Tunisie : c’est le moment d’aider !

dimanche 2 mars 2014.
 

Vendredi j’ai eu la joie d’accueillir au siège du Parti de Gauche notre camarade le député tunisien Mongi Rahoui. J’ai déjà parlé de lui sur ce blog après notre rencontre à Paris avec le leader du Front populaire Hamma Hammami en janvier. J’avais déjà rencontré Mongi deux fois. A Tunis, en septembre, où il dormait avec un gilet pare-balle sur la place du Bardo occupée. Et en novembre, quand j’ai accueilli au Parlement européen une délégation de l’opposition tunisienne. Figure parlementaire du Front Populaire, Mongi a joué un rôle de premier plan dans la résistance des députés d’opposition après l’assassinat de Mohamed Brahmi. C’est cette résistance obstinée d’élus militants qui, combinée à de puissants mouvements populaires, a permis de sortir la rédaction de la constitution tunisienne de l’ornière islamiste où elle s’enfonçait. J’ai déjà raconté ici que c’est à Mongi que nous devons l’avancée décisive opérée par la constitution tunisienne en matière de liberté de conscience et d’interdiction des appels à la violence au nom de la religion. Mongi a dédicacé au Parti de Gauche un exemplaire en français de la nouvelle constitution tunisienne. Il est à la fois fier d’avoir contribué à empêcher la confiscation religieuse de la constitution et en même temps lucide sur les difficultés d’interprétation du texte de compromis adopté. A peine la constitution adoptée en Tunisie, Mongi a entamé une tournée en France. Partout, les camarades du Parti de Gauche se sont mobilisés pour contribuer au succès de ses passages : une réunion de 200 personnes dans le local de campagne de notre camarade Marie Batoux à Marseille, une réunion avec notre camarade Elisa Martin à Grenoble et une participation active du PG à la réunion de Mongi à Paris.

Comme celle d’Hamma Hammami en janvier, cette visite d’ampleur en France traduit un double objectif. D’abord, cultiver l’ancrage méditerranéen et francophone de la Tunisie là où les islamistes voudraient la tirer vers le Golfe persique qui les finance. Ensuite, impulser la structuration militante du Front populaire en France où résident 625 000 Tunisiens. Cette population est un grand enjeu politique pour les prochaines élections qui se tiendront d’ici la fin de l’année 2014. Les Tunisiens de France, qui sont aussi souvent des binationaux Français, représentent 400 000 électeurs inscrits dans 144 bureaux de vote. Ils élisent 10 députés. Mais seulement 30 % d’entre eux se sont déplacés pour les élections de 2011, contre plus de 50 % en Tunisie. Et les islamistes y ont dépassé les 30 %, avec un pic à 44 % en Seine-Saint-Denis. Si la percée des islamistes doit être respectée comme expression de la libre volonté des électeurs, il n’y a pourtant aucune raison de s’y résigner. Car cette percée des islamistes s’explique très largement par l’absence d’organisations et de moyens des partis laïques lors de la dernière élection. Et aussi par leur inexpérience totale à la sortie de la clandestinité dans ce domaine si particulier des campagnes électorales et de l’agitation publique. Pendant ce temps, les islamistes s’appuyaient sur les réseaux des mosquées, l’argent du Qatar et l’expérience du quadrillage social des Frères musulmans. Pouvons-nous cette fois-ci faire la différence ? C’est possible. Nous avons pour nous, dorénavant, la bonne identification du Front populaire, ses réunions régulières, notamment en Île-de-France, et sa structuration militante. Cela devrait changer la donne. J’appelle tous ceux qui me lisent à faire ce qui est en leur pouvoir pour aider matériellement nos amis à organiser et tenir leurs réunions, faciliter leur déplacements, assister bénévolement leurs efforts.

D’ores et déjà, nous avons la joie d’accueillir dans nos campagnes municipales et européennes des militants de plusieurs partis du Front populaire. A Paris, Paul Vannier et Ramzi Kebaili travaillent à préparer un évènement départemental commun du Front Populaire et du Front de Gauche. Nos militants feront de même à leur tour dans les campagnes tunisiennes de l’automne, comme ils l’ont fait lors de précédentes missions d’études et de solidarité. La dernière, effectuée pendant les vacances de fin d’année, a conduit mon directeur de cabinet et un groupe de jeunes camarades de notre parti à partir à la rencontre Manifestation contre la privatisation du raildes militants de la Tunisie révolutionnaire de l’intérieur. Notamment à Sidi-Bouzid, Siliana et dans le bassin minier de Gafsa.

Aucun autre parti n’avait jamais fait cela avant nous. A partir de ces échanges et du travail de notre commission Maghreb-Machrek sous la houlette d’Alain Billon, nous développons une coopération pérenne dans le domaine clef de la formation militante. Si je donne ce luxe de détails, c’est que je veux faire sentir qu’il s’agit d’une bataille concrète à laquelle nous pouvons pleinement participer. Bien sûr, il faut le faire à notre place, sans vouloir se substituer. Nous avons pour tâche d’être les petites mains de nos camarades. Nous devons les soulager de toutes les façons possibles du poids de la gestion matérielle ordinaire de leurs activités politiques. N’oublions pas non plus qu’en travaillant à la défaite démocratique de l’extrême droite en Tunisie, nous travaillons aussi à la libération de notre propre société, qu’elle travaille aussi sous le masque du communautarisme religieux. Lequel conforte à son tour les prétentions communautaristes de l’extrême droite ethniciste « française ». Dans la bataille politique que mène le Front populaire pour exister comme alternative politique, nous croisons les enfumeurs habituels. C’est-à-dire le parti solférinien qui soutient la coalition gouvernementale avec les islamistes. François Hollande ne vient-il pas de remercier le parti islamiste pour sa participation à la rédaction de la Constitution ? Bref : il s’agit de faire vivre concrètement notre solidarité humaine et civique au moment où elle est nécessaire. Il s’agit de faire vivre concrètement la société commune que nous formons avec les Tunisiens, et plus largement les Maghrébins, par-dessus la Méditerranée.


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