L’oligarchie c’est maintenant

dimanche 23 février 2014.
 

Selon Jordan Belfort, le Loup de Wall Street, « l’argent n’achète pas qu’une meilleure vie (…). Ça fait aussi de vous une meilleure personne : vous pouvez généreusement donner à l’église ou au parti politique de votre choix. » Eh bien selon Hollande, l’argent vaut aussi une place aux dîners d’Etat et aux conseils stratégiques.

La présence de Gattaz au « dîner d’Etat » organisé à Washington entre François Hollande et les représentants du gouvernement états-unien jette une lumière crue sur la dérive oligarchique que nous décrivons maintenant de longue main. Ministre ou chef patronal, cela ne fait pas de différence. Les frontières entre l’intérêt public et les intérêts privés ont été lentement dissoutes. Tous représentent « la France » car aucun ne représente plus le peuple français. Ce sont des jobs différents au service d’une même cause. Le business n’est-il pas devenu la seconde carrière des principaux dirigeants démocrates, comme Schröder ou Blair ? Passe-moi le sel, je te passerai le poivre. La scène se joue désormais sans fard. Sarkozy faisait la fête dans un salon privé du Fouquet’s. Hollande descend de la tribune à San Francisco pour donner l’accolade à un porte-parole des pigeons, fuyard du fisc qui s’envola de notre pays à tire d’aile. Il fait applaudir Gattaz « à charge de revanche ». De retour à Paris, il réunit un « conseil stratégique de l’attractivité » auquel il convie une trentaine de gros patrons. Ceux-ci « pèsent à eux tous plus de 850 milliards de chiffre d’affaires » signale le Monde, répétant une précision sans doute donnée par le service de presse de l’Elysée. Tant d’argent ne saurait mentir !

Cette collusion est le legs politique du courant démocrate. Celui-ci se prétend à « équidistance entre le travail et le capital » pour reprendre la formule des démocrates italiens. C’est scier d’un coup les deux piliers de la gauche française : le marxisme qui reconnaît l’existence d’intérêts de classe et République qui veut l’intérêt général distinct des intérêts particuliers et non point d’équilibre entre eux. En prétendant arbitrer de manière neutre entre les intérêts, Hollande ne fait qu’entériner le déséquilibre qui profite aux dominants. L’oligarchie se donne en spectacle tout autant que sous Sarkozy.

Seul changement, Hollande s’affiche avec les patrons des firmes transnationales et les exilés fiscaux de la net-économie là où Sarkozy frayait plus naturellement avec ses administrés de Neuilly-sur-Seine. Face à l’oligarchie, il faut une révolution citoyenne. Ce fil est le bon. Ce que nous avons porté dans la présidentielle n’était pas une parenthèse lyrique. C’est une stratégie autant qu’un objectif. Nous ne dissocions pas les moyens et les fins. Pour briser l’oligarchie, il faut que le peuple reprenne le pouvoir.

L’élection n’est donc pas un à-côté de la lutte, une concession que nous ferions à la démocratie. Elle est le moyen par lequel le peuple se refonde et impose sa souveraineté. C’est pourquoi la question de la stratégie électorale du Front de Gauche est tout à fait centrale et ne peut être négociée au gré des intérêts de partis. A tous les niveaux, nous devons être l’instrument de la révolution citoyenne. Contre la Commission européenne qui accepte des tribunaux d’arbitrage niant la souveraineté populaire et contre les notables locaux qui font main basse sur le bien commun à grand coup de clientélisme et de marché arrangés. Face à l’oligarchie qui prétend gouverner contre le peuple, municipales et européennes forment une seule réplique.


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