François Hollande au Proche-Orient

mercredi 20 novembre 2013.
 

A) Moyen-Orient : c’est l’ensemble de la région qui doit être dénucléarisé et désarmé

En visite en Israël, François Hollande a adopté sur le nucléaire iranien la position des néo-conservateurs étasuniens et du gouvernement de droite et d’extrême droite israélien. Ce faisant, il a ciblé l’Iran, pris isolément, comme principale menace pour la paix dans la région et le monde.

Ce positionnement interdit tout progrès sur la non-prolifération, qui doit être couplée avec la question du désarmement nucléaire et réglée au niveau régional. C’est une absurdité de prétendre, avec une quelconque efficacité, exiger de l’Iran de se conformer au Traité de non-prolifération (TNP), sous prétexte qu’il l’a signé, sans rien demander en matière de désarmement aux trois pays « proliférant » situés à proximité de l’Iran, l’Inde, le Pakistan et bien sûr Israël, au seul prétexte qu’ils n’ont pas signé le TNP.

C’est une faute de rompre avec la tradition diplomatique d’une France médiatrice qui, par exemple, avait su par la négociation obtenir en 2003 de l’Iran l’arrêt de l’enrichissement de son uranium. La France doit oeuvrer à l’instauration de la paix au Moyen-Orient. Pour ce faire, elle doit promouvoir le désarmement régional - tant sur les arsenaux chimiques que nucléaires - comme objectif politique et diplomatique. C’est cette position que notre pays doit défendre dans le cadre des négociations sur le nucléaire iranien qui reprendront à Genève mardi 19 novembre.

- Alain Billon, responsable de la commission Maghreb / Machrek,
- Djordje Kuzmanovic, responsable de la commission Défense
- Le Parti de Gauche

B) Hollande en Israël au diapason des faucons de Tel-Aviv

Au démarrage de son voyage en Israël, le président français a confirmé l’obstruction de Paris à l’accord international en cours de négociation sur le nucléaire iranien, en dépit des avancées réalisées.

Dès son arrivée à l’aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv hier après-midi, François Hollande, en visite officielle de trois jours en Israël, s’est appliqué à justifier l’obstruction de Paris à un accord dans les négociations internationales sur le dossier nucléaire iranien. La France «  ne cédera pas sur la prolifération nucléaire  », a-t-il déclaré. Paris avait empêché in extremis, la semaine passée, la signature d’un tel accord, en dépit d’importantes avancées dans les discussions entre Téhéran et les grandes puissances (les membres du Conseil de sécurité plus l’Allemagne). Avancées relevées par John Kerry, le secrétaire d’État américain, qui estimait que l’on était passé «  très, très près  » d’un accord. Les nouvelles autorités iraniennes sont prêtes à garantir un contrôle très strict du combustible nucléaire et de sa non-utilisation militaire. Elles obtiendraient en échange un allégement provisoire et réversible des sanctions économiques.

Enjeu pour la planète

Une solution politique négociée sur ce dossier éloignerait de la région le spectre d’une nouvelle guerre déclenchée par des frappes israéliennes (ou) et occidentales sur les centrales iraniennes, un conflit aux conséquences incalculables. Mais la France, défend le président de la République, considère que le nucléaire iranien constitue « une menace sur Israël, sur la région, à l’évidence une menace pour le monde entier ». Il précise : « Lorsque la France défend ses positions, c’est bien sûr en prenant en compte ce que vous exprimez vous-mêmes, mais c’est en ayant aussi conscience que c’est l’enjeu pour la planète. » Et d’ajouter : « Tant que nous n’aurons pas la certitude que l’Iran a renoncé à l’arme nucléaire, nous maintiendrons toutes nos exigences et les sanctions. »

Relations commerciales

De quoi combler d’aise le premier ministre israélien, ­Benyamin Netanyahou, qui n’a pas manqué de se féliciter de la «  position ferme  » de Paris, devenu son grand allié. En froid avec la Maison-Blanche à qui il reproche de vouloir enclencher un processus qui conduirait à une levée des sanctions contre Téhéran, Netanyahou fait feu de tous bois. Il se rendra à Moscou puis à Washington avant mercredi, date de reprise des tractations avec Téhéran, avec la volonté affichée de tout faire pour bloquer l’accord. Après des années d’escalade, favorisée par les positions ultras de l’ex-équipe dirigeante iranienne, les faucons au pouvoir aujourd’hui en Israël s’accommodent bien mal de la recherche de la détente pratiquée par le nouveau président réformateur, Hassan Rohani.

Dans l’entourage de François Hollande, qui doit ce lundi s’exprimer devant la Knesset et rencontrer à Ramallah le président palestinien, Mahmoud Abbas, on fait aussi valoir, selon une rhétorique très convenue, que le président français entend «  encourager  » les parties israélienne et palestinienne à réaliser les «  efforts nécessaires  » à la paix. Entouré d’une kyrielle de patrons de grandes entreprises, Hollande devrait également tenter de relancer des relations économiques et commerciales que Paris juge indignes de… «  la qualité de la relation politique  » franco-israélienne.

Bruno Odent, L’Humanité

Message :

Nous boirons la coupe jusqu’à la lie ! Le voilà maintenant qui fait copain copain avec Netanyahou, demande aux Palestiniens de "faire des gestes" ??? Comme quoi par exemple ? Renoncer à avoir un Etat comme tous les autres, continuer à subir la colonisation et les brimades quotidiennes ? Je vis aux Etats Unis et travaille dans une Université et je m’indigne de voir que des étudiants Palestiniens ne peuvent pas sortir de leur ghetto pour étudier à l’étranger, qu’Israël leur refuse un visa. Et voilà un Président soi-disant "socialiste" qui est plus pro Israël que les Républicains ou les Evangélistes américains ! On croit rêver !!!


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message