Le capital coûte cher à la France

lundi 20 janvier 2014.
 

Les députés PCF-Front de gauche ont déposé une proposition de résolution visant à la création d’une commission d’enquête pour étudier le coût réel du capital sur notre économie.

Les députés PCF-Front de gauche ont décidé de prendre le taureau par les cornes pour faire rendre gorge à l’idée selon laquelle «  notre pays souffrirait d’un déficit de compétitivité dû à un coût du travail trop élevé  », que, selon eux, «  les libéraux sont parvenus à imposer  ». Pour eux, les choses sont claires  : c’est faux. Le problème, ce n’est pas les salaires, mais bel et bien le coût du capital. C’est pourquoi ils proposent la création d’une commission d’enquête charger d’étudier le coût du capital en France, ainsi que «  les mesures à prendre pour le baisser massivement  ». Sujet brûlant d’actualité alors que se tenait hier une conférence de presse de François Hollande pour annoncer de nouvelles baisses des charges pour les entreprises.

Jean-Jacques Candelier, député (PCF) du Nord, dénonce le parti pris de la France et de l’Europe de s’appuyer sur l’exemple allemand. Celui-ci, en mettant l’accent sur «  la compression des coûts salariaux, la déréglementation du marché du travail, la réduction drastique des dépenses publiques, le transfert des coûts fiscaux des entreprises vers les ménages…  », a certes acquis de la compétitivité, mais au prix d’une explosion des inégalités de revenus «  la plus élevée d’Europe  », avec les trop fameux «  jobs à 1 euro  » et le recul des indemnisations de chômage.

Toujours plus pour les patrons

Pour Jean-Jacques Candelier, «  ces recettes néolibérales qu’adoptent l’Europe et les dirigeants de notre pays font courir de graves risques à notre pays  ». Il précise  : «  L’industrie française ne s’est pas dégradée du fait d’un coût du travail trop élevé  »  ; celui-ci est, par unité de production en tenant compte de la productivité, «  l’un des plus faibles de la zone euro  », mais par les ponctions des banques et des actionnaires sur les richesses créées par les entreprises. Une étude produite par l’Institut de recherche économique et sociale (Ires) pour évaluer le montant de ces revenus prélevés sur les entreprises montre, par exemple, qu’en trente ans, la rémunération des actionnaires est passée de 5 à 25 % des richesses produites par les salariés. Les économistes, à l’origine de cette étude, estiment que ce surcoût du capital correspond à un prélèvement annuel de 94 à 130 milliards d’euros. Soit, précise-t-il, «  10 % des richesses produites par ces sociétés (non financières) ou encore 60 % des investissements réalisés en 2011  ».

Alors, quand s’ajoute à cette ponction colossale du capital sur la richesse créée, le montant faramineux des aides de toutes sortes, près de 6 000 au total, accordées aux entreprises sans réelle contrepartie en matière d’emploi ou d’investissement, il y a lieu de mesurer, comme le souligne le député du PCF, «  l’échec patent des politiques de baisse des cotisations sociales patronales et les aides qui leur sont allouées  », et qui se montent, pour ces dernières, à 110 milliards d’euros par an. Dernier exemple en date de ce puits sans fond, le fameux crédit d’impôt compétitivité-emploi (Cice), qui se monte à 20 milliards d’euros par an, dont les premiers résultats témoignent de l’inefficacité en matière de création d’emploi.

Il y a donc urgence pour les députés communistes, comme le précise l’article unique de leur proposition de résolution pour créer une commission d’enquête, «  d’étudier les conséquences économiques et sociales du montant des revenus du capital financier prélevés sur les entreprises, ainsi que les mesures à prendre afin d’alléger de manière massive ces prélèvements  ».

Max Staat


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