Réforme fiscale : A peine annoncée, déjà reportée

mercredi 27 novembre 2013.
 

Après des mois passés à annoncer par la voix de divers ministres et du président lui-même que le temps de la réforme fiscale était terminé, le 19 novembre le premier ministre a tout d’un coup déclaré qu’il était nécessaire de tout remettre à plat. Une lueur de lucidité ? Ou plutôt une tentative de sortir par le haut d’une situation où le gouvernement est coincé entre poujadisme fiscal d’un côté et exaspération à gauche et au niveau syndical face aux reculades constantes devant les exigences de la finance et de divers lobbies ? Jean-Marc Ayrault, dans son interview aux Echos, annonçait donc cette réforme pour le budget 2015. Cet engagement n’aura duré qu’une journée. Le lendemain, François Hollande indiquait « la réforme fiscale prendra le temps du quinquennat » ! Une fois de plus, la tête de l’état donne l’impression de ne pas savoir ce qu’elle veut.

Par contre, il y a bien un principe libéral sur lequel ce gouvernement ne lâche pas : « Revenir sur la hausse de la TVA pour certains secteurs, ce serait revenir sur la baisse du coût du travail ». Quelle fermeté ! Et quelle différence avec les reculs sur la fiscalité en direction des plus riches. Des études parues ces derniers jours démontrent toutes que la fiscalité, dans son ensemble, s’est alourdie sur les ménages et allégée pour les entreprises. Avec ses reculades, le PS est en train de valider l’idéologie libérale du moins d’impôts. Aussi, catégories après catégories, tous les intérêts corporatistes partent à l’assaut.

C’est maintenant au tour des céréaliers de bloquer Paris contre la réforme de la PAC, dont le seul aspect positif est justement de rééquilibrer un peu les aides alors que jusqu’ici elles favorisent surtout les exploitants les plus riches, surtout les céréaliers, aux dépens de tous les autres agriculteurs et des éleveurs ! Après la mobilisation contre l’écotaxe et pour la défense du modèle agroalimentaire productiviste, la FNSEA défend maintenant les gros contre les petits. Pas de surprise. Mais il serait temps que ceux qui ont appelé à manifester à Quimper derrière ce syndicat, se rendent compte qu’on ne peut pas défendre les droits des salariés, des petits agriculteurs et l’environnement aux côtés de ceux qui ont toujours été les premiers défenseurs du modèle libéral et productiviste.

Quant à la réforme fiscale, il ne faut rien lâcher, car une réforme fiscale avec comme base la poursuite de la baisse du coût du travail et des dépenses publiques ne peut se faire qu’au détriment des salariés. La marche du 1er décembre à l’appel du Front de Gauche, contre l’austérité, pour la taxation du capital, pour l’annulation de la hausse de la TVA, est donc encore plus d’actualité.

Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche


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