Adresse du PG au conseil fédéral d’EELV

mardi 8 avril 2014.
 

La décision de votre exécutif de sortir du gouvernement est pour nous un acte de première importance.

En effet, les élections municipales des 23 et 30 mars 2014 ont été marquées par une sanction d’ampleur contre les listes gouvernementales conduites par le PS et la perte de nombreuses mairies à gauche, avec ses conséquences sur les pertes des conseils d’intercommunalités et celle prévisible à venir du Sénat. Ces élections municipales ont confirmé les enseignements de ces derniers mois. En mettant ses pas dans la politique d’austérité de Nicolas Sarkozy, François Hollande a profondément désorienté le « peuple de gauche ». En reculant face aux manifestations de la réaction tant sur l’écotaxe que la loi famille ou le droit de vote des résidents étrangers aux élections locales, il a renforcé la droite. Le gouvernement sortant s’est aussi entêté sur le projet d’aéroport de Notre-­Dame-­des‐Landes et a montré des signes de tergiversations tant sur la sortie du nucléaire (par exemple avec le report de la fermeture de Fessenheim) que sur le refus des gaz et huiles de schiste. Battu dans les urnes par la droite et alors que l’extrême‐droite progresse, , il a pour seule réponse de nommer Manuel Valls à Matignon. Or on ne peut ignorer le profil de Manuel Valls : social libéral assumé depuis des années en matière économique et sociale, il se double d’une pratique autoritaire et sécuritaire du pouvoir. Nous n’oublierons pas ses propos et ses mesures sur l’immigration et les Roms, là aussi dans le droit fil de son prédécesseur au Ministère de l’intérieur, M. Guéant. Nous n’avions pas voté pour la politique conduite par M. Ayrault, nous avons encore moins voté pour celle, sans aucun doute pire, que nous prépare M. Valls à Matignon sur décision de François Hollande.

Comme nous, vous avez présenté un projet autonome à l’élection présidentielle. Comme nous, vous avez appelé à battre Nicolas Sarkozy et nous faisons dès lors partie des ayant droits de la victoire de François Hollande. Puis nous avons fait un choix différent : vous à l’intérieur du gouvernement et de la majorité présidentielle, dans l’espoir d’y peser, nous à l’extérieur dans la volonté de construire une alternative. Aujourd’hui nous convergeons dans l’idée qu’il n’est pas possible de peser à l’intérieur de ce gouvernement. La question qui est posée à nos deux formations politiques est donc la même : comment être utiles ? Comment peser sur le cours des événements ? Comment construire les rapports de forces, les alliances, qui permettront à nos idées d’accéder pour de bon au pouvoir ? Nous n’avons pas l’intention de rester spectateurs, surtout que nous savons vous et nous que la catastrophe écologique qui s’avance appelle un changement radical de nos modes de production, de consommation et d’échange.

Chacun de notre côté nous nous sommes opposés à la politique de l’offre avancée par le président Hollande. Cette politique a un double défaut. En premier lieu elle est productiviste et consumériste puisqu’elle ne part pas des besoins de la population mais de ce que l’on veut lui faire acheter quelle qu’en soit l’utilité et le coût environnemental. Ensuite, alors que nous savons que la question centrale est l’accaparement toujours plus grand des richesses du pays par un capital improductif, au lieu de lutter contre l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, elle fait reposer la responsabilité de la crise sur le travail. C’est une inversion fondamentale des valeurs de gauche. Enfin au nom de cette politique, en baissant les cotisations sociales et en imposant une purge aux dépenses publiques, le gouvernement détruit progressivement la protection sociale et les mécanismes de solidarité sur lesquelles reposaient la République depuis la Libération et le programme du Conseil national de la Résistance et réduit les investissements publics nécessaires à la reconversion écologique du pays. Ce faisant, c’est l’intérêt général et ce qui reste du « bien vivre » solidaire qu’il saccage.

