Belgique : un spectre hante le PS « La vraie gauche est en marche, plus rien ne l’arrêtera ! »

jeudi 19 décembre 2013.
 

C’est sur ces mots de Daniel Piron que s’est achevé le meeting qui réunissait la FGTB de Charleroi, la CNE et les organisations de la gauche radicale ce samedi 27 avril. Un pas en avant important vers un rassemblement politique pour une alternative anticapitaliste à gauche du PS et d’ECOLO.

Le meeting, dont on a pu immédiatement constater le succès (près de 400 personnes présentes), s’est ouvert par le mot de bienvenue de Daniel Piron, secrétaire régional de la FGTB Charleroi Sud-Hainaut. Il a gratifié l’auditoire de la lecture des textes de soutien provenant de camarades européens, parmi lesquels le réalisateur Ken Loach, qui a lancé un appel à l’unité de la gauche au Royaume-Uni, Olivier Besancenot du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA, France), ou Pierre Laurent du Parti de la Gauche européenne.

Depuis le discours du même Daniel Piron lors du Premier Mai 2012, appelant au nom du comité permanent de la régionale FGTB Charleroi Sud-Hainaut à regrouper les forces pour créer une alternative de gauche au PS et à Ecolo, rien n’a démenti la pertinence de la démarche. Il a ainsi rappelé à titre d’anecdote l’hypocrisie du premier ministre Elio Di Rupo qui s’était fendu d’un « tweet » de solidarité avec les travailleurs d’ArcelorMittal tandis qu’il défendait au même moment les intérêts notionnels à Davos. « Nous avons choisi notre camp, déclare Daniel Piron : celui des travailleurs ! ». Des cris et applaudissements pleins d’enthousiasme ont envahi la salle lorsqu’il a terminé par un « hasta la victoria siempre ! » conquérant. Isabelle Wanschoor de la CNE Hainaut est ensuite montée à la tribune pour rappeler que la volonté syndicale derrière cette démarche n’est pas de créer un parti en tant que tel, mais d’œuvrer à avoir des relais politiques fiables et cohérents pour le monde du travail, en secouant le PS, Ecolo voire même le Cdh, et en rassemblant les partis de la vraie gauche. Face à la violence capitaliste, un front des travailleurs est en tous les cas indispensable. Ce projet encore hybride peut redonner du sens et des perspectives, car lutter chacun dans son coin ne suffira pas, a-t-elle rappelé. Contre la fatalité, « la porte du changement s’ouvre d’abord de l’intérieur ». « Un autre modèle est possible et surtout indispensable », concluait-elle en appelant à la rupture avec la pensée néolibérale.

La parole aux délégués

Des délégués de terrain, n’ayant pas spécialement l’habitude de prendre la parole devant une assemblée si imposante, ont courageusement rappelé pourquoi ils étaient présents à ce rassemblement « à gauche de la droite ». Parce qu’on ne peut plus, comme ils l’ont expliqué, considérer le PS comme un parti de gauche. « Le PS nous a trahi ! » dénonce avec colère Christiane Maigre, représentante FGTB des travailleurs sans-emplois en rappelant l’infâme chasse aux chômeurs mise en place et défendue depuis 2004 par les « socialistes », et qui vise à précariser tout le salariat. « Nous ne pouvons compter que sur nos propres forces ! », renchérit-elle. Elle dénonce l’obéissance servile du PS aux demandes du patronat, comme avec la dégressivité des allocations de chômage récemment votée, tandis que les fraudeurs fiscaux sont tranquilles et amnistiés. La salle confirme bruyamment ce constat. Mathieu, délégué CNE dans un centre d’hébergement pour handicapés, a parlé du quotidien de son lieu de travail fait de CDD, de précarité, de temps de travail dérégulé. Vincent, délégué CGSP des cheminots a quant à lui fait la liste des coupes budgétaires dans les services publics faite par le gouvernement Di Rupo, avec une mention spéciale aux luttes contre le « plan Magnette » visant à scinder la SNCB en deux, conformément aux objectifs de la Commission européenne. Ce même Paul Magnette, aujourd’hui président du PS, qui a réagi aux grèves des cheminots en disant « faites un texte », pour ensuite ignorer celui-ci et passer en force pendant le congé de décembre. « C’est le PS qui prend en otage l’offre de services ! ».

Des ateliers participatifs

L’après-midi s’est ensuite prolongée, après un petit break fait de beaucoup de discussions, dans des ateliers chargés de répondre à deux questions en une (trop) petite heure. La première concernait les terrains délaissés par les partis traditionnels. La réponse donnée par Isabelle Wanschoor en plénière fut lapidaire : tous les terrains sont aujourd’hui désinvestis par les partis au pouvoir. Mais une autocritique a aussi été faite : le mouvement ouvrier a parfois lui aussi délaissé certains terrains. Isabelle a ensuite proposé de remplacer le terme « gauche radicale » par « la gauche » tout court, et elle a appelé à sortir des logiques de chapelle dans la gauche et des stéréotypes de couleur dans les syndicats. Elle conclut en défendant la nécessité d’une éducation populaire à la politique pour que tout le monde puisse se réapproprier les débats politiques.

Daniel Piron a quant à lui exposé la synthèse des ateliers à propos de la deuxième question, brûlante s’il en est : quelles perspectives donner à cette journée unitaire ? La première mission pour les organisateurs, c’est d’élargir cette initiative, en Wallonie, à Bruxelles, et en Flandre et d’aller rencontrer les initiatives similaires en-dehors de Belgique. Mais aussi en allant vers les associations, le monde culturel et académique, et surtout en allant vers « toutes celles et ceux qui souffrent aujourd’hui ». Le comité a été chargé d’élaborer un plan d’actions, mais aussi un plan d’urgence anticapitaliste, sur base d’un programme élaboré de manière participative et de puiser dans l’actualité les sources de ses actions. Il s’agit d’ouvrir le débat largement dans le monde du travail. Last but not least, la question des élections de 2014 a aussi été débattue. Il est ressorti des discussions que cette initiative doit se manifester dans le débat des élections de 2014, « pas à travers un parti unique », mais bien à travers la présence de toutes les forces de gauche participantes au meeting, « pour faire entendre la voix des travailleurs ».

« Paul, je ne suis pas seul ! »

C’est à ce moment- là que Daniel Piron a choisi d’interpeller Paul (Magnette) : « Regarde Paul, je ne suis pas tout seul ! », en faisant signe aux participant.e.s et en mettant en avant le ralliement de la CNE au processus. Une véritable ovation s’en est suivie, la salle s’est levée pour saluer cette phrase aux cris de « tous ensemble, on lâche rien ! ». Près de 400 personnes déjà prêtes à lutter. Il a conclu en appelant à participer à la manifestation du 29 mai et à celles du Premier Mai, auquel il a invité la CNE. Une Internationale sincère a ponctué en beauté la journée.

Mauro Gasparini & Pauline Baudour


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