la fin du mois pour boucler des comptes à revenus faibles et fixes, pouvoir comprendre que l’exercice du chiffrage relève d’un autre ordre de contrainte et de choix que celui d’un Etat. Et que précisément c’est pour cela qu’on est plus fort quand on mutualise les coûts et les recettes.. Moi c’est un ouvrier peintre, syndiqué Fo à l’Alsthom Belfort dans les années 70 qui me l’a appris.

C’est lui qui organisait les campagnes de jeunes ignorants dans mon genre qui étudiaient la philosophie en fac mais qui ne savaient pas grand-chose à propos de la lutte de classes. Où sont les maîtres des actuels nigauds ? Ils sont très occupés. Ils se torturent pour savoir comment répondre au piège de la droite à propos du chiffrage des promesses, sans doute.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message