C’est ce constat et cette critique commune de la politique menée par François Hollande, qui nous a amenés à conduire près de 100 listes ensemble aux municipales. Elles ont fait la preuve de leur efficacité avec une moyenne de 15,80 % sur le plan national. Surtout, en « prenant » la mairie de Grenoble grâce, pour reprendre l’expression d’Eric Piolle, à une « vague verte, rouge et citoyenne », nous venons de démontrer qu’unis nous pouvons concrètement être majoritaires à gauche, éviter l’arrivée de la droite pour le cas de Grenoble, et proposer une autre politique à nos concitoyens. Aujourd’hui nous vous le disons clairement : voilà l’exemple que nous vous proposons de suivre pour l’année à venir. C’est aussi ce que nous proposerons à l’ensemble de nos partenaires du Front de Gauche car il s’agit pour nous d’additionner les forces de gauche qui refusent l’austérité et le productivisme et non de les soustraire. Il s’agit d’une proposition d’autant plus sérieuse qu’elle seule peut nous permettre d’éviter le retour de la droite au pouvoir voire le danger de l’extrême droite. Car de recul en recul, c’est à cela que conduit la politique de François Hollande.

Votre départ du gouvernement rend donc possible un autre scénario. Nous souhaitons construire une convergence entre EELV et le Front de Gauche. Sur ce socle, nul doute que nous pourrons élargir rapidement à d’autres forces ou composantes, notamment aux socialistes critiques. C’est nécessaire, c’est crédible et c’est utile. D’autant plus qu’une telle démarche ne reposerait pas seulement sur notre positionnement vis à vis du gouvernement mais sur des points essentiels que nous pensons partager : le partage des richesses, la relance de l’activité (et non de la croissance du PIB) par l’écologie, et la 6 ème République pour sortir du présidentialisme monarchique. Entre l’écologie politique que vous défendez et l’écosocialisme sur lequel nous proposons de refonder programmatiquement la gauche, nous avons matière à avancer plus encore ensemble. Nous ajoutons pour notre part la désobéissance à l’actuelle Union Européenne pour refonder une autre Europe. Nous connaissons nos importantes différences sur cette dernière question, mais cela ne doit pas nous empêcher d’en discuter ensemble et d’envisager un rapprochement entre le FDG et EELV, notamment à partir de notre refus commun du GMT. Sur d’autres questions, il est possible que nous nous rejoignions immédiatement.

Vous avez à plusieurs reprises exprimé votre désaccord avec le pacte de responsabilité, or le remaniement a pour objectif de l’appliquer grâce à « un gouvernement de combat ». Demain vous vous prononcerez peut-­‐être en cohérence contre la confiance à un gouvernement qui a pour objectif central l’accentuation de la baisse des dépenses publiques et la poursuite des aides indifférenciées aux entreprises sans critères sociaux ni environnementaux et sans contreparties. La majorité des confédérations syndicales sont d’ailleurs en désaccord.

Le 12 avril nous serons dans la rue à Paris pour dire « Maintenant ça suffit ! Contre l’austérité, pour l’égalité et le partage des richesses ».Nous vous invitons à y participer, ajoutant ainsi vos mots d’ordre et vos couleurs à l’appel unitaire de 200 personnalités dont de nombreux responsables syndicaux, associatifs, politiques… (marche12avril.org). Un collectif du « ras‐le‐bol antiproductiviste » appelle déjà à rejoindre la marche du 12 avril.

Les élections départementales et régionales de 2015 représentent une formidable occasion d’avancer conjointement. Le scrutin à la proportionnelle, dont comme vous nous réclamons la généralisation et qui est en vigueur aux régionales, nous en donne notamment l’occasion. Nous sommes dès lors prêts à proposer à nos partenaires du Front de Gauche d’entrer en discussion sur ce qui pourrait constituer un programme commun pour les Régionales de 2015. Les rapprochements fréquents entre nos groupes et nos militants dans les régions contre les grands projets inutiles imposés quant à l’aménagement du territoire, sur la planification écologique, les transports, le refus de partenariats publics/privés, les relocalisations et circuits courts de l’industrie ou de l’agriculture paysanne au sein des AMAP, ou sur le refus du Grand Marché Transatlantique (GMT) en démontrent la possibilité. Comme à Grenoble, nous serions alors en capacité de placer nos listes en tête de la gauche et de diriger des régions..

Cela fait beaucoup de choses que nous pourrions faire ensemble ! Pour en discuter concrètement, nous vous proposons une rencontre rapide entre nos deux organisations. Si nous faisons preuve d’audace et de volontarisme, nous sommes certains que nous pouvons ouvrir ensemble une autre voie pour la gauche et le pays, une voie écologique et sociale.


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