« Ensemble », un beau début

mercredi 4 décembre 2013.
 

Plusieurs composantes du Front de Gauche ont décidé ce samedi de se rassembler en une formation unique nommée « Ensemble ». Je sais bien que le processus ne fait que commencer, mais il vient de franchir une étape décisive. Les trois cent présents dans la salle comble de Saint-Denis n’étaient pas seuls concernés. Je nous sens tous impliqués, et peut-être même mis au défi, au sein du Front de Gauche, par cet événement. La création de ce nouveau mouvement marque peut-être le début d’une période où s’achèverait l’émiettement de l’autre gauche. Je sais bien que cet émiettement n’a pas été entièrement négatif. Je ne reprocherai pas aux courants unitaires du NPA de l’avoir quitté, même si ce fut en trois vagues. Parfois, il a bien fallu commencer par se séparer des uns pour se retrouver avec les autres.

La dialectique de la rupture et du rassemblement d’une part, de l’unité et de l’indépendance d’autre part, sont au cœur de la démarche du Front de Gauche. Il en est ainsi depuis sa création en 2008 entre le Parti communiste et le Parti de Gauche, tout nouvellement créé, bientôt rejoints par la Gauche Unitaire. Et c’est bien grâce à ce noyau initial et parce qu’il existait qu’on on a pu ensuite regrouper tous ceux qui voulaient partager ce choix de l’unité et de l’indépendance. Utile occasion de rappeler que le Front de Gauche est une stratégie et non une étiquette. Personne n’est jamais venu au Front de Gauche pour négocier des places avec les socialistes, mais au contraire pour les leur disputer. A commencer par moi, qui étais sénateur socialiste et qui suis allé arracher un siège aux européennes dans le grand sud-ouest avec toute la fougue des camarades qui savaient que le succès ou l’échec dessinerait la suite du projet. J’aurais pu rester dans le confort de ma situation. Elle était reconductible par accord avec le PS comme l’a prouvé l’accord conclu par le PCF à Paris aux sénatoriales suivantes. C’est le conseil que je donne à ceux qui me succéderont : si vous voulez être libres, ne devez jamais rien personnellement à ceux avec qui vous êtes en compétition.

Dans cet état d’esprit, à mes yeux, le mouvement qui conduit vers une organisation comme « Ensemble », ne fait que commencer. Tous les partisans de l’indépendance politique à l’égard du PS doivent pouvoir se retrouver pour ne plus avoir à craindre à chaque étape ces retournements d’alliance de dernière minute, si dur à surmonter, comme celui que nous venons de connaître à Paris ou comme en plein milieu de campagne des élections régionales en Pays de Loire en 2010. Je pense que les innombrables communistes qui veulent maintenir fermement le cap de cette autonomie trouveront un bon point d’appui avec ce regroupement, comme c’est déjà le cas pour nous. Car évidemment il n’y a pas d’avenir pour le Front de Gauche sans ces communistes et leur parti. Ils sont nos camarades les plus dévoués au combat commun. C’est pourquoi je ne cesse de protester contre les paroles aigres et globalisantes que je lis trop souvent et jusque sur ce blog. Je le rappelle : les partisans de l’alliance avec le PS sont une minorité au PC, et c’est servir la soupe aux solfériniens que de refuser de l’admettre.

La méthode des petits pas qui anime « Ensemble » devrait donc être bénéfique pour nous tous. Plus ce regroupement parviendra à formaliser une cohérence doctrinale, pour peu qu’elle reste ouverte, mieux il sera disponible pour de nouveaux regroupements. Je veux dire par là que le Parti de Gauche est très directement intéressé. Le parti fusionné que nous voulions faire avec le parti communiste et dont il n’a pas voulu, ce qui est bien son droit, nous pouvons l’imaginer avec « Ensemble ». Bien sur, ce sera le moment venu et sous la forme que les circonstances vont dégager au fur et à mesure de l’action commune du Front de Gauche. L’important n’est pas de le faire dans l’urgence mais de ne pas se l’interdire et d’y travailler.


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