La sotte plaisanterie de François Hollande sur l’Algérie

lundi 30 décembre 2013.
 

A l’occasion du banquet pour le 70ème anniversaire du CRIF, François Hollande grisé par l’ambiance s’est laissé aller à plaisanter sur la sécurité publique en Algérie, notant Manuel Valls, était revenu de ce pays « sain et sauf ». « C’est déjà beaucoup », a-t-il ajouté.

Je trouve cette plaisanterie extrêmement significative d’un état d’esprit. Elle exprime une forme d’arrogance que l’ambiance de la réunion a sans doute contribué à libérer. Car nous ne perdons pas de vue que le chef de l’État s’exprimait devant une association prétendument représentative d’une communauté qui ne s’y implique que très peu.

Il participait en effet à une réception pour les 70 ans du CRIF, association qui est surtout connue pour son dîner annuel. Cet évènement mondain, haut lieu de toutes les vanités, est sans doute un des lieux les plus stupéfiants de notre pays. Les responsables gouvernementaux se bousculent pour y être invités, alors même que la laïcité de l’État devrait leur recommander exactement le contraire ! Une fois rendus sur place, ceux-ci se font admonester et tancer à propos de la bienveillance plus ou moins grande de leur gouvernement à l’égard de celui d’Israël, sujet qui, à mon avis, devrait être réservé aux dîners de l’ambassade de ce pays !

Enfin, cette association prétend délivrer, avec ses cartons d’invitation, des brevets de respectabilité. Les esprits faibles les savourent. Car, à l’inverse, elle prétend aussi stigmatiser ostensiblement ceux qu’elle déclare « ne pas inviter ». Ainsi, l’an passé, l’association avait fait sonner tambours et trompettes pour faire savoir qu’elle « n’invitait pas le Parti Communiste ».

Cette année, dans un amalgame encore plus insupportable compte tenu du contexte dégradé que nous connaissons, les mêmes ont décrété qu’ils n’invitaient pas, « le Front National naturellement pas plus que le Front de Gauche ». L’offense que contient cette assimilation autant que le communautarisme échevelé de la circonstance auraient dû conduire François Hollande à passer sa soirée ailleurs ou, au minimum, à ne pas se laisser entraîner par l’ambiance. C’est le contraire qui s’est produit, et je crois que cela fait sens.

Bien sûr, le dommage passera. L’attention ira ailleurs, par distraction autant que par nécessité. Mais ces sortes de paroles font un mal que des frivoles comme Hollande et sa cour ne mesurent pas ! Elles travaillent l’imaginaire collectif en flattant ses plus bas instincts, elles enkystent les préjugés les plus bornés, elles ont la fonction émolliente qu’ont dans leur domaine les prétendues « blagues » machistes ou racistes ! Pour trois qui rigolent, cent qui ont la nausée.


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