Les écologistes, affaiblis, se préparent à un congrès de pure cuisine interne

lundi 18 novembre 2013.
 

Les écologistes sont-ils en train de renouer avec leurs pires travers ? C’est ce que dira leur congrès qui se tient le 30 novembre à Caen. La première étape se déroule samedi 16 novembre par un vote militant en région qui donnera le rapport de force pour la suite et enverra 600 délégués qui prendront les décisions finales.

Participation gouvernementale mal assumée, incapacité à se faire entendre, impuissance à peser réellement, limogeage de Pascal Durand, départ de Noël Mamère : à quatre mois des municipales et à six des européennes, la préparation de ce rendez-vous a montré un parti fragilisé et affaibli. On est loin du congrès de La Rochelle, qui offrit, en 2011, 50,2% dès le premier tour à la motion emmenée par Cécile Duflot.

Sur fond de lutte des places pour les européennes, pas moins de sept motions sont soumises au vote des 10 000 adhérents revendiqués. Ce qui les différencie ? Pas grand-chose si ce n’est le degré des critiques face à la politique menée par François Hollande. Pas une ne demande ouvertement la sortie du gouvernement. « Il n’y aura pas de vote sur ce sujet alors que tout le débat public est là-dessus », résume Martine Billard, ancienne députée des Verts, aujourd’hui coprésidente du Parti de gauche.

PRINCIPALE MOTION AUTOUR D’EMMANUELLE COSSE

« Une sortie du gouvernement ? Sur quel dossier ? Pourquoi ? Pour quelle alternative ? », interroge la députée européenne Eva Joly, pourtant parmi les plus virulentes. « Le sujet est la relation au gouvernement, la pression qu’on met et comment on renforce la parole du parti, explique le président du groupe écologiste au Sénat, Jean-Vincent Placé. Il faut une parole forte et cohérente. Les militants veulent des explications et qu’on les écoute. Personne ne pense que l’affaire est gagnée d’avance. »

La principale motion s’articule autour d’Emmanuelle Cosse, vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France, qui devrait succéder à l’actuel secrétaire national, Pascal Durand. On y trouve les deux ministres, Cécile Duflot et Pascal Canfin, les présidents des groupes parlementaires, M. Placé, François de Rugy et Barbara Pompili, ainsi que les anciens amis de Daniel Cohn-Bendit, comme Yannick Jadot, qui ont rallié les ennemis d’hier. Sans oublier M. Durand. « Même avec le soutien de Pascal, être la motion qui passe pour être celle qui l’a débarqué, ce n’est pas génial », commente un cadre du parti.

Les accusations lancées par M. Mamère autour de « la firme » qui dirigerait le parti ont aussi atteint Mme Duflot et ses amis. « Si seulement la firme avait existé, il n’y aurait pas tout ce bordel mais c’est typiquement le genre d’histoire que les militants aiment croire », déplore David Cormand, de la direction d’EELV.

DEUX MOTIONS À LA GAUCHE DU PARTI

« La crise en interne n’affaiblit pas Duflot, juge cependant le député des Français de l’étranger Sergio Coronado. [Son] but n’est pas de faire un parti de masse mais d’en maîtriser le contrôle. Et l’atomisation des motions face à celle de Duflot sert cette dernière. » Face à la motion de Mme Cosse, une coalition assez hétéroclite de cadres et élus d’EELV s’est retrouvée autour d’une sévère critique de la direction sortante. « L’agenda d’EELV ne doit pas être celui du conseil des ministres », juge ainsi l’élue lilloise Marie-Pierre Bresson.

La gauche du parti n’a, quant à elle, pas réussi à s’unir et voit s’affronter deux motions dont une autour de Mme Joly. « La question est de savoir comment on retrouve l’autonomie de l’écologie politique sans être un satellite du PS ni un petit frère du Front de gauche », estime la députée européenne Karima Delli. « Les gens qui ne fusionnent pas alors qu’ils disent à peu près la même chose, c’est qu’ils ont un problème de personnes », tacle M. Placé. Trois petites motions dont deux dites « environnementalistes » viennent compléter le tableau.

Au final, ce sont peut-être les militants qui risquent de se lasser. C’est en tout cas ce que craignent certains dirigeants d’EELV qui redoutent l’abstention. D’autant que les votes ont lieu sur une après-midi, en région, et qu’une seule procuration est possible. « Je ne sens pas un engouement exceptionnel autour de ce congrès, la dynamique est restée en stand-by », confirme M. Durand. « La démobilisation du premier tour peut entraîner la bordélisation au second », met aussi en garde un proche de Mme Duflot.

Dès samedi soir débuteront négociations de couloirs et petites manœuvres pour le second tour. Un art dans lequel, en revanche, les écologistes excellent.

Raphaëlle Besse Desmoulières


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