La goutte d’eau et la marée

dimanche 17 novembre 2013.
 

Ca n’a pas traîné. Quarante-huit heures après notre proposition d’une marche pour une révolution fiscale contre les privilèges, Jean-Vincent Placé, président du groupe EELV au Sénat, déclare que la hausse de la TVA prévue au 1er janvier pourrait être la « goutte de trop ». Dès le départ, cette mesure cumule la palme de l’imbécilité économique et de l’injustice sociale. La TVA frappe davantage les petits revenus que les gros et s’abat sur la consommation populaire au moment où celle-ci recule pour la deuxième fois seulement depuis 1945. Voilà en quoi consiste la politique de l’offre vantée par Hollande : se faire étrangler en France pour mieux vendre à l’étranger, engraissant les actionnaires et polluant la planète. Car la hausse de la TVA est le pendant de la décision plastronnée par François Hollande lors d’une conférence de presse élyséenne d’un crédit d’impôt de vingt milliards d’euros au patronat au nom de la compétitivité. Ce privilège est distribué sans aucune contrepartie sociale ni environnementale, donc sans que l’intérêt général y ait la moindre place. Il s’agit d’un pur cadeau, ce qu’avoua à sa manière Moscovici en annonçant que le crédit d’impôt ne serait pas contrôlé. On ne contrôle pas les cadeaux. Il est même des gens qui les revendent.

Dans le cadre du traité austéritaire Merkozy devenu Merkhollande sans qu’une ligne n’en soit changée, une telle dépense somptuaire implique de trouver des ressources considérables en plus des sacrifices déjà imposés au nom de la réduction du déficit. C’est ainsi que Hollande se rallia à la hausse de la TVA qu’il vilipendait hier, valida l’écotaxe sans rien changer à son scandaleux dispositif antiécologiste et antirépublicain, relança les coupes dans les dotations des collectivités territoriales que les directions locales PS dénonçaient hier et acceptent aujourd’hui sans broncher et, pour finir, repassa encore le rabot sur les services publics. Une, deux, trois, quatre gouttes d’eau qui sont en train de miner l’édifice du consentement à l’impôt. Dans un pays déjà désarticulé par les budgets d’injustice fiscale concoctés sous Sarkozy, cette agression contre l’intérêt général pourrait bien comme le pressent Placé lever le vent de la révolution fiscale que ce pouvoir promit dans la campagne mais se refuse depuis de faire.

Le 1er décembre nous ne marcherons pas contre « l’impôt ». Nous marcherons contre le tribut payé à la finance, contre les taxes inventées pour que le peuple paye les pertes de jeu des spéculateurs. Nous marcherons pour dire stop à la hausse de la TVA et aux privilèges fiscaux dont jouissent le capital et les grandes fortunes. Ce sera la journée des têtes dures qui refusent d’être tondues. Ce sera le rendez-vous des syndicalistes qui refusent de payer une seconde fois de leur poche les cadeaux au pollueur Total et au licencieur PSA, ou encore à Mac Donald et autres groupes ultra-rentables pas même soumis à la concurrence internationale. Ce sera le dimanche des républicains qui n’ont pas oublié que la France est née en proclamant que chacun de ses enfants contribuerait en fonction de ses capacités à un impôt au service de tous. Ce sera le défilé des écologistes qui refusent la destruction de l’environnement dans une guerre économique qui devient par ailleurs si souvent guerre tout court sans que les leçons de 14-18 que nous commémorons n’aient été tirées.

Ce sera la manifestation du partage et de la solidarité. N’est-ce pas cela la gauche ? Alors qu’elle a déserté le gouvernement, il ne manquerait plus qu’elle abandonne la rue.

François Delapierre Secrétaire national du Parti de Gauche


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