ENSEMBLE ! Pourquoi ? (par la FASE)

samedi 14 décembre 2013.
 

Pour nous, la FASE, les assises d’« Ensemble ! », Mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire sont une étape importante. Elles sont dans la continuité de notre volonté et de notre activité depuis des années, pour que se regroupent les courants et toutes les personnes qui luttent pour une transformation sociale et écologique.

Nous avons tous fait le choix d’agir dans le Front de gauche pour qu’il soit une force qui permette à tous les citoyen-ne-s, celles et ceux qui veulent changer cette société, de se regrouper. Cela suppose une construction démocratique, ouverte, qui reste en grande partie à réaliser : les adhésions, les assemblées citoyennes, les fronts thématiques, un site objet commun, des cadres de discussion…

Cela implique aussi une activité commune d’élaboration de propositions et la capacité de nous inscrire dans les mobilisations et les débats politiques. Le Front de gauche ne peut pas rester avant tout un cartel politique électoral. Son activité politique ne peut se réduire à la politique institutionnelle.

Certes, nous avons réalisé les manifestations du 30 septembre 2012 contre le Traité européen, du 5 mai pour la 6e république puis du 1er décembre pour une révolution fiscale. Nous avons tenté une campagne contre l’austérité, proposé d’élargir le camp du changement par des assises en juin. Mais nous devons sortir de la coupure entre un soutien aux luttes des autres (les syndicats, les salariés…) et nos activités propres qui restent encore trop soumises aux règles des institutions en place.

L’enjeu réel, pour le moment trop peu affirmé par le Front de gauche, est de tracer, consolider, faire élaborer et connaître une alternative. La gestion libérale et répressive de ce gouvernement permet, à la droite qui se radicalise, à la droite extrême et au Front national d’affirmer progressivement une sorte d’hégémonie : on voit le brouillage, la banalisation des propos et agressions racistes, comme les manipulations de luttes sociales par le patronat (de la Bretagne aux horaires du commerce…). Tout ce petit monde réactionnaire et autoritaire occupe largement un espace que nous avons trop laissé vide. Notre tâche est de disputer cette hégémonie par une bataille sur tous les fronts politique, idéologique et culturel.

La construction d’une réelle alternative, qui mette en mouvement des forces permettant de dépasser les blocages de la politique institutionnelle, passe par un changement des rapports entre les militants des associations et des syndicats, les plus actifs dans le mouvement social, et les forces politiques au sens plus étroit. Nous avons à lancer le débat et à faire des propositions dans ce sens.

Nous avons réalisé une première avancée : décider de construire « ENSEMBLE ! », notre mouvement.

Cependant, nous construisons ENSEMBLE ! dans une situation qui nécessite l’ouverture d’un débat entre nous : comment agir pour imposer un changement de majorité politique. Rejeter la politique libérale et répressive de ce gouvernement et de cette majorité passe par d’autres voies que l’attente des élections de 2017 ou d’une crise politique créée par la droite dans un néo-poujadisme.

Nous savons comment, en dehors des échéances électorales, les mobilisations sociales mettent le pouvoir politique en crise. Et le dernier souvenir en ce sens a été novembre-décembre 1995. Que, face à la politique « austéritaire », les divers mouvements à un moment convergent serait une très bonne chose pour changer la donne.

Dans cette perspective, nous devons d’ores et déjà préparer le terrain, construire la légitimité d’objectifs, de mesures d’urgence. Nous ne voulons pas nous réjouir de dire « Tous ensemble » pour finir comme en 1995 : un pouvoir en crise décidant une dissolution et puis « la gauche plurielle ». Demain nous pourrions avoir affaire à un « social-libéralisme repeint en front républicain antifasciste ». Car le Front national joue aussi ce rôle « d’idiot utile » pour légitimer les grands partis de gouvernement et, en particulier, le PS qui est tenté de jouer sa majorité sur cette seule peur.

Nous visons un changement de majorité qui soit porteur d’une politique alternative. Certes, il faut discuter avec toutes les composantes ou groupes qui sont critiques tout en faisant partie du PS ou d’EELV. Mais ces simples efforts de rapprochement et de discussion ne remplaceront pas la nécessité d’un vrai débat public qui s’adresse autant aux militants syndicaux et associatifs, plus largement à celles et ceux qui bougent pour un autre monde solidaire et écologique, qu’à ces courants plus ou moins critiques des partis de la majorité actuelle.

Des centaines de milliers, des millions de personnes peuvent entrer en mouvement. Elles rejettent le libéralisme et les prétendues « règles » du capitalisme mais ne savent pas par quoi et comment les remplacer.

Les mesures d’urgence, les cadres unitaires de débat, les propositions d’une révolution démocratique sont des dimensions inséparables.

Tel est le but que nous-mêmes, dans « ENSEMBLE ! », devons discuter.


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